Derrière le drame de Port-Royal, la grande anarchie générée par la non sectorisation de la prise en charge des grossesses <!-- --> | Atlantico.fr
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Un problème structurel des maternités en France a été dénoncé par le syndicat des gynécologues.
Un problème structurel des maternités en France a été dénoncé par le syndicat des gynécologues.
©Reuters

Repensons les maternités !

Après l'ouverture d'une enquête sur la mort d'un bébé in utero vendredi dernier à la maternité de Port-Royal à Paris, pourtant très réputée, le syndicat des gynécologues dénonce un problème structurel des maternités en France. Décryptage de la grande anarchie de la prise en charge des grossesses.

Olivier Kadoch

Olivier Kadoch

Olivier Kadoch est Chirurgien Gynécologue-Obstétricien,  Chef de Clinique des Hôpitaux de Paris. Il exerce actuellement à Paris. 

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Atlantico : Peut-on penser qu’il y a eu des dysfonctionnements à l’origine de la mort in-utéro du foetus à la maternité de Port-Royal vendredi dernier ? 

Olivier Kadoch : Non, quelque soit la maternité, la patiente aurait été prise en charge de la même manière. Apparemment, il n’y a pas de faute retenue contre l’hôpital. En réalité, ce sont des pathologies imprévisibles ; que la patiente soit restée ou non à l’hôpital, et que la maternité soit de niveau I ou III, vu le terme, la finalité aurait été la même. La mort foetale in-utéro, est un cas très rare, et souvent dans ces cas-là, il n’y a aucune pathologie, il est imprévisible. Ce n’est que dans seulement 20 à 30 % des cas qu’on peut retrouver une cause. C’est un phénomène rare, qu’il est difficile d’assumer sur le plan symbolique, à la fois pour le couple et pour les équipes soignantes. Il faut rechercher des responsabilités, mais ces pathologies sont imparables. Finalement, il est très difficile d’améliorer la prise en charge des femmes sur ce point-là. La grandeur des maternités est aussi d’accueillir au mieux ce type de patientes, mais je ne pense pas que ce soit un problème de surcharge dans ce cas précis. Cet accident aurait pu arriver n’importe où. 

A quoi est dû l’engorgement de certaines maternités ?

On peut l’expliquer notamment par la fermeture de nombreuses maternités, dont beaucoup de maternités de niveau I (accouchements à bas risques). Dans l’est parisien, en moins d’une dizaine d’années, il y a eu plusieurs fermetures importantes :  la maternité de l’hôpital Rothschild et celle de Saint-Antoine, ainsi que la Clinique du Bien-être et la Clinique Léonard de Vinci. Cela fait donc presque 8000 accouchements qui ont été répartis sur d’autres maternités, ce qui entraîne donc une inflation des demandes sur les maternités récentes. 

Les femmes enceintes peuvent aujourd’hui s’inscrire dans n’importe quelle maternité du territoire, et surtout sur plusieurs maternités à la fois. Faudrait-il revoir le principe de non-sectorisation ?

L’idéal serait d’avoir une sectorisation, mais là on toucherait à la liberté de soins. On pourrait cependant envisager une sectorisation en cas de problème sanitaire, qui centraliserait l’ensemble des données des patientes. Il faudrait faire un mix des deux, avec une cellule de transfert in-utéro. A Paris, il en existe une qui permet de trouver un hôpital qui prend en charge la femme enceinte selon sa pathologie. On pourrait ainsi avoir une meilleure administration des lieux et des accouchements, et permettrait à tous les hôpitaux de s’adapter. Finalement, c’est à l’ A.R.S (Agence Régionale de Santé) d’organiser la répartition des accouchements et les inscriptions.

Plus globalement, comment pourrait-on encore améliorer la prise en charge des grossesses en France ? 

Il y a des problèmes organisationnels, finalement il faut identifier au début ou au milieu de la grossesse les pathologies des patientes à risque : en fait, on pourrait améliorer la prise en charge par une meilleure sélection des patientes. C’est à la fois au médecin et à la sage-femme de sélectionner au mieux les patientes à risque pour pouvoir les faire accoucher dans le meilleur environnement possible, je crois que sur ce point, il reste des efforts à faire. Les maternités sont quelquefois inhumaines et le patient se sent un peu comme un numéro, c’est pour cela qu’il faut revaloriser les maternités de niveau I et II afin de permettre une meilleure répartition et donc une meilleure prise en charge des patientes.

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