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Crise du logement : 
il faut construire davantage !
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Île-de-France

"Taxer les loyers à plus de 40 euros le m2" : c'est la surtaxe qu'a proposé ce jeudi 10 mars le secrétaire d'État au logement Benoist Apparu. Décidément, la question du logement - notamment en Île-de-France - reste au cœur du débat politique...

Julien Winock

Julien Winock

Après avoir travaillé dans l'édition et dans l'internet culturel, Julien Winock a fait partie de plusieurs cabinets ministériels.

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Après le franchissement des 7000 euros du mètre carré, la flambée de l’immobilier parisien ne semble pas avoir de limite. Ceux qui espéraient une accalmie voire une baisse de la pierre à la faveur de la crise en sont pour leurs frais. Si les prix ont augmenté en France de 140% en moyenne depuis 1998, l’augmentation dépasse les 160 % dans la capitale et dans la petite couronne.

Autant dire que pour un ménage, même aisée, l’achat d’un appartement à Paris est devenu inenvisageable à moins de se contenter d’un cagibi ou de bénéficier d’un confortable apport fourni le plus souvent par les parents.

Les raisons de l’augmentation des prix de l’immobilier

Beaucoup a été dit sur les raisons de cette flambée des prix : la multiplication des ménages du fait des nombreux divorces, des recompositions familiales, et du vieillissement de la population ; l’attractivité de la pierre après les convulsions de la bourse, sans oublier la faiblesse des taux d’intérêts qui facilite les emprunts sur des périodes de 25 voire 30 ans.

Il ne faudrait pas cependant oublier la question du foncier. Car face à cette demande de logements qui explose, force est de reconnaître la faiblesse chronique de l’offre d’habitats nouveaux en Île-de-France depuis plus d’une vingtaine d’années : entre les années 1975-79 et les années 2000-2004, deux fois moins de logements ont été bâtis (64 300 en moyenne annuel contre 33 600).

Île-de-France : une situation différente des autres régions françaises

Contrairement au reste de la France qui a connu un spectaculaire redressement des mises en chantier dans les années 2000, la reprise de la construction neuve est restée très modeste dans la région parisienne où il manquerait ainsi quelques 250 000 logements.

L’Île-de-France dispose pourtant d’un abondant foncier pouvant accueillir physiquement des logements, que ce soit sous forme de terrains nus, de friches industrielles ou de nouvelles constructions dans des zones déjà urbanisées.  Or le foncier classé comme juridiquement constructible reste trop rare en Île-de-France. Sans doute faut-il donc se féliciter de l’engagement pris par Benoist Apparu de rendre constructible une partie des terrains vacants franciliens appartenant à l’État. 50 000 logements supplémentaires doivent ainsi être bâtis en Île-de-France sur une durée de 3 ans. Mais en la matière ce sont avant tout les communes qui en décident ou dans certains cas les intercommunalités. Et il faut bien le reconnaître : trop de maires rechignent à l’idée de voir se construire dans leur municipalité de nouveaux logements.

La responsabilité des maires engagée

La plupart d’entre eux souhaitent administrer une population à peu près stable ou au mieux en légère augmentation. Ce malthusianisme a des raisons économiques bien connues : accueillir de nouveaux logements induit des coûts (voirie, écoles, crèches, transports…) tandis que l’arrivée de nouvelles activités économiques rapporte de l’argent. Il faut aussi y voir le contrecoup d’un urbanisme déplorable qui a trop longtemps fait la part belle aux « grands ensembles » ou aux sinistres lotissements. Pour bien des élus, de nouvelles constructions sont synonymes d’enlaidissement de leur ville.

Il existe pourtant un urbanisme à visage humain, très éloigné des réalisations de l’après-guerre, avec une densité raisonnable (de 10 à 30 logements par hectare) permettant de marier du petit collectif et de l’individuel. Le Plessis-Robinson et sa nouvelle cité jardin en constitue un bon exemple. Il ne faudrait pas que cette commune soit un cas isolé. Car, un jour ou l’autre, la pénurie deviendra telle que d’autres « villes nouvelles » vont finir par voir le jour. Et là, nous pourrons dire adieu au petit jardins qui sentait bon le bassin parisien,  comme le chantait jadis Jacques Dutronc.

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