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Dans le Financial Times, un éditorialiste avait constaté il y a quelques semaines que des gens influents se trouvent en effet être des enfants de professeurs.
Dans le Financial Times, un éditorialiste avait constaté il y a quelques semaines que des gens influents se trouvent en effet être des enfants de professeurs.
©BENOIT TESSIER / POOL / AFP

Elites

Tous les systèmes méritocratiques ont un certain nombre de voies à suivre, et ces enfants de professeurs les connaissent mieux que les autres.

Alexandre Delaigue

Alexandre Delaigue

Alexandre Delaigue est professeur d'économie à l'université de Lille. Il est le co-auteur avec Stéphane Ménia des livres Nos phobies économiques et Sexe, drogue... et économie : pas de sujet tabou pour les économistes (parus chez Pearson). Son site : econoclaste.net

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Atlantico : Emmanuel Macron, Benjamin Netanyahu, Justin Trudeau, Volodymyr Zelensky … Parmi les grands dirigeants politiques de la planète, beaucoup sont fils de professeurs. Comment expliquer ce phénomène ? Sont-ils tout simplement les mieux placés pour comprendre et exploiter le système méritocratique ?

Alexandre Delaigue : Dans le Financial Times, un éditorialiste avait constaté il y a quelques semaines que des gens influents se trouvaient en effet être des enfants de professeurs, et notamment des professeurs d’université. Les enfants sont ensuite bien placés pour connaitre les arcanes du système méritocratique. Tous les systèmes méritocratiques ont un certain nombre de voies à suivre, et ces enfants de professeurs les connaissent mieux que les autres.

Ce sont des gens qui ont toujours vécu dans le monde des idées, mais l’essentiel de ce que produit un universitaire est extrêmement peu lu, pouvant donner lieu à une certaine fatigue et les conduisant à changer de regard au cours de leur carrière, ce qui influera sur les choix de leurs enfants. Ces derniers ont pu s’orienter vers la politique pour mettre en pratique leurs idées car cela est beaucoup plus difficile dans le monde universitaire. 

L’enfant de professeur aspire-t-il plus que les autres à avoir un impact sur le monde ? 

Il y a un vrai changement car ce sont des professions qui sont dévalorisées. De ce point de vue, l’aspiration pour ceux qui ont vécu dans ce type de milieu est forcément différente. Le message envoyé à leurs enfants n’est pas optimiste quant aux perspectives sur les opportunités de carrière des professeurs.

Les professeurs sont très solidement dans la classe moyenne, mais la connaissance des voies à suivre ou à ne pas suivre fait que les enfants de professeurs ont beaucoup plus de chance de connaitre une mobilité sociale ascendante par rapport à des gens qui gagneraient le même revenu. D’autant qu’ils fréquentent les élites depuis longtemps, même si financièrement ce n’était pas forcément le cas. Ils ont été élevés dans une institution qui leur donnait les codes des élites, ce qui explique que ceux dont on parle, qui ont autour de la quarantaine aujourd'hui, ont hérité d’un capital social assez tôt.

La prochaine génération d'enfants de professeurs sera-t-elle porteuse d'une idéologie différente ?

La nouvelle génération d’universitaires est beaucoup plus marquée à gauche que ne l’était la génération de leurs parents. Celle-ci était davantage au centre. Ce qui nous fait dire que ces enfants seront confrontés à quelque chose de bien différent. Mais ce n’est pas aussi marqué qu’on pourrait le penser : à y regarder de plus près, on s’aperçoit que les professeurs d’histoire et de droit n’ont pas du tout les mêmes caractéristiques idéologiques que ceux dans les sciences sociales.

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