Ces risques majeurs qui n'étaient que de la science-fiction et qui nous menacent maintenant réellement<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
Le WEF s'inquiète énormément des changements climatiques qui peuvent entraîner de graves conséquences sur notre planète.
Le WEF s'inquiète énormément des changements climatiques qui peuvent entraîner de graves conséquences sur notre planète.
©Reuters

Le futur est déjà là

Selon un rapport du Forum économique mondial, la planète court des risques globaux dont certains semblent parfois tout droit sortis de romans de science-fiction.

Catastrophes naturelles, crise financière ou encore "cyber-incendie. Ces mots font peur. Notre planète est de plus en plus vulnérable notamment en raison des risques liés aux catastrophes naturelles et bien évidemment à la crise financière. Un rapport du Forum économique mondial met en effet en avant des risques qui, hier encore, ne semblaient être que de la science-fiction. Passage en revue de ce qui pourrait arriver demain.

Qui pense à la science-fiction songe instantanément aux technologies. Comme l'indique un rapport, de nombreux risques sont liés aux technologies. Attention par exemple, aux conséquences inattendues des nanotechnologies. La manipulation de la matière à l'échelle atomique et moléculaire soulève en effet des préoccupations sur la toxicité des nanomatériaux.

Le vol des données est bien évidemment également mis en avant. L'exploitation criminelle de données privées devrait prendre des proportions très importantes très rapidement. Les risques liés aux données et aux informations ne tiennent pas qu'au vol de données. La désinformation digitale massive pourrait avoir de graves conséquences. De même, la vulnérabilité des systèmes informatiques pourrait entraîner des défaillances en cascade des infrastructures d'informations et des réseaux sur lesquels le monde s'appuie aujourd'hui.

Science-fiction et technologie font également penser à l'espace. Or le risque technologique lié à l'accumulation de débris d'orbite géocentrique qui pourraient donc abîmer les infrastructures satellitaires est bien réel. Un risque géopolitique lié à l'espace pèse également sur la planète. La militarisation de l'espace pourrait en effet entraîner de nouvelles guerres loin de la terre souvent présentées dans des films comme Star Trek ou des séries comme Battlestar Galactica. Ou quand la science fiction prend vie.

Le rapport s'inquiète également énormément des changements climatiques et plus précisément de la persistance de climats extrêmes. Autre risque environnemental bien présent : la perte irréversible de la biodiversité et l'effondrement d'écosystèmes entiers par la surexploitation de la faune et de la flore par l'homme.

L'homme reste également bien plus qu'il ne le pense vulnérable aux tempêtes géomagnétiques notamment parce que les éruptions solaires pourraient désactiver les systèmes de navigation et de communication.

Quant aux catastrophes naturelles, l'homme semble de moins en moins bien préparé à y faire face malgré ses avancées toujours plus nombreuses dans le domaine des technologies. Et désormais c'est la réalité qui précède la fiction avec des films comme The Impossible ou un le livre D'autres vies que la mienne d'Emmanuel Carrière qui traitent du Tsunami de 2004.

Catherine Véret est directrice générale adjointe de Promontory Financial Group France notamment en charge des risques opérationnels en méthode avancée, incluant les problématiques de risques systémiques et de gouvernance. Elle est co-auteur de Fonction : Risk Manager avec Richard Mékouar. Elle a répondu à nos questions sur les grands risques de notre époque.

Atlantico : La planète serait-elle de plus en plus vulnérable notamment en raison des risques liés aux nanotechnologies, à la vulnérabilité des systèmes informatiques, aux tempêtes géomagnétiques, au changement climatique… ?

Catherine Véret : Je ne sais pas si la planète est de plus de plus vulnérable. Peut-être en sommes-nous seulement de plus en plus conscients ! En revanche, les risques augmentent en fréquence et en intensité. La prise du site gazier d'In Amenas en Algérie, qui a fait 38 morts parmi les centaines d’otages est impressionnant. C’est une première, d’autant plus grave avec les risques industriels induits car le site pouvait exploser d’un moment à l’autre. Le 11 Septembre est aussi le bon exemple d’un grand risque qui pourrait se reproduire et que nous n’avions pas osé imaginer. Le risque augmente parce que l’homme a créé beaucoup de choses en nanotechnologie et informatique et il est de plus en plus difficile de tout contrôler et de plus en plus facile d’y introduire de la fraude et du détournement : fraude financière, intrusion dans les systèmes…

Comment peut-on s'en protéger ?

En mettant en place de vrai dispositifs de gestion des risques extrêmes de "Scenario Analysis" : imaginer les pires scénarios, même ce qui n’est pas encore arrivé et en analyser les causes et les conséquences, non pas pour se faire peur, mais pour préparer sérieusement la réduction du risque (prévention sur les causes, protection sur les conséquences) et limiter et gérer la crise potentielle. Sinon on devient vite dépassé par les évènements. Ainsi les mesures de prévention à prendre sont, par exemple, des contrôles accrus, une automatisation bien recettée, des formations adéquates. Il s’agit aussi des actions de protection comme l'anticipation de limitation de dégâts grâce aux plans de continuité d’activité : mettre en place tout de suite des plans de secours afin de pouvoir continuer à assurer les prestations, puis prévoir la reprise progressive avec un fonctionnement en mode dégradé si nécessaire avant le retour à la normale. Il faut développer ce dispositif de gestion de risques particulièrement sur les risques extrêmes.

Il faut oser imaginer le pire : crise financière, explosion d’une usine type AZF, marée noire, arrêt généralisé d’Internet, tempêtes géomagnétiques. Il s’agit de la 3e génération d’analyse de risques. Dans le monde entier, on en est souvent resté au deuxième stade (privilégiant les risques récurrents), sauf dans les industries à haut risque comme le spatial ou le nucléaire.

Ces risques sont-ils plus à craindre que les risques plus traditionnels comme les séismes ou autres éruptions volcaniques ?

Les risques sont tous à craindre. Ces nouveaux risques en partie créés par le progrès scientifique de l’homme se développent à grande échelle et vite, et sont mondiaux donc plus globaux. Ils sont aussi plus récurrents. Il y a souvent des liens entre les domaines mais on ne les voit pas toujours : ce sont des liens transversaux liés au processus. Tout est interdépendant. Il faut aussi regarder les interdépendances entre les différents pays. Seule une couche de gouvernance mondiale, et a minima une gouvernance européenne est dimensionnée pour maîtriser davantage ces risques. La création d’une coopération mondiale est inéluctable, pour moi c’est le sens de l’histoire, puisque nous avons développé des systèmes mondiaux ! La crise financière, dans toutes ses composantes, ne peut être résolue qu’au niveau mondial. Les solutions pour la résoudre ? Limiter le « shadow banking » (les structures financières qui ne sont régulées par personne), traquer la corruption et la fraude par exemple, réguler l’ensemble des activités.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !