Décivilisation de la société : que savons-nous vraiment des causes de la violence ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Des policiers gardent un périmètre de sécurité alors que les pompiers sont intervenus à l'extérieur d'un immeuble de sept étages où 10 personnes ont été tuées lors d'un incendie à Vaulx-en-Velin.
Des policiers gardent un périmètre de sécurité alors que les pompiers sont intervenus à l'extérieur d'un immeuble de sept étages où 10 personnes ont été tuées lors d'un incendie à Vaulx-en-Velin.
©OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP

Climat de violence

Face à la multiplication de faits divers tragiques, Emmanuel Macron s’est alarmé en conseil des ministres du climat de violence en France tout en demandant au gouvernement de se montrer intraitable face à « des violences jamais justifiables ».

Jean Doridot

Jean Doridot

Le Dr Jean Doridot  est psychologue, spécialiste des addictions.

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Michel Maffesoli

Michel Maffesoli

Michel Maffesoli est membre de l’Institut universitaire de France, Professeur Émérite à la Sorbonne. Il a  publié en janvier 2023 deux livres intitulés "Le temps des peurs" et "Logique de l'assentiment" (Editions du Cerf). Il est également l'auteur de livres encore "Écosophie" (Ed du Cerf, 2017), "Êtres postmoderne" ( Ed du Cerf 2018), "La nostalgie du sacré" ( Ed du Cerf, 2020).

 

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Atlantico : Face à la multiplication de faits divers tragiques, Emmanuel Macron s’est alarmé en conseil des ministres du climat de violence en France et s’est inquiété d’une “décivilisation de la société”. Mais d’où vient la violence que nous observons ?

Jean Doridot : En tant que psychologue, permettez-moi de rappeler que sur le long terme, la violence ne fait que diminuer sur terre. C'est un point de vue soutenu par un psychologue renommé, Steven Pinker, qui enseigne à Harvard et a écrit à ce sujet. Steven Pinker démontre que la diminution de la violence dans le monde est un phénomène massif. Si l'on observe l’évolution, depuis l’Homo sapiens de la préhistoire, jusqu'à aujourd'hui, la violence ne fait que décroître. Les données chiffrées l’attestent. Tout cela repose sur des faits solides. Même le nombre d’homicides, lorsque vous l’examinez attentivement, est en baisse constante. Ce fait est souvent perçu comme surprenant.

Pourquoi cela nous surprend-il ? Parce que notre cerveau est soumis à des biais cognitifs, ce qui signifie que notre perception de la réalité est déformée. En réalité, notre cerveau filtre les informations à travers ces biais cognitifs, notamment un biais appelé le biais de récence en mémoire. Cela suffit à provoquer une réaction étonnée lorsqu'il y a quelques faits divers tragiques qui s’accumulent comme actuellement. Le cerveau confond la facilité à se remémorer ces faits, avec leur nombre.  Si vous prenez du recul et observez la situation dans son ensemble, sur une année, comme le confirment les experts et les criminologues, la violence est globalement stable. Il n'y a pas d'explosion de ces incidents divers, ce qui prouve que, dans l'ensemble, le mouvement général fait que les sociétés deviennent de moins en moins violentes au fil des siècles.

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Bien sûr cela ne justifie en aucun cas la violence. Sur la décivilisation et la société, je ne suis pas historien, je suis psychologue. Cependant, je pense quand même que les civilisations sont construites en partie sur la violence. Même les civilisations les plus avancées sont souvent touchées par des conflits. Prenons l'exemple de Marcel Proust, la société qu’il décrit, celle du début du 20e siècle est très civilisée. Et pourtant, il y a eu la Première Guerre mondiale, une véritable boucherie.

En fin de compte, j’aurais tendance à dire que ce n’est pas que la société devient plus violente, mais que nous devenons collectivement de plus en plus intolérants à la violence. Tant et si bien que pour certains individus, tuer les bêtes pour les manger devient inacceptable.

