Comment NKM prépare sa future candidature à la primaire pour ratisser sur les terres d'Alain Juppé<!-- --> | Atlantico.fr
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Si Nathalie Kosciusko-Morizet a l'habitude de marcher comme on court, ses grandes jambes pourraient, cette fois, ne pas suffire.
Si Nathalie Kosciusko-Morizet a l'habitude de marcher comme on court, ses grandes jambes pourraient, cette fois, ne pas suffire.
©Reuters

Sur les rails

L'ancienne ministre devrait annoncer sa candidature mi-mars. Depuis un mois, elle engrange des soutiens et prépare son projet. Certains pensent qu'elle bénéficie de l'aide d'un certain... Nicolas Sarkozy.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Ses équipes reçoivent et recrutent à tour de bras. Un conseiller par-ci, un porte-parole par-là. Rendez-vous est donné autour d'un café ou au restaurant. L'impétrant est interrogé sur ses envies et ses capacités, puis, s'il fait l'affaire, il est présenté à la candidate qui valide le choix. Il faut faire vite et fort pour rattraper les autres déjà partis depuis des mois. Car si Nathalie Kosciusko-Morizet a l'habitude de marcher comme on court, ses grandes jambes pourraient, cette fois, ne pas suffire. Alors la petite équipe autour de la conseillère de Paris ne mollit pas. Hauts fonctionnaires, banquiers, prennent sur leurs heures de travail pour jeter les bases de la campagne à venir. Il s'agit de travailler à la fois sur le fond et sur la forme. Une trentaine de personnes sont déjà à l'œuvre autour de Grégoire de Lasteyrie, le maire de Palaiseau, tout nouveau directeur de campagne de l'ancienne ministre. Jean-Luc Mano assure le conseil en communication, Jérôme Peyrat ancien directeur adjoint au cabinet au ministère de l'Écologie, la conseille politiquement, quant à l'élu parisien Jean-Didider Berthault, il joue les conseillers spéciaux.

"Nous avons déjà récolté pas mal d'argent, explique un membre de l'entourage, les dons ont commencé à rentrer après la rupture avec Nicolas Sarkozy, dans les trois ou quatre jours qui ont suivi". C'est à ce moment-là aussi que les soutiens ont montré le bout de leur nez. Comme Marie-Laure Harel, tête de liste à Paris pour les municipales dans le 3ème arrondissement, qui vient de rejoindre la future candidate car elle a apprécié qu'après les régionales, NKM ait tapé du poing sur la table pour défendre le front républicain. "Cela démontrait le courage de la personne. Beaucoup critiquent Nicolas Sarkozy, ils sont peu nombreux à avoir le courage de le dire", explique la jeune femme.

L'axe principal de la campagne de Nathalie Kosciusko-Morizet a été défini il y a déjà bien longtemps. NKM souhaite être la candidate anti-réacs, se battre contre tous les archaïsmes. Ses adversaires ? Ceux qui rêvent de la France d’avant. Et son offensive ne visera pas que Patrick Buisson, loin de là. En matière économique, sa ligne sera libérale : "elle souhaite baisser les charges des entreprises même au prix d'un accroissement des déficits car elle pense que l'Europe a plus à craindre de notre incapacité à réformer que de nos déficits", explique un proche. En matière sociétale aussi elle se veut libérale, et sinon elle souhaite un Etat fort. Un peu comme un certain… Alain Juppé.

"Le challenge, c'est surtout de faire venir des électeurs qui ne viendraient pas autrement. Elle espère 2% de voix de gauche et 5% de sympathisants droite qui ne sont pas convaincus par les LR. Ce sont ces gens-là qu'elle va aller chercher, ceux qui disent : tout mais pas Sarkozy", se défend l'un de ses amis. NKM, candidate anti-Sarko ?

Pas vraiment, car c'est bien sur les terres du maire de Bordeaux que l'ancienne ministre de l'Environnement fera sa moisson. "Il ne faut pas se leurrer, elle n'aura aucune voix de la droite dure, ce sont les gens de centre-droit qui voteront pour elle", explique un membre de son entourage. Ce centre-droit que tente de séduire Alain Juppé et sur lequel il pense pouvoir assoir son élection.

Nathalie Kosciusko-Morizet serait-elle alors en service commandé ? Travaillerait-elle toujours main dans la main avec Nicolas Sarkozy afin d'affaiblir le maire de Bordeaux ? Lorsqu'on interroge ses soutiens sur la réalité des relations entre l'ancien chef de l'Etat et son ex-ministre, ils restent flous. D'un côté, certains affirment : "avec Sarko, c'est tendu, il n'aime pas l'idée qu'elle l'ait quitté". Mais dans le même temps, ils racontent que l'ancien président des Républicains, en cherchant à priver son ancienne protégée de la présidence du groupe LR à la mairie de Paris, lui rend service "car certains nous rejoignent pour défendre Nathalie", explique un proche.

Une aide qui tombe à pic, car l'un des soucis de la future candidate sera de réunir les 20 parrainages de parlementaires nécessaires pour se présenter. On se souvient qu'elle avait même bataillé, au moment de définir les règles de la primaire, pour que le seuil soit fixé à 16 parlementaires. Ce qui fait dire aujourd'hui à certains que si la candidate obtient 20 parrainages, ça ne peut être qu'avec l'aide de Nicolas Sarkozy.

Et les mêmes observent la jeune femme avancer avec assurance vers une déclaration de candidature, prévue mi-mars, ce qui leur fait dire qu'elle aurait déjà les fameux sésames. "Elle ne peut prendre le risque d'annoncer sa candidature pour se ramasser au dernier moment", pense un soutien.

NKM pourrait-elle être le faux nez de son ancien mentor ? Possible, mais sans aucune assurance de résultat car comme le disent certains ralliés récents : "ça n'est pas parce que je la soutiens aujourd'hui que j'irai voter Sarkozy demain". Ce qui est certain, c'est que NKM travaille avant tout pour elle, pour défendre certaines idées auxquelles elle croit, mais aussi pour assurer son avenir. Une candidature à la primaire lui permettra de s'implanter durablement dans la cour des futurs présidentiables.

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