Chômage : la France surperforme (en partant de plus loin que le reste de la zone euro...)<!-- --> | Atlantico.fr
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Au quatrième trimestre de 2021, le nombre de chômeurs a reculé de 5,9%, selon les derniers chiffres communiqués par Pôle emploi.
Au quatrième trimestre de 2021, le nombre de chômeurs a reculé de 5,9%, selon les derniers chiffres communiqués par Pôle emploi.
©PHILIPPE HUGUEN / AFP

Relance de l'économie

D'après les chiffres communiqués par Pôle emploi mercredi, le chômage a reculé de 5,9% au quatrième trimestre de l'année 2021 par rapport au trimestre précédent de la même année. La baisse du chômage est de 12,6% sur un an. Peut-on s’attendre à ce que cette baisse soit durable ?

Bertrand Martinot

Bertrand Martinot

Bertrand Martinot est économiste et expert du marché du travail à l'institut Montaigne, ancien délégué général à l'emploi et à la formation professionnelle. Co-auteur notamment, avec Franck Morel, de "Un autre droit du travail est possible" (Fayard, mai 2016). 

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Atlantico : Selon des chiffres publiés par Pôle emploi ce mercredi, le chômage a reculé de 5,9% au quatrième trimestre de l'année 2021 par rapport au trimestre précédent de la même année. Sur un an, la baisse du chômage est de 12,6%. Le nombre de demandeurs d'emploi est ainsi au plus bas depuis le troisième trimestre de 2012.  Comment expliquer cette baisse ? 

Bertrand Martinot : Il est difficile de ne pas considérer cette baisse comme une bonne nouvelle ! Elle est significative et s’explique mécaniquement par un niveau de création d’emploi exceptionnel. D’après l’Insee, l’économie française aurait créé 620 000 emplois salariés nets en 2021, ce qui est un record.

Cette création d’emploi est due à deux facteurs. Le premier est un rebond conjoncturel qui est le reflet d’un effondrement de l’économie en 2020, liée à la crise sanitaire. Mais c’est également grâce à l'amélioration structurelle du marché du travail qui fonctionne bien mieux aujourd’hui qu’il y a une quinzaine d’années. Cela est imputable à des réformes du marché du travail, notamment celles menées depuis 2017 sous le quinquennat d’Emmanuel Macron. L’environnement général pro-business, la simplification et la stabilisation des allégements de charges, le plafonnement des dommages et intérêts en cas de licenciement et le dialogue social qui se fait aujourd’hui au niveau des entreprises avec des possibilités de dérogation plus importantes qu’auparavant pourraient expliquer en partie ce phénomène. Enfin, on peut également citer la création du statut d'auto-entrepreneur pour expliquer cette baisse. Depuis 2017, il y aurait eu environ 1 millions de création d’emploi nets salariés, ce qui est une très bonne performance dans un contexte d'une croissance moyenne pour le moins médiocre (environ 1 % par an entre 2017 et 2021). 

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Peut-on s’attendre à ce que cette baisse soit durable ? Peut-on remarquer une tendance particulière dans ces chiffres ? 

Ce qui est sûr, c’est que le plus simple a été fait. Le véritable problème est que nous avons aujourd’hui un stock de chômage qui arrive autour de 8%, ce qui correspond à un véritable "noyau dur". Il sera assez compliqué de descendre très en dessous, même avec une forte croissance. En deçà de ce seuil, nous pouvons observer des chômeurs qui sont souvent peu qualifiés et peu mobiles. De plus, ils vivent dans des endroits assez sinistrés économiquement, et cumulent souvent divers des handicaps économiques et sociaux. Des réformes générales du marché du travail ne changeront rien à leur situation. De plus, on remarque bien qu’une personne proche du marché du travail, qui cumule des atouts et qui se retrouve au chômage subitement peut retrouver du travail facilement et n’est finalement pas trop inquiétée. L’explosion des besoins de recrutement prouve bien que ce stock de chômeurs ne correspond pas aux besoins des entreprises. 

Par rapport à nos voisins de l’Union européenne, on se rend bien compte que même si les créations d’emploi sont exceptionnellement élevées, le taux de chômage reste au-dessus de la moyenne européenne. Dans l’absolu, en se comparant aux autres pays européens, nous sommes encore loin du compte et il reste de nombreux points d’amélioration, comme le taux d’emploi des seniors et des jeunes, qui reste assez faible, malgré l’extraordinaire rebond de l’apprentissage dans l'enseignement supérieur. Sans un meilleur accompagnement des chômeurs, les tensions vont continuer à s'accroître et le chômage s’arrêtera de baisser. Le système allemand est par exemple bien plus efficace que le nôtre de ce point de vue. En France, quand le chômage est autour de 8%, on en parle plus. Je pense malheureusement qu’on peut encore parler d'une grande acceptation du chômage dans notre pays.

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