Criminalité : les implacables chiffres que cachent Emmanuel Macron et le ministère de l'Intérieur<!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron s'adresse à la presse à côté du ministre de l'intérieur Gérald Darmanin et du ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti lors d'une visite au commissariat de police de Bordeaux, le 9 février 2024.
Emmanuel Macron s'adresse à la presse à côté du ministre de l'intérieur Gérald Darmanin et du ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti lors d'une visite au commissariat de police de Bordeaux, le 9 février 2024.
©LUDOVIC MARIN AFP

Lutte contre l'insécurité et la délinquance

Les données du ministère de l'Intérieur révèlent une hausse inquiétante de la criminalité.

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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Fondamental : du tricheur occasionnel au totalitaire-dur, tout pouvoir cachottier est sujet au même dilemme : il adore mentir aux autres, magnifier de fictifs succès, planquer de vrais dé­sastres ; mais ne peut se mentir à lui-même car l'absence de tableau de bord réaliste lui inter­dit de piloter son do­maine d'activité.

Que le ministère de l'Intérieur triche tant et plus, nous l'avons établi de longue date ; que ses données mensuelles InterStats visent plus à noyer le poisson qu'à informer le citoyen, est clair. Mais où sont ses instruments de travail ? Ci-dessus, en voici les premières lignes. Quand nous disions tableau interminable : 13 057 lignes sur 11 colonnes : 143 627 cellules contenant cha­cune une donnée ("victime") ou un chiffre ("16"), pour 2016, année où débute la série statis­tique. La ligne 2 de ce tableau se lit ainsi : index homicides (col. A), en 2016, dans l'Ain, on compte 5 homicides pour une population de 638 425 habitants (colonne I), ainsi de suite.

Or, par rapport à l'antérieur, ce tableau évolutif révèle une inquié­tante régression. De fait : conçu au début de la décennie 1970, l'antédiluvien "État 4001" comptait 107 index, les six pre­miers consacrés à divers types d'homicides. Les voici :

Notons que rien n'y figure sur l'instrument du crime (arme à feu, poignard, arme par destina­tion, etc.). L'État 4001, permet de dire (index 01) combien de truands se sont entretués, di­sons, dans les Vosges. Point final. Or dans le présent tableau du système statistique de l'Inté­rieur, initié 44 ans plus tard, nul détail : un être asexué est tué, on ne sait comment - mais pas naturellement - point final.

De même, insistons, l'index cambriolage d'InterStats ne concerne que les loge­ments des parti­culiers, et occulte tous les autres (commerces, locaux industriels et agricoles, etc.).

Le minimalisme de ce tableau est-il général ? Non ! Il est même parfois à surface variable. Exemple pour les véhicules : la statistique de l'Intérieur compte les "Vols DE voitures", les "Vols d'accessoires de véhicules" et les "vols DANS les véhicules". Pourquoi ces précisions là et pas ailleurs ? Mystère et entourloupes.

Mais parfois, comme un éclair dans la nuit, une série est exploitable. Celle des Coups & bles­sures volontaires (C&BV), par exemple. Là, trois séries de chiffres reprennent les faits signalés à la police et à la gendarmerie :

            a) C&BV en totalité ;

            b) dans le cadre familial, et

            c) "autres".

Vérifions avec la Seine-Saint-Denis en 2023 : C&BV (con­nus) en général, 14 242 ; intrafami­liaux, 7 481 ; autres, 6 761. Addition : ça colle. (b+c = a).

Les C&BV hors-famille terrifient bien sûr le plus la population : se faire lyncher par des incon­nus, sans motif, à l'aveugle, est fort traumatisant. Prenons donc deux départements symbo­liques, Bouches-du-Rhône et Seine Saint-Denis et voyons si M. Macron et son ministre de l'Intérieur font bien leur boulot, qui est de protéger les Français et d'apaiser la société.

• M. MACRON (1e année complète de sa présidence, 2018) :

(93)     2018 : 5 706 ; 2023, 6 761 : sur six ans pleins, les C&BV ont bondi de + 18,5%,

(13)     2018 : 5 952 ; 2023, 6 831 : sur six ans pleins, les C&BV ont bondi de + 15%.

• Le présent ministre de l'Intérieur (de 2021 à 2023) :

(93)     2021 : 5 893 ; 2023, 6 761 : sur trois ans pleins, les C&BV ont bondi de + 14%,

(13)     2021 : 6 235 ; 2023, 6 831 : sur trois ans pleins, les C&BV ont bondi de + 10%.

Mauvais résultat - et à l'échelle nationale, c'est pire encore ! Récupérons les C&BV hors-fa­mille (échelle nationale) dans le tableau du SSMSI : il y en a 171 500. Mais ceux que l'Intérieur ignore ? Une étude [Genese, 2021] estime ce "chiffre noir" à ± 60% du total (± 40% des vic­times portent plainte, catégorie "Violences physiques par non-partenaire").

Donc : 171 500 = base 40 ; base 100 = 273 400 victimes ; plus 60% du chiffre noir sur la base 100 = 164 040. Total réel des Français vraiment molestés ou lynchés en 2023 ; que ces vio­lences physiques, soient déclarées ou pas : 437 440 ; 1 198 par jour, ± 50 par heure.

Là-dedans, ± 80% d'hommes, 20% de femmes. Voyons ce dernier chiffre : en France, en 2023, quelque 88 000 femmes sont agressées et battues par des voyous inconnus. Plus de 240 par jour, 10 par heure (Hou-Hou, les féministes !)

Pour la France entière, années-Macron complètes, (2018-2023), C&BV "autres", l'augmen­ta­tion est de + 21%. Bilan du présent ministre de l'Intérieur (2021-2023) + 18%.

Ô combien pire encore pour les homicides et tentatives : pour les années-Macron complètes, de 2018 (2 842) à 2023 (4 055) l'explosion est faramineuse : + 65% sur six ans.

Bilan de l'actuel ministre de l'Intérieur, 2021 (3 136) à 2023 (4055) : + 29% sur trois ans.

Avec une pareille débâcle sécuritaire, indéniable car tirée de sources officielles, les intéres­sés devraient s'excuser et démissionner.

S'ils avaient encore la moindre décence.

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