Mais au fait...
Ce que financent vraiment les hausses de tarifs des autoroutes
Tarifs élevés et rapport de force à l'avantage des sociétés concessionnaires, c'est ce que pointe du doigt un rapport de la Cour des comptes publié hier mercredi. Un signal fort envoyé à des entreprises qui se considèrent souvent comme intouchables.
Atlantico : La Cour des comptes a rendu public hier mercredi 24 juillet un rapport qui dénonce le système de fixation des tarifs des autoroutes et leurs montants élevés depuis la privatisation des sociétés autoroutières en 2006. Que financent les revenus des péages ? Et que financent réellement les hausses de tarifs ?
Daniel Dechaux : Les revenus des péages sont affectés en moyenne à 30% à la construction et à la rénovation des autoroutes, à l'Etat sous forme de divers impôts et taxes (dont TVA) pour 40, à l'exploitation du réseau (entretien courant, surveillance, perception du péage) à hauteur de 15% et enfin 15% sont distribués aux actionnaires. Les chiffres que je vous donne ici sont bien évidemment des moyennes et ne représentent pas les détails de chaque compagnie mais donne une idée très clair de la réalité de la question. Pour le groupe ASF (1ère société française concessionnaire d'autoroutes) la construction ne représente que 15% et la distribution aux actionnaires 21%.
Les hausses de tarifs sont destinées à financer la hausse des coûts d'exploitation (notamment celle liée à l'inflation) et les nouveaux investissements de construction et d'équipement. En réalité, elles financent les investissements (parfois même une part des investissements de renouvellement) et participent largement à la croissance des profits.
Ces augmentations cachent-elles une mauvaise rentabilité des sociétés concessionnaires d’autoroutes ? Si oui, comment s'explique-t-elle ?
La rentabilité des autoroutes anciennes est excellente et ne cesse de s'améliorer comme le montre l'évolution des marges opérationnelles ( supérieures à 50%) des grandes sociétés. Celle des sociétés récemment créées est plus aléatoire, elles exploitent des autoroutes de faible longueur et surtout à faible trafic.
Peut-on parler de rapport déséquilibré entre l’Etat et les sociétés concessionnaires d’autoroutes au détriment des usagers ?
Le dialogue entre l'Etat et les sociétés d'autoroutes est déséquilibré. La précipitation dans laquelle se sont faites les privatisation des sociétés d'autoroute n'a pas permis à l'Etat, autorité concédante de se doter des moyens juridiques nécessaires pour exercer un contrôle efficace des sociétés concessionnaires, moyens dont disposait davantage l'Etat quand il était actionnaire. En outre, l'Etat se montre peu enclin à utiliser les rares moyens dont il dispose et adopte bien souvent une attitude de laisser-faire.
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