Bonnes feuilles
Ce que la gauche appelle la droite ou la droite décomplexée vue de gauche
Dans son ouvrage L'empire du politiquement correct (éditions du Cerf) Mathieu Bock-Côté interroge le politiquement correct, la pensée unique et l'empire auto-consacré du Bien. 1/2
Mais il arrive que la droite – ou du moins, qu’une part de la droite – veuille changer la donne et combattre la gauche frontalement. Elle ne se veut plus bonne élève mais insurgée. Elle n’en peut plus de vivre sous surveillance, en se demandant si elle va trop loin, en plus d’aller dans la mauvaise direction, alors naît en elle un désir offensif. Elle se convainc qu’un programme tiède n’a d’intérêt pour personne et qu’un cocu content n’est pas très inspirant. Elle n’en peut plus de refouler ce qu’elle pense ou croit penser – à tout le moins, ce qu’elle est certaine de ressentir. La droite veut alors s’assumer et s’affranchir du regard de la gauche. Elle n’entend plus s’excuser d’exister. Elle veut désormais confronter la gauche sur son terrain en ne lui laissant plus le monopole des codes de la respectabilité. Elle se révolte et n’accepte plus de vivre sous sa tutelle idéologique. C’est ce qu’on appelle la droite décomplexée. La droite devrait alors retrouver ses valeurs, son imaginaire propre, et ne plus se définir
Ce que la gauche appelle la droite simplement comme une gauche prudente. Elle ne se contentera plus d’un pragmatisme gestionnaire mais formulera sa propre vision de la bonne société.
Lorsqu’elle se sent audacieuse, elle se met même à lire Gramsci, ou du moins, elle le prétend – elle a compris que Gramsci est devenu le symbole d’une volonté de construire une hégémonie idéologique. C’est l’heure de la révolution des valeurs. Elle annonce son désir de récupérer les thèmes politiques abandonnés, qui tournent généralement autour de la question identitaire et plus largement de la question civilisationnelle, et qu’elle avait abandonnés à la droite populiste. Cet appel au grand élan d’une droite libérée de son complexe de gauche énergise sans le moindre doute une bonne partie de sa base électorale habitée par une forte conscience nationale et hantée par le sentiment de l’abaissement de la patrie.
Extrait de "L'empire du politiquement correct" de Mathieu Bock-Côté, publié chez les éditions du Cerf
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