"Divorce à l'anglaise" de Margaret Kennedy : une savoureuse comédie sociale et une fine analyse de l’âme humaine<!-- --> | Atlantico.fr
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"Divorce à l'anglaise" de Margaret Kennedy est à découvrir aux éditions Quai Voltaire.
"Divorce à l'anglaise" de Margaret Kennedy est à découvrir aux éditions Quai Voltaire.
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Le livre "Divorce à l'anglaise" de Margaret Kennedy est publié aux éditions Quai Voltaire.

Elisabeth Autet pour Culture-Tops

Elisabeth Autet pour Culture-Tops

Elisabeth Autet est chroniqueuse pour Culture-Tops. Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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DIVORCE À L’ANGLAISE

De Margaret Kennedy

Quai Voltaire

Parution en avril 2023

394 pages

24 €

Notre recommandation : 3/5

THÈME

Tout commence par une lettre. Août 1936, Betsy Canning, 37 ans, écrit à sa mère pour lui annoncer son divorce. Betsy constate que, malgré sa richesse, sa maison à Londres, celle des vacances au Pays de Galles, ses trois enfants superbes, le bonheur lui échappe. Elle en conclut que le problème vient de son mari : Alec, auteur d’opérettes à succès, qui la trompe assez régulièrement. Mais elle est surtout convaincue de n’avoir vécu que pour les autres, et elle recherche donc son propre épanouissement.

Hélas, la nouvelle va vite faire le tour de l’entourage et tout va se précipiter pour le pire plus que pour le meilleur. Afin de sauver les apparences et le mariage, tout l’entourage -mères, belles-mères, enfants, voisins et amis- ne parvient qu’à déchirer davantage le couple. Un véritable engrenage va broyer le couple.

POINTS FORTS

Une mécanique telle que les personnages sont précipités rapidement dans une histoire qui leur échappe.

Une belle galerie de personnages :

- Betsy , irréfléchie, qui espère mieux sans se douter que ce pourrait être pire !

- Alec, paresseux, qui se laisse déborder ; il ne met pas en valeur sa femme : il en est  amoureux mais la trompe.

- Les trois enfants : Daphné, Eliza et Kenneth analysés selon leurs rapports affectifs, fils/mère, filles/père ! Belle analyse de leurs vies perturbées car ils sont mis devant un choix crucial pouvant affecter leurs relations fraternelles.

Joy, la jeune « nounou » pendant les vacances ; elle est naïve, mais à l’origine de la séparation, elle en sera ensuite victime.

Une belle psychologie des personnages principaux, mais aussi les personnages secondaires avec les amis, la société environnante. Tout cela entraîne des rebondissements parfois imprévisibles.

QUELQUES RÉSERVES

Peut-être pouvons-nous trouver cette histoire un peu désuète. Elle se passe en 1936 dans une société bien différente de celle actuelle. Quelques longueurs sont à noter aussi.

ENCORE UN MOT...

Bien que l’histoire puisse être triste, car elle relate la désintégration d’un couple, Divorce à l’Anglaise est une savoureuse comédie de mœurs avec ses quiproquos dans un style proche du théâtre; nous y sommes dans les premiers chapitres : couple, mères, belles-mères, enfants, prétendants, amis et voisins…

Tout en maniant l’ironie, Margaret Kennedy analyse avec finesse et profondeur l’âme humaine : Betsy, Alec, les trois adolescents, les belles-mères prêtes à tout pour maintenir une certaine situation et couper court aux rumeurs. Tous, y compris les amis, sont des concentrés de caractères que nous suivons grâce à l’alternance des points de vue.

Les dialogues sont savoureux, drôles, et les échanges épistolaires fréquents. Plus triste que Festin, le livre précédent de Margaret Kennedy, Divorce à l’anglaise est un roman caustique et moins léger qu’il n’y paraît par son analyse profonde et ironique de la société anglaise de l’époque.

Une question : bien que Betsy aspire à un changement et qu'Alec soit parfois inconséquent, le divorce est-il la clé du bonheur ?

UNE PHRASE

« Je sais que tu vas trouver cela épouvantable, d’autant que j’ai fait mon possible – à tort peut-être - pour jeter un voile pudique sur l’absence de bonheur de nos dernières années. Je ne souhaitais pas, tu le comprends, que d’autres puissent s’en douter, tant qu’il restait un espoir. Mais la vérité, c’est que nous avons tous les deux été affreusement malheureux. Le constat est clair : nous ne sommes pas faits l’un pour l’autre. Nous ne pouvons plus rester ensemble. » p. 14

L'AUTEUR

 Margaret Kennedy (1896-1967) a étudié, à Londres, l’Histoire. Elle a écrit une quinzaine de romans, des critiques littéraires et une biographie de Jane Austen.  Divorce à l’Anglaise est son deuxième roman traduit en français après Le Festin en 2022.

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