Comment se relever après une année 2020 aussi horrible ? Mode d’emploi d’une légèreté de nos esprits<!-- --> | Atlantico.fr
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covid-19 pandémie bilan 2020 impact psychologique
covid-19 pandémie bilan 2020 impact psychologique
©Oli SCARFF / AFP

Bilan de l'année 2020

A l'occasion de la fin d'année, Atlantico a demandé à ses contributeurs les plus fidèles de dresser un bilan de l'année 2020. Pascal Neveu aborde la question de l'impact psychologique et des ravages de la crise sanitaire sur le plan mental. Il apporte également une note d'espoir.

Pascal Neveu

Pascal Neveu

Pascal Neveu est directeur de l'Institut Français de la Psychanalyse Active (IFPA) et secrétaire général du Conseil Supérieur de la Psychanalyse Active (CSDPA). Il est responsable national de la cellule de soutien psychologique au sein de l’Œuvre des Pupilles Orphelins des Sapeurs-Pompiers de France (ODP).

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S’il est bien une réalité, c’est que 2020 restera l’année de la mort. D’un côté une pandémie mondiale occasionnant quasiment 2 millions de morts dans le monde et déjà plus de 62000 morts en France. D’un autre côté des personnalités et artistes décédés. Que retenir de cette année et comment rebondir en 2021 ? Comment nous élever vers plus de légèreté ?

Les médias et institutions sanitaires n’ont cessé de nous livrer quotidiennement des chiffres… De « Monsieur Mort » à « Monsieur Vaccin » tous deux peu rassurants, nous avons assimilé des chiffres anxiogènes Car face à quasi 80,5 millions de cas détectés, qui a redonné de l’espoir face à plus de 45,5 millions de personnes guéries ?

Cela n’enlève pas le chagrin face à tous ces décédés et ces familles endeuillées. J’ai été un des premiers à l’exprimer en rendant hommage d’une part au personnel soignant auto-confiné, ces nombreux qui engagent encore leur vie, à nos amis Italiens alors qu’à Bergame un enterrement avait lieu toutes les 30 minutes au printemps.

Et puis il nous a semblé que 2020 restait une année terrible face aux décès de celles et ceux qui avaient accompagné nos vies, parfois depuis notre enfance. Des madeleines de Proust… quasi des doudous.

Tous les ans, des figures nous quittent, mais cette année celles nous rappelant la vie comme Annie Cordy, Kirk Douglas, Mary Higgins Clark, Claire Bétécher, Jacques Dessange, Max von Sydow, Albert Uderzo, Christophe, Ennio Morricone, Michel Piccoli, Jean-Loup Dabaide, Guy Bedos, Jean Raspail, Zizi Jeanmaire, Gisèle Halimi, Michou, Juliette Gréco, Diana Rigg, Michael Lonsdale, Roger Carel, mais aussi Pierre Troisgros, sans oublier Kenzo Takada, ou encore Sean Connery, et dernièrement Diego Maradona, le président Valéry Giscard d’Estaing, John le Carré, Claude Brasseur, Rika Zaraï et Ivry Gitlis… (qu’on me pardonne toutes celles et ceux que ne cite pas et qui ne déméritent pas), ont davantage marqué les émotions en lisant les réseaux sociaux, car porteurs de vie.

Pour autant ces 188 personnalités décédées en 2020 contre 306 personnalités en 2019… (selon une sélection qui ne m’appartient pas)

Alors d’où nous vient cette « sensation », ce ressenti d’en avoir assez ?

Notre vie est marquée par un cycle de vie et de renaissance, de changements et de deuils permanents depuis notre naissance. Il s’agit de fondamentaux psychiques qui mêlent eros et thanatos, qui conjuguent pulsion de vie et de mort, et notre mort cellulaire et physique programmée que nous dénions.

Notre psychisme est fortement imprégné par ce que Freud qualifiait de tourmente, sans oublier notre cerveau reptilien sensible aux mécanismes de survie, et notre mémoire émotionnelle.

L’impact de cette pandémie depuis quasi 1 an, de ces confinements consécutifs a des conséquences économiques, sociales, affectives, et psychologiques indéniables comme de nombreuses études le montrent. Des chercheurs de l’Université de Toulouse ont encore lancé il y a quelques jours un 4ème questionnaire (étude menée durant le 1er confinement, puis post 1er confinement, quelques mois ensuite et dorénavant reconfinement), auprès de quasi 3000 personnes afin de mesurer les différents impacts qui risquent de peser sur nos vies, et pouvoir réagir et apporter toute assistance et aide, après avoir repéré et identifié des syndromes liés à ce que personne ne pouvait imaginer.

Alors comment revivre ?

Peut-être par une nouvelle forme de légèreté…

Pourquoi ne pas prôner une forme de  légèreté en psychologie sociale, en management… afin d’éviter la souffrance au travail et lutter contre la morosité ambiante ?

Plus précisément, pourquoi ne pas analyser, en même temps que la personne dans sa famille, son environnement social, affectif et culturel, et travailler dans le sens d’une émancipation face à des carcans, des sensations d’emprisonnements et de privations de liberté exprimées à tout va.

Autrement dit, la question de la légèreté et de la pesanteur reflète en fait notre conflit classique entre le Surmoi (les hautes instances morales) et le Cà (le monde pulsionnel) qui ne peut que difficilement se « lâcher » depuis des mois.

La légèreté de l’être c’est le corps vécu et le psychisme entendu, dansant ensemble.

Au quotidien, sommes-nous légers quand nous vivons une douce régression jouant comme des gamins avec nos enfants, lorsque nous nous racontons des blagues potaches, et cultivons l’esprit du poisson d’avril… ? Cette délicieuse et bénéfique apesanteur du cerveau qui s’octroie une douce « folie ». Comme cette période nous autorise à être dans la magie de Noël…

Légèreté et pesanteur sont finalement un couple qui laissent s’exprimer un Moi équilibré si l’un ne prend pas l’ascendant sur l’autre… cette douce harmonie qu’est la vie paisible et sereine.

La légèreté est une soupape de sécurité, un fou-rire autorisé contre la pesanteur de la vie.

Comme à chaque fois… c’est l’abus de légèreté ou de pesanteur qui nuit à la santé… tant physique que psychique…

Quelle meilleure posologie afin de sortir de cette période si pesante pour tous ?

Sans doute feu l’Immortel Académicien Jean d’Ormesson le résume le mieux : «  La légèreté est belle quand elle est allée à la profondeur. »

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