Michel Maffesoli : La coïncidence de deux faits divers dramatiques le même jour, touchant une infirmière dans le cadre de l’hôpital et des policiers dans l’exercice de leur fonction a un impact émotionnel certain. En tirer des conclusions générales sur l’augmentation de la violence ne relève pas d’une analyse rationnelle, mais participe de ce climat émotionnel. Il apparaîtrait que les crimes et tentatives de crimes ne connaissent pas une augmentation au 21e siècle, mais il est sûr que leur impact émotionnel est de plus en plus fort.

Ce qui est appelé « climat de violence » n’est donc pas tant l’addition de faits de violence que leur mise en perspective, leur retentissement médiatique et politique. En ce sens je dirais non pas qu’il y a « décivilisation », je ne comprends d’ailleurs pas vraiment ce que signifie ce mot, mais que nous sommes dans une époque à fort retentissement émotionnel des actes et comportements violents.

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Que savons nous, par des études sociologiques, criminologiques, anthropologiques des causes de la violence dans nos sociétés ?

Jean Doridot : D'un point de vue issu de la psychologie sociale, il est vrai que la violence est intrinsèque à notre nature anthropologique. En tant que mammifères sociaux organisés, nous ne sommes pas si différents des grands singes. Lorsqu'on les met en présence les uns des autres, les plus forts se battent entre eux, pour établir une hiérarchie. Chez les humains, c'est pareil. Lorsque vous réunissez 100 personnes, tout le monde n’aspire pas à être dominant. Quelques individus seulement, de type Alpha, cherchent à prendre le pouvoir sur les autres. Il faut noter que leur pourcentage est relativement faible. Par conséquent, lorsqu'on construit un groupe de 100 personnes, que ce soit dans une école d'ingénieur ou une école de commerce, tout le monde ne se présente pas comme un candidat à la domination, en se présentant au BDE (Bureau Des Élèves) par exemple. En réalité, le pouvoir ne suscite pas trop de conflits directs entre eux, mais ils se battent entre eux de manière symbolique ou par des moyens non physiques. Ensuite, il est important de souligner que les émotions jouent un rôle essentiel dans l'agressivité et la violence, notamment la peur ou la colère. Lorsqu'un animal ressent la peur, il peut devenir agressif. Quelqu'un qui a faim ? Il vous saute à la gorge. La violence est naturelle, déclenchée par certaines émotions. Walter Bradford Cannon a théorisé la logique réponse combat-fuite (fight, freeze, flight) chez les animaux, c’est la même chose chez l’être humain.

Ensuite, il y a les phénomènes de groupe. Une foule, comme l’a théorisé Gustave Lebon, est purement émotionnelle. Individuellement, nous intégrons un certain nombre de normes sociales, que nous respectons. Mais dans une foule, nous pouvons tous être susceptible d’enfreindre ces normes sociales, et commettre des actes violants. Y compris si l’on n’y est pas du tout prédisposé ou qu’on ne l’a jamais fait auparavant. Il y a une forme d’ivresse, de contagion émotionnelle.

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Michel Maffesoli : La violence est une structure anthropologique de toute société. L’espèce humaine comme toute espèce animale se caractérise par la coexistence de comportements violents et de comportements solidaires, généreux.

L’homme est l’objet de pulsions violentes qui peuvent s’exprimer individuellement ou collectivement. Ces pulsions violentes sont maîtrisées, régulées de différentes manières selon les époques et les civilisations. Les Grecs pratiquaient la guerre et les jeux, et une société est civilisée non pas parce qu’elle ne serait pas violente, qu’elle dénierait la violence, mais parce qu’elle sait la ritualiser. En quelque sorte l’exprimer sans qu’elle ait de conséquences trop sanglantes. Au risque de choquer, je dirais que les incendies rituels de voitures ou autres violences contre les biens sont un moyen d’exprimer la violence de manière homéopathique, sans conséquences sanglantes. Il faudrait sans doute réfléchir aux façons de réintroduire des jeux de rôles, des jeux collectifs, des affrontements ritualisés qui permettraient l’expression d’une violence « sans conséquences meurtrières ».

