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Combien de temps les Français se contenteront-ils d'entendre François Hollande faire de la pédagogie mais rien d'autre ?
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Oral vide

François Hollande répondait jeudi soir aux questions de David Pujadas. Et une fois de plus, c'est une leçon de pédagogie qu'il a donné aux Français qui sont de plus en plus nombreux à être déçus de sa politique.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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L’Elysée avait préparé le terrain en faisant passer le message : l’intervention  de François Hollande sur France 2 avait essentiellement pour but de rassurer les Français, leur rappeler que tout est mis en œuvre pour inverser la courbe du chômage et retrouver la croissance, mais aussi de montrer que le président  ne se laisse pas impressionner par des sondages catastrophiques, et qu’il garde la tête froide face aux attaques, ce qu’il n’a pas manqué de faire en déclarant : « J’ai le cuir solide, les nerfs froids ». François Hollande n’a donc pas renversé la table comme faisaient mine de le réclamer ses adversaires (qui savaient parfaitement qu’il ne le ferait pas), mais il a tout de même livré quelques annonces, sans les détailler, afin de compléter la « panoplie d’outils » (crédit d’impôts, contrat de génération, emplois d’avenir) destinés à faire revenir cette croissance, mais qui tardent à produire leurs effets. «Ma priorité, je l'ai dit, c'est l'emploi, mais mon cap, c'est la croissance. Elle doit revenir, c'est une condition essentielle de la cohésion sociale, du retour vers l'emploi et de la confiance du pays en lui-même. », a-t-il martelé.

François Hollande a promis qu’il n’y aura pas d’impôts nouveaux l’année prochaine, mais on a enfin trouvé la formule pour appliquer la taxation à 75% des salaires supérieurs à un million d’euros, ce marqueur de la campagne Hollande, devenus un boulet pour le gouvernement. Cet impôt sera prélevé à la source, autrement dit par les entreprises qui, espère-t-on, pratiqueront davantage la  modération salariale pour leurs hauts dirigeants, à moins que ce ne soit la délocalisation de leurs meilleurs éléments… Alors  pourquoi s’obstiner sur cette  mesure, qui ne rapportera pas grand-chose aux caisses de l’Etat, embarrasse les socio-démocrates, brouille le message rassurant qu’il veut adresser aux chefs d’entreprises, et  ne provoque que dédain auprès de l’extrême -gauche qui ne voit là qu’une mesurette ?  Et si les impôts n’augmentent pas, comment résorber les déficits qui se creusent ? Avec des économies, nous dit François Hollande. Mais lesquelles ?

Et puis que faut-il attendre du «choc de simplification » promis  aux entreprises, aux prises avec les lourdeurs de la bureaucratie ? Ces allègements administratifs  feront peut-être partie des ordonnances que le gouvernement veut faire voter avant l’été. François Hollande voudrait aussi que les allocations familiales soient « limitées » pour les hauts revenus, et il a prévenu qu’il faudra allonger la durée de cotisations pour les retraites car « on vit plus longtemps ». Mais, fidèle à sa méthode, il veut que la question soit réglée à travers le dialogue social, obliger les partenaires sociaux à s’engager. Ce qui promet à nouveau quelques tensions sociales, mais comment faire lorsque la branche vieillesse accuse un déficit de 20 milliards ?

Le président de la République s’est efforcé de convaincre qu’il faut du temps : «On n'est pas jugé sur des discours, on est jugé sur des résultats… des critiques on m'en a toujours fait, ça ne m'a jamais empêché d'atteindre mes objectifs », a-t-il  lancé, voulant sans doute faire une piqûre de rappel à ceux qui doutaient de sa désignation comme candidat du PS, puis de sa victoire.

François Hollande a-t-il trop confiance en lui ? Tous les sondages montrent  que les Français doutent, et se détournent. Il s’est attaché à montrer qu’il fait tout ce qui est en son pouvoir  pour renouer avec la croissance. A cet égard il comptait beaucoup sur le pacte de croissance européen et il n’a pas mâché ses mots pour dire sa déception : « J'en ai assez du temps perdu. L'Europe, c'est ce qui nous permet d'être solidaires, mais nous devons aller plus vite. Le problème, c'est que je ne suis pas tout seul ». Et de faire cet aveu : «Nous sommes dans cette tension amicale avec l'Allemagne…  Mais nous avons l'obligation d'avancer tous les deux». Et l’Allemagne, on le sait, appuie sur les freins de la dépense, attendant tranquillement que la France réduise ses déficits. Pour François Hollande ce n’est pas de notre faute si les choses n’avancent pas. Pour le moment les Français ne l’entendent pas de cette oreille. C’est sa politique qu’ils sanctionnent par leur mécontentement. Et faute de résultats, il lui en faudra sans doute encore beaucoup de flegme et de ténacité pour les convaincre qu’il a choisi la bonne voie.

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