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Ces 10 points sur lesquels mise Trump pour être réélu
©MANDEL NGAN / AFP

Elections américaines

Donald Trump annoncera sa candidature à un nouveau mandat le 18 juin prochain à Orlando, en Floride.

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

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18 juin : Donald Trump annonce sa candidature pour être réélu et amener avec lui un Sénat Républicain. Comment faire ?

1 – Des juges Républicains partout. On ne le dit pas assez, mais le Sénat Républicain permet de changer durablement la teinte politique du système judiciaire américain. Deux juges ont été nommés à la Cour Suprême, le violent épisode Brett Kavanaugh en montrant les enjeux : faire passer la majorité dans un camp franchement conservateur. Déjà, on compte 37 nominations de Juges de Cour d’Appel et 63 de Cours de district. 100 postes sont vacants, avec 43 nominations attendues dans les mois qui viennent. Ces juges à vie, entre 40 et 50 ans, seront là après Donald Trump. La « Républicanisation » de la justice américaine est en cours, en attendant, à la Cour Suprême, le départ de Clarence Thomas qui, à 70 ans, veut laisser la place à aussi conservateur que lui et celui de la démocrate affirmée Ruth Bader Ginsburg, 86 ans, à la santé fragile, et qui veut l’inverse.

Pourquoi cet objectif premier ? D’abord, parce que c’est politiquement faisable, avec ce noyau d’électeurs Républicains sous influence des Évangélistes anti-avortement. Ensuite parce que cette majorité Républicaine nommant des juges conservateurs donnera à Trump une protection après la Maison Blanche. Donald Trump pense à l’Amérique, et à son futur !

2 – 25 ennemis à abattre aux Primaires : 23 démocrates dont Joe Biden, plus 2 Républicains. C’est reparti !Le même jeu de quilles, cette fois contre les Démocrates : noms estropiés, sobriquets, simplifications, mensonges, attaques frontales… La question demeure des réponses des électeurs, maintenant que l’effet de surprise n’existe plus. Faudra-t-il en rajouter ?

3 – Impeachment : à freiner, mais sans excès. En effet, il peut tout autant détourner et diviser l’attention des Démocrates que fédérer les Républicains qui le soutiennent ! Donc répondre, mais montrer que l’essentiel est ailleurs : dans la force retrouvée des États-Unis, à accroître !

4 – Des crises ou tensions financières : Turquie, Iran, Chine, Mexique… pour faire baisser les taux longs américains et valoriser le dollar refuge. Les taux longs sont à 2,1% pour une inflation à 2,5% et une inflation sous-jacente (hors nourriture et énergie) à 2%. Ils sont très bas, non parce les marchés attendent une récession (même si le souci augmente), mais parce que les inquiétudes sont partout. Bruits de botte en Iran, tensions navales en mer de Chine, crise financière en Turquie (taux d’intérêt à 24%), remontée des droits de douane avec le Mexique : tout montre les dangers qu’il y a à affronter les États-Unis, et à quel point le bon du trésor américain est le meilleur refuge, sûr et liquide. Valoriser les États-Unis comme placement ultime permet d’attirer l’épargne du monde, ce qui réduit d’autant la menace chinoise de ne plus acheter de bons du trésor américains, voire d’en vendre !

5 – Calmer le combat commercial avec une Chine affaiblie.Donald Trump attise les tensions, les calme, puis les attise, et Xi Jinping répond. On voit monter les enjeux, ainsi avec Huawei dont l’accès aux technologies américaines est bloqué. Le coup est direct, sachant que, malgré les pressions de Washington pour forcer l'Europe à évincer Huawei des réseaux 5G, France, Allemagne, et même Royaume-Uni ont décidé (jusqu’à présent) de ne pas suivre. Dans ce contexte, les opérateurs télécoms vont s’interroger, l’obstacle semblant (à court terme) infranchissable à Huawei. Sa prochaine génération de 5G est en question, affectant la Chine mais aussi l’Europe, plus ses terminaux. Jusqu’où ? Et le Président Xi visite une usine de « terres rares », indispensables à tous les équipements électroniques, et dont la Chine est le producteur dominant. Le conflit passe-t-il des tarifs aux droits de propriété, puis à la frontière technologique : semi-conducteurs contre « terres rares » ? Les États-Unis ont réussi à freiner (sinon pire) Huawei. Reste leur dépendance aux « terres rares » : elles deviendront plus chères, ce qui poussera les États-Unis à recreuser, eux et leurs alliés ! Une guerre d’usure, dangereuse, mais on n’a rien sans rien !