En ce sens il n’y a pas de causes de la violence, celle-ci est inhérente à la vie en société, mais en revanche on peut tenter d’en maîtriser les expressions.

La distinction entre violence passionnelle, instrumentale et identitaire est-elle toujours opérante pour expliquer d’où vient la violence ?

Jean Doridot : La violence, par définition, est irrationnelle. Une personne rationnelle ne souhaite pas recourir à la violence, même si elle peut théoriser rationnellement à son sujet. Passer à l'acte violent reste un comportement irrationnel. Cependant, les discours idéologiques, notamment ceux qui suscitent des émotions violentes, peuvent rendre une personne violente. Il est évident que l'idéologie peut engendrer la violence. Quittez la psychologie momentanément, faites un détour par la littérature. Soljenitsyne le montre admirablement dans "L'Archipel du Goulag". Pour qu'un individu devienne réellement violent, voire barbare, il doit être convaincu d'agir pour le bien. Psychologiquement , à l'exception de quelques psychopathes sadiques qui prennent plaisir à faire le mal pour le mal, il faut que l'individu ait la conviction de faire le bien pour devenir quelqu'un violent.

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Michel Maffesoli : Le comportement violent est une manière de traiter la relation à l’autre comme ennemi. La violence ne s’explique pas par l’existence d’une relation d’inimitié, elle est un mode d’expression de cette inimitié. Inimitié dont la cause est à rechercher dans les sentiments, dans la volonté de pouvoir, dans la volonté d’affirmation du groupe. La volonté de s’affirmer au détriment de l’autre explique en effet le comportement violent : la guerre en est le paradigme admis socialement, le crime en est la forme anomique. En-deçà de ces formes paroxystiques de violence mortifère et mortelle, il y a toute une série de faits de violence plus banales.

Je pense qu’il est erroné de penser que les comportements de violence banale, les saccages et autres attaques de biens matériels, mais même les injures ou en tout cas les paroles violentes feraient le lit des agressions interpersonnelles. Il y a une expression nécessaire de l’agressivité entre les individus ou entre les groupes qui peut être contenue dans des règles communes ou en tout cas amoindrie par la mise en place de divers rituels.

Que sait-on exactement de la psychologie de la violence ?

Jean Doridot : Le meilleur prédicteur du comportement humain n'est pas la personnalité individuelle, mais la situation dans laquelle se trouve la personne. C'est ce qui crée ce que l’on nomme, en psychologie, l'erreur fondamentale d'attribution. Typiquement, cette erreur consiste à accorder une importance excessive à la personnalité. On pourrait dire : "Ce type est violent", mais ce n'est pas vrai. La situation a influencé son comportement. Ainsi, on revient à l'idée que les émotions, la situation, mènent à adopter un comportement violent. Bien sûr, la personnalité entre aussi en ligne de compte. En réalité, les deux prédicteurs du comportement sont la situation et la personnalité, mais le meilleur prédicteur reste la situation. Comme nous l'avons mentionné précédemment, si vous placez une personne dans une foule violente, il y aura de la violence. Si vous l’affamez, ou lui administrez une drogue, elle deviendra violente. L’expérience de Milgram l’avait très bien montré. On avait demandé aux psychiatres combien de personnes seraient susceptibles d’envoyer des décharges de 450 volts, ils avaient répondu 2%. La réalité est que ce sont deux tiers qui l’ont fait dans la situation mise en place par Milgram.

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La consommation de drogues et les problèmes de santé mentale ont souvent été associés à des comportements violents, mais peut-on en inférer une causalité pour autant ? A quel point une faible estime de soi et le manque de vision positive de la société, est-il plus pertinent pour analyser cette question ?

