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Fichu foulard ?
Peut-on porter un chèche... sans soutenir l’Intifada ?
Qu’on l’appelle foulard, écharpe ou chèche... c'est un des accessoires de la mode masculine de cet été. Bonne nouvelle : Il n'est plus besoin de s’appeler Yasser Arrafat ou Lawrence d’Arabie pour porter une écharpe en plein été ! Décryptage du phénomène.
Atlantico : D’où vient ce chèche porté non plus sur le crâne mais en écharpe ?
Frédéric Monneyron : Yasser Arrafat portait le chèche. Sa récupération par des Occidentaux date des années 1990 au moment des grandes heures de l'intifada en Palestine. Si les Palestiniens le portaient, en effet, sur le crâne, lors de la Révolte des pierres, ses partisans l’ont eux-même porté en foulard simple. En Europe et aux Etats-Unis, on a commencé à s’intéresser et à produire ce foulard tandis que des jeunes s’en sont emparé.
Au départ, ce foulard avait donc une lourde symbolique politique ?
Initialement, on portait ce foulard en signe de solidarité avec les Palestiniens, en quelque sorte. En France, cette mode a pu venir des banlieues, où réside une communauté d’immigrés importante. Mais comme souvent dans la mode, le port du chèche s’est répandu très généralement au-delà des frontières idéologiques initiales.
Avez-vous un autre exemple de mode communautaire récupéré par la mode “grand public” ?
Oui, dans les années 1980, la mode homosexuelle a, notamment, lancé la mode du pantalon militaire multi-poches ou des T-shirts extrêmement moulants... Très rapidement, tout le monde s’est mis à porter ce qui était initialement une mode homosexuelle. Idem pour le cheche.
Qu’est-ce qui fait que le chèche est devenu l’un des must de l’été 2011 d’après le magazine de mode masculine GQ notamment, peu suspect de sympathie palestinienne ?
Pour séduire le plus grand nombre, la mode a changé le chèche. Le foulard palestinien a abandonné les carreaux blancs et noirs ou blancs et rouges. On garde le même modèle avec des couleurs et des motifs différents. Au détriment de la symbolique initiale. Le chèche ne véhicule plus le revival de l’Intifada en Palestine. Sinon, on ne verrait pas un jeune bourgeois du XVIe arrondissement le porter ! J’ai sous les yeux un catalogue d’une grande marque masculine de luxe italienne -Corneliani. Eux aussi proposent ce fameux foulard !
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