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La grande correction : et si 2011 était la fin de la croissance entamée avec la révolution industrielle ?
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Long cours

Certaines voix commencent à s'élever pour dire que la croissance économique sur laquelle repose l'équilibre de nos sociétés n'aurait en fait été qu'une parenthèse à l'échelle de l'histoire de l'humanité. Un cycle de 250 ans généré par une énergie abondante et bon marché. Mais ne sommes nous pas en train de nous heurter aux limites de la planète ?

Et si la crise de 2011 n'était pas qu'un énième hoquet de la croissance que connaissent les pays développés depuis la révolution industrielle ? Et si la crise actuelle était d'une nature différente ? C'est la thèse que défend le site américain The Daily Reckoning : début 2011, la plupart des économistes, des gouvernements ou des investisseurs s’attendaient à une reprise. La fin de l'année approche et les interrogations sur la pérennité du modèle de développement occidental n'ont jamais été aussi nombreuses. Quelque chose de plus compliqué que le classique schéma récession/reprise auquel nous sommes habitués pourrait bien être à l'oeuvre.

Bill Bonner, l'auteur de l'article du Daily Reckoning appelle cette crise la « grande correction » et pose une question dérangeante : Et si nous n'étions pas en train de vivre une crise de la dette, de la monnaie ou des investissement mais une crise de la croissance économique elle-même ? Pire : et si la période allant de l’invention du moteur à vapeur à l’invention d’Internet n’était qu'une parenthèse exceptionnelle dans l'histoire de l'humanité ?

Jusqu’à il y a deux semaines environ, les anthropologues pensaient que les êtres humains n’existaient que depuis 100 000 ans. Selon un article publié par la revue scientifique en ligne PlosOne, certains scientifiques forment désormais l'hypothèse qu’en tant qu’espèce, nous existons depuis deux fois plus longtemps. Ainsi, notre taux de croissance, déjà négligeable à l'échelle de l'humanité, serait en fait moitié moindre. En d’autres termes, il n’a pas fallu 99 700 ans aux humains pour inventer le moteur à vapeur, mais 199 700.

Le progrès entre 200 000 av. J-C. (période où l’humanité aurait donc émergé) et 1765, quand Watt a produit son premier moteur, a été extrêmement lent. Après 1765, le progrès a décollé comme une fusée. Au cours des 250 ans qui ont suivi, les conditions de vies des gens dans les pays développés, et de la population humaine dans son ensemble, ont radicalement changé.

Il avait fallu 199 700 ans pour que la population humaine passe d'une poignée à 125 millions d'individus. Mais au cours des 250 années suivantes, la population mondiale a augmenté d’environ six milliards de personnes. Tous les cinq ans approximativement, s'ajoute l’équivalent de l'ensemble de la population mondiale de 1750. Grâce au "progrès". Grâce à une alimentation meilleure et plus abondante, à de meilleures conditions sanitaires, à de meilleurs moyens de transport.

La dernière grande famine en Europe occidentale s’est produite au 18e siècle, après de mauvaises récoltes. Les famines du monde développé intervenues par la suite ont toutes été intentionnelles, causées en grande partie par des politiques gouvernementales, comme celle des paysans ukrainiens affamés par Staline dans les années 30. Le progrès a non seulement aboli la faim et permis une immense augmentation démographique mais il a apporté une hausse considérable des salaires réels et du niveau de vie.

Depuis le XXe siècle, la population des pays développés considère le progrès et la croissance du PIB comme acquis. Moyennant quoi, les gouvernements se sont endettés pour financer des dépenses et des politiques fiscales favorables à la croissance et comptant sur cette croissance future pour rembourser et pour s’en sortir. Idem pour les entreprises et les ménages. Tout le monde est accro à la croissance. 

Mais qu'est ce qui génère réellement la croissance ? L'innovation ou les ressources dont nous disposons ? Et si le cycle de croissance entamé avec la révolution industrielle était avant tout attribuable grâce une énergie abondante et bon marché ?

Pour le versant énergétique, c’est aussi l’avis de Jean-Christophe Lanoix, consultant en énergies renouvelables au sein du cabinet Hinicio et auteur d’une chronique pour le Nouvel Observateur. Cette crise de la dette serait aussi une crise énergétique.

Selon lui, "si la dette est l’oxygène de notre système économique, le pétrole en est le moteur. L’économie mondiale se trouve aujourd’hui piégée. Tout regain de croissance est immédiatement sanctionné par une envolée des prix du pétrole qui, en l’espace de quelques mois, plonge le monde dans la récession. Les spécialistes estiment en général à 100 dollars le baril le "seuil critique" susceptible de provoquer ce basculement."

Ainsi, notre économie se heurterait aux limites physiques de notre planète. Nos symboles de richesses (argent, actions, produits financiers), tous fondés directement ou indirectement sur la dette et sur le postulat d’une croissance infinie, ont largement dépassé la valeur de nos vrais actifs : les ressources naturelles.

Pour Jean-Christophe Lanoix, il ne faudrait pas chercher plus loin les raisons de la crise actuelle. Notre système économique est obsolète et sur le chemin de la faillite, car totalement inadapté aux réalités physiques de notre monde du 21e siècle. Pour lui aussi, cette crise ne serait pas qu’un épisode anecdotique de notre histoire, mais un réajustement écologique, réel et nécessaire.

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