Christian Gollier : "Si la COP26 veut vraiment être efficace, elle devrait interdire toute construction de centrale à charbon dans le monde"<!-- --> | Atlantico.fr
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Sur cette photo prise le 19 novembre 2015, de la fumée s'échappe d'une centrale électrique alimentée au charbon près de Datong, dans la province du Shanxi, dans le nord de la Chine.
Sur cette photo prise le 19 novembre 2015, de la fumée s'échappe d'une centrale électrique alimentée au charbon près de Datong, dans la province du Shanxi, dans le nord de la Chine.
©GREG BAKER / AFP

Lutte contre le réchauffement climatique

Pour l’économiste et directeur de la Toulouse School of Economics, cette mesure reste politiquement très difficile à mettre en place.

Christian Gollier

Christian Gollier

Christian Gollier est économiste à la Toulouse School of Economics et co-auteur des 4e et 5e rapports du GIEC.

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Atlantico : Le protocole de Montréal de 1987, par lequel les Etats s'interdisent de rejeter des CFC dans l'atmosphère pour protéger la couche d'ozone, était une mesure contraignante mais à portée restreinte, et il a montré ses effets. Ce genre de fonctionnement très ciblé est-il plus efficace que les grands-messes comme les COP ?

Christian Gollier : Concernant, les CFC, il y avait des gaz de substitution pouvant être utilisés comme réfrigérants qui ne coûtaient pas tellement plus cher. Le coût collectif était donc relativement peu élevé. Le changement climatique risque de nécessiter des solutions beaucoup plus coûteuses pour la transition énergétique. Il est difficile d’imaginer un protocole important sur la réduction des émissions pouvant émerger d’une discussion internationale. On peut bien sûr essayer de se concentrer sur des enjeux ciblés.

Il n’y a pas de baguette magique, demander à 200 nations de se mettre d’accord, c’est complexe surtout lorsque cela engage plusieurs pourcents de leur PIB. La logique est toujours celle du passager clandestin, on préfère que les autres fassent l’effort. Les Contributions déterminées au niveau national (CDN) de la COP ne donnent pas de puissance supranationale et laisse chaque pays, sur une base de volontariat, exprimer ce qu’il entend faire, ce qui laisse le verre à moitié vide.

Dans cette optique, y a-t-il une mesure ciblée qui mériterait d’être adoptée de manière contraignante par les participants de la COP pour espérer avoir un réel impact ? Quelle est la mère des batailles ?

Le cas emblématique serait celui du charbon. Si la COP26 veut vraiment être efficace, en ayant un impact de manière peu coûteuse pour les états, elle devrait remplacer le charbon par le gaz naturel. S’il y avait un gouvernement international, la première chose qu’il ferait, pour avoir un impact écologique à budget donné, serait d’interdire la construction de nouvelles centrales à charbon.Mais ce serait compliqué pour certains pays comme l’Inde et la Chine qui en dépendent fortement. Leur croissance économique dépend massivement de la construction de nouvelles centrales à charbon. Pour la France, cela aurait un impact quasi nul. Le coût est très différencié selon les régions, ce qui entraîne des difficultés à produire un accord international.

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Environ 100 pays, dont la France, s'engagent à réduire les émissions de méthane de 30% d'ici 2030, que faut-il en penser ?

C’est un problème qui n’est pas très difficile à régler, de la même manière que les CFC. Les sources de méthane sont relativement ponctuelles (hors élevage). Les sources de méthane sont connues, il est facile de vérifier leur mise sous contrôle. On peut effectivement désigner les sources et demander à les supprimer, ce qui est faisable à un coût relativement faible. A ce titre, on peut rapprocher cela du protocole de Montréal sur les CFC.

Que pourrait-on faire pour que des solutions contraignantes soient adoptées ?

On peut penser à celle proposée par le prix Nobel d’économie 2018, William Nordhaus. Il proposait, au lieu de faire des COP où l’on compte sur la bienveillance de chacun, de rassembler des pays volontaires pour être ambitieux et faire des efforts. En créant une coalition entre ces derniers, il serait possible d’imposer un prix du carbone et des taxes aux frontières aux partenaires commerciaux. Plusieurs versions existent, notamment celle du pacte vert européen qui consiste à taxer l’importation des produits carbonés à la hauteur du carbone engendré pour les produire et les exporter. Ce carbon border adjustment mechanism a été proposé dans le Fit for 55. Ce mécanisme inciterait les partenaires commerciaux à rejoindre la coalition, sous condition. Cela permet ainsi d’éliminer les fuites de carbone tout en intégrant les pays peu à peu jusqu’à ce que la coalition devienne irrésistible.

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