Jean Doridot : Dans certains cas, les problèmes de santé mentale peuvent faciliter les passage à l’acte violent, envers soi-même, ou envers les autres. La consommation de drogue, quant à elle, est un très bon prédicteur de violence. C'est un fait évident. Prenez un individu calme, par exemple, et faites-lui consommer de l'alcool. Une fois qu'il est ivre, il devient agressif. Cela est dû aux effets du produit lui-même, qui facilite le passage à l'acte. Regardez les comportements violents dans les stades. Il en va de même pour les autres substances stupéfiantes, comme la cocaïne et le crack, car ils altèrent la perception de la légitimité et facilitent ainsi les actes de violence. L'alcool est également étroitement lié aux agressions sexuelles. Il y a des recherches approfondies sur ce sujet, menées notamment par Laurent Bègue, un enseignant en psychologie sociale à Grenoble, dont les recherches montrent ces liens entre alcool et violence.

Concernant l’estime de soi, ce n’est pas quelque chose que j’ai croisé. Le manque d’estime de soi entraîne le plus souvent de la violence contre soi-même. En revanche, l’une des causes de la violence, c’est la difficulté, voir l’incapacité à verbaliser ses frustrations ou ses besoins.

Michel Maffesoli : C’est un fait que certaines pathologies peuvent causer des comportements violents. Le meurtre de soignants par des malades n’est pas fréquent, mais il n’est pas inexistant. Souvenons-nous de certains faits divers, tels le meurtre d’une infirmière et d’une aide-soignante à Pau par un malade en pleine crise. La Justice reconnaît d’ailleurs qu’il peut y avoir « abolition du discernement » et que ceci explique le crime. Ce qui ne veut pas dire que cela l’excuse. Le meurtre de l’infirmière de Reims n’a donc que peu à voir avec des actes de délinquance. Il a beaucoup à voir par contre avec la difficulté dans laquelle est notre système de soins psychiatriques à suivre les malades de manière proche et continue. On a simplement oublié que supprimer des lits d’hospitalisation en psychiatrie impliquait de conserver et développer un suivi extra-hospitalier de qualité.

Quant à la consommation de drogues, il me semble qu’elle a malgré tout bien plus d’implications néfastes pour les personnes qui se droguent qu’elle n’explique les comportements violents. Certes là encore les faits divers récents mettent en relief les conséquences de la conduite automobile sous l’emprise de drogues, comme cela a été et est toujours le cas pour l’alcool. Il est possible d’ailleurs que l’extrême sévérité des contrôles anti-alcooliques ait fait se déporter les consommateurs vers d’autres drogues.

La cause des violences entre personnes tient plus aux conséquences du trafic de drogues qu’à la consommation de drogues. Nombre de trafiquants ne sont d’ailleurs pas consommateurs.

Il n’y a pas de « cause de la violence », mais il y a diverses situations qui peuvent expliquer telle ou telle expression de la violence. Il faut chercher à réduire les risques, à minimiser les conséquences de la violence plutôt qu’à trouver chaque jour un nouveau bouc émissaire : l’alcool, la drogue, la maladie mentale, le chômage, la pauvreté etc.

Ce qui est vrai au niveau individuel peut-il l’être au niveau collectif ?

Jean Doridot : Nous ne pouvons en être certains, mais c’est une lecture séduisante. Peut être que le passage à l’acte dans les manifestations pourrait venir d’un sentiment de ne pas être entendu. Le dialogue met immédiatement fin à la violence.

Quid des sentiments positifs, du circuit de récompense ? Faut-il voir la violence comme une addiction ?

Jean Doridot : Le comportement violent rend-il addict ? Cela peut être parlant de concevoir qu’une personne peut être grisée par la violence, par un sentiment de toute puissance. j

A quel point peinons-nous, encore aujourd'hui, à expliquer d’où vient la violence ? Et par là à lutter contre cette dernière ?

