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Bourses en berne : quelles conséquences pour l'économie réelle?
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Encore la crise

Les principales bourses mondiales ont toutes chuté ces derniers jours. Comment cela va-t-il se répercuter dans le reste de l'économie ? L'analyse de David Thesmar, économiste et fin connaisseur des marchés financiers.

David Thesmar

David Thesmar

David Thesmar est un économiste.

Il est Administrateur de l'INSEE et Professeur associé au sein du département finance et économie d'HEC Paris.

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Atlantico : Comment pouvez-vous expliquer la chute de la plupart des marchés boursiers internationaux ?

David Thesmar : Plusieurs choses expliquent l’affolement des marchés ces derniers temps. La principale, c’est le fait que l’on réalise que les Etats auront du mal à rembourser les dettes qu’ils ont accumulées pendant la première phase de la crise. Il y aura forcément des pertes du côté des marchés obligataires. Les marchés anticipent ces pertes donc les prix des obligations chutent. Les marchés boursiers, qui normalement ne sont pas touchés par la défaillance des Etats au niveau de leur dette publique, se mettent, eux aussi, à chuter. Ils vont être touchés indirectement via le « credit crunch » (resserrement du crédit, hausse des couts liés à l’endettement) qu’il y aura sur les banques.

La chute de la bourse aura-t-elle des conséquences sur l’économie réelle ?

Les chutes des indices boursiers n’auront pas de conséquences directes sur l’économie réelle. C’est la crise de la dette qui risque vraiment de poser un problème. La chute des obligations souveraines européennes est le réel problème car cela va comprimer le bilan des banques. Par conséquent, elles ne pourront plus prêter autant. Du coup il va y avoir un ralentissement très marqué de l’économie, en particulier en Europe du sud, où toutes les banques qui ont dans leur bilan la dette de ces pays-là prêteront moins. Concrètement, cela voudra dire moins d’investissement, moins d’embauche, en bref, une croissance ralentie.

Les bourses influent rarement directement sur notre économie réelle. Il faut les considérer plus comme un thermomètre, un indice. Quand les bourses montent les opérateurs anticipent une hausse des profits futurs des entreprises. Il y a des pays ou quand les entreprises font plus de profit, cela crée plus d’emploi, plus de croissance. En France les profits des entreprises ne veulent pas forcément dire une amélioration de la croissance et de l’emploi. On peut expliquer cela par le fait que les grandes entreprises cotées en France ont la majeure partie de leur activité à l’étranger. Quand Louis Vuitton monte en bourse, cela veut dire que la chine se porte bien…

Comment rassurer les investisseurs ?

Il faut mettre en opposition à ces incertitudes un plan très clair à deux volets. La solution serait de créer un fond de recapitalisation des banques européennes, et d'engager simultanément la restructuration de la dette des Etats défaillants (Grèce, Portugal au moins). On pourrait mettre sur la table une somme de l'ordre de 500 milliards d’euros et dire que ce fond-là servira à recapitaliser les banques mises en difficulté par les restructurations de dette. Grâce a un tel fond, les marchés douteraient moins de certaines banques d’Europe du sud car ils sauraient que derrière il y a de l’argent public disponible pour recapitaliser ces dernières. Celles-ci seraient en meilleure santé et on éviterait une partie de la propagation a l'économie réelle. Ce serait aussi beaucoup moins cher que le dispositif actuel.

Comment expliquez-vous que l’Europe n’ait toujours pas de plan concret, en amont, pour éviter le type de crise que l’on est en train de vivre en Grèce ?

Il est vrai que l’Europe n’est pas la mieux placée pour cela. Cela concerne plusieurs gouvernements avec des agendas différents, des divergences d’opinions. Le blocage vient de l’idée de nationaliser les banques. Si un Etat recapitalise à hauteur de 50% une banque, il devient de ce fait actionnaire majoritaire. Beaucoup d’hommes politiques et d’économistes sont issus de la « génération privatisation », et vivraient ces mesures comme un retour aux années Mitterrand. Aujourd’hui la situation est bien différente, c’est à mon avis le seul plan de sauvetage légitime. Il serait bien plus acceptable pour les Grecs que le fond européen de stabilité devienne actionnaire de deux banques grecques plutôt que de devenir directement  créancier de l’état grec. En termes d’abandon de souveraineté, cela me parait beaucoup moins violent.

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