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Ce que l’évolution du prix des matières premières nous apprend sur notre avenir économique
©SCOTT OLSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

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Dov Zerah revient cette semaine sur l'évolution du prix des matières premières face à la crise sanitaire et économique du Covid-19. Les premières tendances des conséquences économiques de la crise se dessinent.

Dov Zerah

Dov Zerah

Ancien élève de l’École nationale d’administration (ENA), Dov ZERAH a été directeur des Monnaies et médailles. Ancien directeur général de l'Agence française de développement (AFD), il a également été président de Proparco, filiale de l’AFD spécialisée dans le financement du secteur privé et censeur d'OSEO.

Auteur de sept livres et de très nombreux articles, Dov ZERAH a enseigné à l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po), à l’ENA, ainsi qu’à l’École des hautes études commerciales de Paris (HEC). Conseiller municipal de Neuilly-sur-Seine de 2008 à 2014, et à nouveau depuis 2020. Administrateur du Consistoire de Paris de 1998 à 2006 et de 2010 à 2018, il en a été le président en 2010.

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Nous avons des nouvelles contradictoires sur la situation économique mondiale. Aux États-Unis, les chiffres de l’emploi sont meilleurs que prévu. En Chine, malgré une activité qui repart plus vite qu’estimé, les défaillances d’entreprises sont importantes et les créances irrécouvrables augmentent dans les bilans des banques.

La situation des matières premières, et notamment celles qui sont le plus négociées, permet d’avoir quelques indices sur la réalité sans pour autant en donner une vue précise. De janvier à fin avril, les prix des matières premières ont baissé de 40 % et les indices boursiers de matières premières sont au plus bas depuis longtemps.

Le 28 avril dernier, j’appelais votre attention sur l’apparition de prix négatifs pour le prix du pétrole américain, résultat de la combinaison simultanée d’un excès de l’offre dû à l’absence de position commune des producteurs et d’une faiblesse de la demande consécutive à la crise économique. Avec un baril à 20 $, on retrouve les prix obtenus par les pays producteurs depuis le premier quadruplement du pétrole en 1973. Depuis, malgré d’importants stocks, le prix du baril remonte et a même doublé avec des prix autour de 40 $. C’est un signe plutôt encourageant.

De même, le rebond des marchés boursiers est aussi prometteuse. Le CAC 40 est remonté de 3 500 à près de 5 000, soit une augmentation de plus de 40 %. Les autres Bourses ont enregistré la même évolution.

Mardi 19 mai, ma chronique a évoqué la flambée de l’or. En une semaine, le prix de l’or a flambé, passant de 1 570 à 1 630 $ l’once, soit une augmentation de près de 4 %. C’est le plus haut niveau en 35 ans. Á 31,1 grammes l’once, cela fait le kilo d’or à plus de 52 000 $. Le cours continue d’augmenter et frôle les 58 000 $ le kilo. En ces temps incertains de baisse de la production mondiale et de défiance vis-à-vis des monnaies et banques centrales, le métal jaune apparait comme l’éternelle valeur refuge.

Comme l’or, l’argent est dépendant de l’offre, de la demande et des circonstances macroéconomiques. En revanche, il est plus tributaire des évolutions technologiques. Même si le prix de l’or et de celui de l’argent paraissent liés, la relation entre les deux métaux précieux est l’objet de nombreux débats. Après une forte baisse en mars, le prix de l’once a retrouvé son niveau du début de l’année et frôle les 18 $.

Dans le contexte de récession, le minerai de fer résiste avec une tonne à près de 90 $ ; après une baisse en janvier, le cours est reparti pour retrouver le niveau d’avant Covid-19. Le marché international du fer dont le cours est côté à Singapour, concerne environ 1 500 millions de tonnes, et est dominé par deux producteurs, l’Australie et le Brésil qui assurent 80 % des transactions principalement à destination de la Chine qui en achète les deux tiers.

Conséquence de la situation chinoise, l’augmentation du prix de l’acier, au plus haut depuis cinq ans, est une des manifestations les plus caractéristiques de la pandémie.

De même, avec un prix entre 1 350 et 1 500 $ la tonne, l’aluminium est marqué par la baisse des activités des secteurs aéronautique et automobile.

Premier métal utilisé à grande échelle par l’homme, le cuivre a depuis le début de l’année un prix qui oscille entre 5 et 6 000 $ la tonne. Depuis 1960, le prix du cuivre est dans une phase ascendante, et a été multiplié par dix en soixante ans. Le cuivre est nécessaire pour l’électricité, les technologies vertes, les véhicules électriques, et la demande de cuivre augmente régulièrement ; elle a doublé au cours des vingt-cinq dernières années et devrait augmenter de 50 % d’ici 2035. La production mondiale annuelle de plus de 20 Mt, dont le seul Chili assure un quart, ne suffit pas à satisfaire la demande ; cela assure un rôle essentiel au recyclage.

Toutes les matières premières agricoles connaissent des difficultés avec le fléau. Les flux logistiques sont désorganisés. Certains pays n’hésitent pas à prohiber les exportations.

Tant le prix du boisseau de blé que celui de maïs ou de soja est en légère augmentation et ne laisse pas présager de difficulté particulière.

En revanche, la situation est totalement différente pour le riz à cause du ralentissement des exportations de l’Inde et du Vietnam, principalement dû aux effets des désorganisations consécutives liées au fléau. Il en résulte une augmentation des prix préjudiciable aux pays importateurs et principalement africains.

La pandémie bouscule le coton. En cinq mois, le cours a perdu 30 % en passant de 70 cts$ la livre à moins de 50, cours enregistré pour la dernière fois en 2009 ; il y a seulement deux ans, le cours dépassait les 90 cts$. Le marché connait de graves difficultés, des embarquements ne sont pas réalisés, des contrats ne sont pas respectés… Tout cela survient alors qu’en Afrique sub-saharienne, les semis sont réalisés en juin-juillet et que plane le risque d’une invasion du criquet pèlerin. Les temps sont durs pour le coton qui subit la concurrence de la fibre de polyester, fibre synthétique, galvanisée par la baisse du baril de pétrole.

L’ensemble de ces exemples démontre la difficulté d’avoir une idée précise de la situation économique. Néanmoins, ils permettent de déceler les premières tendances des conséquences de la pandémie.

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