Jean Doridot : Ce n’est pas tant un manque d’identification qu’un problème de moyens d’actions. L’être humain est un mammifère violent. L’organisation sociale fait que nous apprenons à ne pas être violents entre nous. Nous créons, mécaniquement, des normes sociales. Cela ne se fait pas d’être violent au sein du clan, du groupe, de la collectivité. C’est la norme sociale de base - « Tu ne tueras point ». En revanche, ces mêmes normes sociales autorisent la violence contre l’ennemi, en temps de guerre par exemple.

Michel Maffesoli : La violence est inhérente à la condition humaine. Elle est une des manifestations de la finitude humaine, de son imperfectibilité. Elle est l’expression du Mal, d’un mal qui n’est pas seulement « la privatio boni », la privation du bien, mais qui a une existence propre. Le nier, le dénier au nom d’un prétendu progrès de l’espèce humaine, d’une amélioration de la société conduit tout simplement à ce que ce mal, cette violence revienne comme un boomerang. L’explosion de conflits guerriers, Ukraine, Congo, Soudan, Arménie, la tendance génocidaire de certains de ces conflits en est le triste exemple.

Je trouve d’ailleurs curieux que l’on ne se préoccupe pas plus de l’impact de ce climat guerrier sur l’exacerbation de l’agressivité, notamment dans les jeunes générations. Depuis bientôt quatre ans, on n’entend que le mot de guerre. La stratégie de la peur, peur du virus, peur de la guerre, peur de la pénurie en électricité, peur du manque d’eau, peur de la disparition de la planète et finalement peur de la fin du monde, voilà des faits qu’il faudrait interroger pour « expliquer la violence ». Il est vrai qu’il y a une « décivilisation » quand une société accepte de renoncer à accompagner ses mourants et à rendre hommage à ses morts.

Quand les morts ne sont plus que des chiffres qu’on égrène à la télévision pour soumettre le peuple, c’est une incroyable violence !

Steven Pinker, professeur de psychologie à l'université de Harvard, montre chiffres à l'appui que le nombre de morts par violence (rapporté à la population) tend à diminuer dans l'histoire humaine. Quelle est la pertinence et les limites de cette approche ?

Michel Maffesoli : Les chiffres sont les chiffres ! je ne suis pas du tout un sociologue quantitativiste et ne suis pas non plus démographe. Mais cette assertion est largement répandue et elle est objectivement vraie.

Si les populations se sentent agressées, en insécurité ce n’est sans doute pas parce qu’elles sont plus souvent victimes d’agressions ou de crimes. Le sentiment d’insécurité est largement dû à un monde qui change, à la difficulté à faire société, à ce que le sociologue Georg Simmel nommait  l’exacerbation de la nervosité due à l’ambiance des grandes villes. Croiser tous les jours plus, bien plus d’inconnus que de personnes connues, être confronté à toute une série de modes de vie étranges, voilà qui n’est pas rassurant. Et qui peut faire interpréter tout fait de violence particulier comme étant général.

Mais bien sûr dans une société de théâtrocratie telle la nôtre, il est de plus en plus difficile de faire la différence entre des faits divers très médiatisés et une réalité quotidienne qui reste malgré tout pacifique. Quand le président lui-même abuse de la métaphore guerrière, qu’il reprend une assertion eschatologique sur la fin de la civilisation (la fin du monde ?), il est clair que le climat de peur et donc d’agressivité en retour ne peut que croître.

La fin d’un monde, celui qui croyait en un progrès infini et à l’éradication de la souffrance et de la mort est réelle. Mais ce n’est pas la fin du monde. L’humanité n’est ni plus violente ni plus méchante qu’elle n’a été. Dans ces périodes de grand changement civilisationnel il faut savoir trouver les rites et les croyances collectives qui nous permettent de nous frotter les uns aux autres sans nous agresser, en tout cas nous affronter les uns les autres sans nous tuer.

Michel Maffesoli publie "Le temps des peurs" aux éditions du Cerf

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