6 – Un chômage minimum, pour une croissance aussi durable que possible.Les États-Unis sont à quelques semaines d’enregistrer la plus longue expansion de leur histoire : il s’agit de la prolonger. Les taux longs baissent (point 4), avec des consommateurs fringants, derrière un emploi solide. La croissance américaine s’établit à 3%, mais l’investissement donne des signes de ralentissement. Maintenir une consommation et un logement toniques, réindustrialiser (acier), freiner l’immigration (Amérique latine), rapatrier des activités (Chine, automobile), permettent de maintenir le taux de chômage au plus bas (3,8%) et des salaires élevés, ce qui repousse le départ en retraite. Voilà le secret : un chômage bas pour payer plus, ce qui conduit à travailler plus d’années une population active décroissante et ce qui « tient » la croissance !

7 – Le baril de pétrole à 55-70 dollars. Evidemment, il faut que le prix du pétrole ne remonte pas vers 100 dollars, au risque de faire ralentir la croissance mondiale, sinon pire. C’est pour cela que les États-Unis ont systématiquement encouragé, outre leur production de pétrole classique, celle de pétrole de schiste, jusqu’à redevenir le premier producteur mondial de pétrole et à en exporter. Ceci leur permet d’être le régulateur des prix, d’autant que la production vénézuélienne est au plus bas et que l’allié saoudien s’est engagé à compenser la baisse iranienne, suite au durcissement de l’embargo américain. Les États-Unis doivent rester le swing producer pétrolier du monde !

8 – Le Dow Jones à 25 000-26 000. La croissance trumpienne passe par un effet richesse, avec une bourse forte, garante d’entreprises qui peuvent se développer par OPA (dans et hors des USA), avec des retraites par capitalisation bien orientées. La politique économique de Donald Trump est boursière : on retrouve ici ses baisses d’impôts, qui ont alimenté les rachats d’actions. Plus de 80% des firmes du S&P 500 qui ont présenté leurs résultats ce premier trimestre ont racheté pour 180 milliards de leurs titres, un chiffre croissant chaque trimestre en 2018. Si le Dow va, tout va !

9 – Un Sénat qui accepte plus de dépenses publiques et réhausse le plafond de la dette. L’intérêt conjoint des Démocrates et des Républicains est de laisser monter les dépenses publiques : infrastructures pour les uns, armement pour les autres. Donc le plafond de la dette sera remonté pour les deux ans qui viennent ! Tous les politiques doivent profiter des taux bas pour creuser le déficit, ce qui suppose de « gérer l’impeachment » (point 3) !

10 – Prendre le pouvoir à la Fed pour y faire laisser monter l’inflation à 2,5% et y baisser les taux, si nécessaire. Donald Trump a fait cesser les hausses de taux courts. Aujourd’hui, il s’agit de faire accepter une inflation à 2,5%, pour prolonger la croissance avec plus d’inflation salariale. Mais, si les taux longs baissent encore, avec aussi peu d’inflation, devenant inférieurs au taux courts (comme maintenant) ils annonce(raie)nt la récession. Ceci devra pousser Powell, ou son successeur (!), à baisser les taux courts, une fois, deux fois ? Il faut donc remplir les deux postes libres à la Fed avec des Trumpiens crédibles. Tout commence et tout finit par la Fed !

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