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Ces soldats français s'ennuyaient, ils sont partis combattre l'Etat islamique en freelance
©Reuters

A l'aventure

Volontaires, bénévoles et apolitiques, une quinzaine de soldats français forme les peshmerga kurdes en Irak sans mandat du gouvernement français.

Antoine Bienvenu

Antoine Bienvenu

Antoine Bienvenu est journaliste.

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Ils se battent contre Daech aux cotés des Peshmerga kurdes. Une quinzaine de militaires français volontaires et bénévoles s’est regroupée au sein de l’association « Task Force Lafayette », du nom d’une unité qui servait en Afghanistan de 2009 à 2012. Ils viennent de différents corps de l’Armée française : Légion, forces spéciales, Armée de Terre, Marine.

La principale motivation qui les a conduits au départ semble être l’ennui qu’ils ressentaient dans leurs casernes et le besoin d’action. « Je n'étais plus très à l'aise dans l'armée, a expliqué l’un d’eux, surnommé Chuck, à un reporter du site Vice. J'ai besoin d'une vie dynamique, je ne peux pas rester sans rien faire. Alors me voilà ». Un autre, appelé Kopp, ajoute : « L'armée, je n'y trouvai plus mon compte, je me sens plus utile ici que là-bas. Avec les réformes budgétaires, les missions sont réduites, la vie courante aussi ».

Mais les motivations sont aussi de défendre les intérêts français.  « La France doit intervenir au sol contre Daech. C'est logique au vu des dernières attaques à Paris. En tant que citoyen français on se doit de participer à ce conflit ». A France Info, un autre combattant qui se fait appeler Ash déclare : « Il n’y a que sur place que je peux me sentir utile et que je pourrai me dire "Là, enfin, tu fais ton devoir" ».

Pour Gekko, à l’origine de la "Force Lafayette", l’idée de partir est venue en mai 2015 avec "les vidéos d’exécution, les images d’hommes, de femmes, d’enfants, tués, violés, crucifiés...". Des images insupportables. Il a considéré qu’il était de son devoir de partir.

Avant de partir, ils ont constitué une association et ont contacté les autorités françaises pour savoir si leur démarche est légale. C’est bien le cas à condition de ne pas rejoindre de groupe terroriste et de ne pas être payé. La loi du 14 avril 2003 interdit le mercenariat, mais pas le volontariat. Chacun est donc libres de partir en Syrie ou en Irak. DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure) et DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) ont été informés.

Ils ont recruté à travers une page Facebook qui a aussi servi à lever des fonds via Leetchi, une plate-forme internet de crowd-funding. Ils ont recueilli 35.000 euros pour acheter du « matériel », des médicaments, des outils de soins, des kits humanitaires, des rations alimentaires, des paires de jumelles à vision nocturne, des gilets pare-balles. Ils constatent l'efficacité des frappes aériennes de la coalition, qualifiant ironiquement celles des Américains de massives, un peu chargées, alors que celles de la France sont plus précises.

Leur démarche se veut apolitique et areligieuse. Tous les candidats au départ qui avaient des motivations religieuses, anti-islam notamment, ont été écartés. Au final, ce sont tous des amis d’amis. Ils ont entre 20 et 55 ans.

Comme ce groupe se revendique "neutre", parmi tous les groupes armés, leur choix s’est porté sur les peshmerga au Kurdistan irakien, plutôt que sur les différentes factions de l’armée syrienne libre, trop politiques.

Selon France 24, un autre groupe français d’anti-EI, les "Dwekh Nashwa" - "Les futurs martyrs" en araméen - ont également une poignée de combattants sur place. Ils prônent en revanche la création d’une "armée chrétienne" pour combattre la "barbarie islamique". » Selon un article du Parisien publié en septembre 2015, cette autre armée compterait 200 candidats au départ. Ils se sont depuis re-baptisés «Bataillon Beaufort».

Les Français de la Force Lafayette ne combattent pas. Répartis dans plusieurs unités, ils apportent une aide logistique et de formation et comptent rester de 4 à 12 mois. Au site Vice, le colonel Mustapha de l’armée des Pershmerga kurdes explique : « Ils vont nous aider à mettre en place des formations qu'on ne connaît peut-être pas. Et voir des étrangers adhérer à la cause, cela remonte le moral des troupes, c'est important ». Chuck, l’un des soldats français engagés précise : « Nous nous sommes engagés à ne participer à aucune attaque, mais en cas d'offensive de l'ennemi, nous riposterons. Notre rôle sera avant tout de fortifier l'entraînement militaire des Peshmergas ». 

Un bon stage et un bon voyage d'études, en somme. 

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