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Déficit commercial encore catastrophique en janvier : le commerce extérieur de la France ne survit que grâce aux ventes de sacs Vuitton, aux avions Dassault et à la tour Eiffel
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Atlantico Business

Les Français achètent une part de plus en plus importante de ce qu’ils consomment à l’étranger. On ne vend plus rien. Ça ne peut pas durer très longtemps.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les chiffres catastrophiques du commerce extérieur de la France traduisent l’effondrement de la compétitivité de notre appareil industriel. Nous sommes désormais incapables de conserver nos places sur les marchés étrangers.

Les produits France ne se vendent plus. Et ça n’est pas seulement une question de prix. Et ça n'est pas de la faute des autres. C’est imputable à notre écosystème. Nous ne vendons plus à l’étranger, parce que nous n'avons pas d’offre compétitive.

Le problème est que nous continuons de consommer et c’est bien. Mais pour consommer nous devons achetons à l’étranger. Comme on ne vend rien, on s’endette. La boucle est bouclée.

Nous avons perdu notre indépendance, pas parce que nous n’avons plus de pouvoir monétaire, ou parce que nous appartenons à l’Union européenne. Nous avons perdu notre indépendance parce que nous sommes à la merci de nos fournisseurs étrangers et de nos banquiers, qui sont aux deux tiers alimentés par de l’épargne étrangère.

Quand on regarde le détail de notre commerce extérieur, on s‘aperçoit que la maison France ne marche que sur trois moteurs. Les exportations ne reposent plus que sur trois secteurs. Le secteur du luxe avec en tête le groupe LVMH et ses sacs Vuitton, merci monsieur Arnaud. Le secteur de l’armement et de l’aéronautique, merci Dassault, merci Airbus. Et le tourisme, merci la tour Eiffel.

Quand un des secteurs rencontre une difficulté, tout s’arrête. Quand l’aéronautique traverse un trou d’air comme c’est le cas actuellement, quand le tourisme prend un coup de froid pour cause de terrorisme, ou quand le luxe s’essouffle pour cause de croissance molle en Asie, c’est la catastrophe.

Quand on regarde  les chiffres des douanes pour janvier, on constate que le déficit commercial de la France s'est encore très fortement creusé en janvier, pour atteindre un niveau "jamais atteint" de 7,9 milliards d'euros. "Cette aggravation très forte serait due en partie au niveau extrêmement bas des ventes d'Airbus" et à l'"importation inhabituelle à cette date de certains produits pharmaceutiques".

Les exportations ont reculé en janvier de 7,7% après une hausse de 4% en décembre 2016, tandis que les importations ont continué de progresser, augmentant de 2,9% après la hausse de 1% en décembre, détaillent les douanes.

Au cours des douze derniers mois, le déficit cumulé a atteint 53,1 milliards contre 47,9 milliards pour la même période un an auparavant.

Tout est dit. Le problème c’est que la maison France ne peut pas vivre en permanence à la merci de son aéronautique ou de sa pharmacie.

Nous avons globalement un problème de prix et un problème d’offre. La question de l’offre est beaucoup plus importante que le problème de prix. D’ailleurs la mécanique du commerce extérieur voudrait que nous élevions en gamme les productions. C’est vrai dans tous les secteurs.

Les champions du commerce extérieur que sont les Allemands réalisent leur performance sur les hauts de gamme. L ‘automobile allemande ne se vend pas dans le monde entier parce qu‘elle est moins chère. Elle se vend parce qu’elle est considérée comme de grande qualité. Le meuble italien se vend parce qu‘il est mieux designé et du coup il est plus cher.Idem pour la confection et la couture. Idem pour le luxe où l’Italie talonne la France.

En contrepartie, la France a un niveau de consommation élevé ce qui évidemment booste les importations. Nous importons du pétrole et du gaz, mais nous importons aussi beaucoup de produits de consommation et d’équipement. Et pas seulement des produits pas chers « made in China ».

Le comble dans cette affaire est que les candidats à la présidentielle ne semblent pas avoir conscience de ce problème.Ils continuent de prôner des relances ou des soutiens de la demande (Mélenchon, Hamon, Le Pen) tout en encourageant les mesures protectionnistes. Le résultat d’une politique aussi contradictoire ne peut qu’accoucher des hausses de prix à la consommation.

Les programmes de Macron et de Fillon s appuient sur le même diagnostic et dénoncent ce déficit d’offre. Cela dit, il n’est pas sur qu’au stade actuel de la campagne, ils prônent une politique assez forte de soutien à l’offre de production.

Le plus vexant dans le modèle français, c’est que les producteurs, innovateurs qui sont capables de délivrer des produits originaux à haute valeur ajoutée, ont quand même tendance à s’expatrier. Les riches sont partis. Les malins qui ne sont pourtant pas très riches ont eux aussi tendance à partir parce qu’ils sentent bien qu’on ne les aime guère. Du moins pour l’instant.

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