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Bruno Le Maire, ministre de l'économie
Bruno Le Maire, ministre de l'économie
©PHILIPPE DESMAZES / AFP

Atlantico Business

Bruno Le Maire joue gros en cette rentrée qui se présente mal : entre le risque de l’inflation et celui de pénurie, le tout dans un climat politique qui ne permet toujours pas de s’assurer d’une majorité. Il va devoir rassurer les Français et les marchés.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le pari de Bruno Le Maire est double : il doit aider les Français et rassurer les marchés. Les deux objectifs sont souvent contradictoires, le ministre de l’économie, numéro 2 du gouvernement, veut croire, lui, qu’ils sont complémentaires. C’est son projet mais c’est aussi sa conviction. L’élite dirigeante de l’économie est indispensable au redressement, mais le dynamisme des marchés est lui aussi nécessaire. La déprime ne profite à personne. 

Du côté des Français, Bruno Le Maire a tout fait depuis le début du mois de juillet pour les rassurer. Il a obtenu du Parlement le vote du paquet « pouvoir d’achat » en négociant quelques compromis, qui lui ont permis de rassurer l’opinion sans tomber dans la démagogie où voulait l’entrainer l’extrême gauche. Paradoxalement, il a montré qu’on pouvait gouverner sans nécessairement avoir une majorité absolue et du même coup, il a fait reculer la France insoumise. 

Maintenant, il va falloir concrètement affronter les choses sérieuses. Le risque d’inflation violente et le risque de pénurie d’énergie. Là encore et c’était en début de semaine, dans le quotidien Sud-ouest, il a confirmé les ristournes sur l’essence, les primes de rentrées et les primes Macron, sans parler de la disponibilité des fonds d’intéressement, la suppression de la redevance télé ou la revalorisation des points retraites.  L’essentiel de l’armement anti-inflation se compose principalement de distribution de pouvoir d’achat en cash. 

Les difficultés que vont rencontrer une grande partie des Français représentent une sorte de contribution à la guerre en Ukraine. Cette idée-là est passée. Mais pour qu’elle puisse passer, il a fallu démontrer que la France pouvait répartir cet effort plus équitablement, d’où le bouquet des aides et des soutiens aux plus défavorisés. 

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Le problème dans ce type de politique, c’est qu’il faut aussi prouver que cette assistance ne viendra pas hypothéquer les finances publiques. D’où une action particulière en direction des marchés et des chefs d’entreprises. 

Du coté des patrons, Bruno Le Maire ne ménagera pas sa peine. Il le encore fera dès lundi en ouverture de la traditionnelle université d’été du Medef, la REF. Il connait bien les chefs d’entreprises qui lui font confiance et qui, depuis qu’il est à Bercy, le soutiennent. Sauf que le monde des affaires est extrême vigilant. La guerre en Ukraine a modifié le logiciel sur lequel la mondialisation s’est développée. Les risques écologiques vont entrainer des investissements démesurés dans un très proche avenir. La fièvre monétaire est en train de retomber. Et comme dit Warren Buffet, c’est quand la mer se retire qu’on découvre ceux qui ne tiennent pas debout. Les chefs d’entreprises savent qu’ils existent parmi eux beaucoup de zombie. Il va falloir les accompagner sans les bercer d’illusion. 

C’est à ce difficile exercice qu’on verra le degré de confiance des chefs d’entreprises envers le ministre des Finances. Cette confiance dépend de deux séries de facteurs. 

D’une part, les chefs d’entreprises ont besoin de marchés dynamiques mais ils redoutent l’assistance qui ne prédispose pas à l’effort. Leur problème aujourd’hui est de trouver des salariés. Ils sont prêts à tout pour améliorer les conditions de travail, mais pas à mettre en difficultés leurs entreprises. Beaucoup d’entreprises ne trouvent pas de salariés pour des raisons techniques liées à la pénurie de formation, mais ils n’en trouvent pas parce que depuis le Covid, beaucoup ont du mal à revenir travailler.  Bruno Le Maire le sait.  « Il faut travailler à l’attractivité du travail. » 

Mais d’une autre part, les chefs d’entreprises ont besoin de stabilité. Stabilité fiscale et normative. Refuser des hausses d’impôts punitives que réclame l’extrême gauche. Et refuser des normes environnementales tout aussi politiques et dont les courants écologistes sont si friands. Il y a d’autres méthodes d’agir que d’ajouter des taxes aux taxes ou des règles aux règles déjà existantes. 

Bruno Le Maire sait que tout cela composera le prochain budget et interfère sur son équilibre. Il joue gros. 

A court terme, il doit composer avec les humeurs de l’opinion qui pèsent sur l’humeur du président de la République, sur les chefs d’entreprises et sur les investisseurs.

A plus long terme, il ne peut rien faire qui puisse détériorer les conditions de la croissance. L’inflation focalisée sur quelques secteurs de l’économie, c’est gérable. L’endettement public, c’est gérable aussi. Mais la décroissance, faute de prendre en compte les mutations structurelles, serait une catastrophe.  Le déclassement de la France sur le marché international aussi.

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