Chute record des naissances : effet tempo ou nouvelle transition démographique vers… l’inconnu ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Aux deux tiers de l'année, on compte déjà « environ 35.000 naissances de moins en 2023 qu'en 2022 », soit « une baisse de 7,2 % », selon l'Insee.
Aux deux tiers de l'année, on compte déjà « environ 35.000 naissances de moins en 2023 qu'en 2022 », soit « une baisse de 7,2 % », selon l'Insee.
©Philippe HUGUEN / AFP

Natalité

Aux deux tiers de l'année 2023, les naissances ont baissé de 7% par rapport à 2022, selon les chiffres dévoilés par l'Insee.

Atlantico : Les naissances sont au plus bas depuis 1946 en France. Le taux de natalité baisse depuis 5 ans. Selon l’INSEE, l’indicateur conjoncturel de fécondité (IRF) s’établit à 1,87 enfants par femme contre 2,0 entre 2006 et 2014. Comment expliquer cette baisse ? Certains mettent en cause l’effet tempo. De quoi s’agit-il ?

Laurent Chalard : Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’une part de la baisse de la natalité constatée en France et dans d’autres pays européens est liée à un décalage du calendrier de la maternité. 

Au fur et à mesure des années, la première maternité chez les femmes s’est décalée dans le temps. Ce décalage dans le temps réduit mécaniquement la fécondité. Qui dit premières naissances de plus en plus tardives dit périodes de fécondité récentes limitées. Cela limite le nombre de naissances. C’est ça l’effet tempo

Il faut rappeler que la moyenne à la première maternité c‘est autour de 30 ans alors qu’à l’époque du baby-boom, on était autour de 21-22 ans. C’est un énorme décalage. Ces enfants qui ne naissent pas les premières années ; bien souvent, ils ne naîtront jamais. Parce que le rattrapage qui se passe après 35 ans voir après 40 ans, c’est-à-dire une augmentation de la fécondité, est insuffisant pour compenser les naissances avant 30 Ans 

Quid des autres pays européens ?

C’est très intéressant. D’autres pays d’Europe ont des taux de natalité beaucoup plus bas, autour de 1,3 enfants par femme. C’est le cas en Italie, mais aussi en Allemagne. Que se passe-t-il dans ces pays ? On observe le décalage des naissances bien sûr, mais on voit aussi une augmentation des femmes qui n’ont jamais eu d’enfants de leur vie. En France, ce pourcentage était faible. Moins de 10%. C’est d’ailleurs ce qui singularisait la France des autres pays européens. Dans les autres pays, ce pourcentage était à plus de 20%. Une femme sur cinq ne donnait pas naissance à un enfant au cours de sa vie féconde dans les autres pays européens. Voilà ce qui distinguait la France du reste de l’Europe il y a quelques années. 

Sur le plan économique, quel est l’impact ? 

La baisse de la natalité, sur le plan économique, c’est une mauvaise nouvelle. L’Europe est un continent de personnes âgées. C’est inscrit dans la pyramide des âges. C’est quelque chose qui est structurel depuis la fin du baby-boom et qui est appelé à se renforcer au cours de la prochaine décennie avec l’arrivée des générations nombreuses du baby-boom à la retraite. Nous sommes condamnés à être un pays et un continent de personnes âgées. La question, c’est l’ampleur ? S’il y a beaucoup de personnes âgées et beaucoup de jeunes, ce n’est pas trop grave. Mais s’il y a beaucoup de personnes âgées et pas beaucoup de jeunes, là ça devient très problématique. 

Aujourd’hui, les autorités politiques s’inquiètent de cette baisse de la natalité. Si vous voulez financer à long terme les retraites, il faut que le déséquilibre entre le nombre de retraités et le nombre d’actifs ne soit pas trop important. Or, si vous avez de moins en moins de naissances, à long terme c’est problématique. Vous avez le même problème en terme de main d’œuvre. Pour des pays comme l’Allemagne qui a une fécondité très abaissée depuis longtemps et un marché du travail dynamique, c’est un problème. Ce manque de main d’œuvre fait que le pays s‘ouvre de plus en plus à l’immigration internationale. Même si ce n’est pas toujours bien perçu par l’ensemble de la population, c’est uniquement pour répondre à des besoins économiques. 

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