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Boom du gaz de schiste ou non, nous n’en avons pas fini avec le pétrole du Moyen-Orient
©Reuters

Schiste ou pas schiste

Les ressources en pétrole et gaz de schiste présentes dans le sol américain devraient fortement diminuer d'ici une dizaine d'années. C'est du moins ce que prédit un rapport de l'Agence Internationale de l'Energie. Problème : les États-Unis misent leur indépendance énergétique sur ces quelques ressources depuis plusieurs années maintenant et devront alors se tourner vers les pays du Golfe Persique pour assurer leur approvisionnement en pétrole.

Jean-Pierre Favennec

Jean-Pierre Favennec

Jean-Pierre Favennec est un spécialiste de l’énergie et en particulier du pétrole et professeur à l’Ecole du Pétrole et des Moteurs, où il a dirigé le Centre Economie et Gestion. 

Il a publié plusieurs ouvrages et de nombreux articles sur des sujets touchant à l’économie et à la géopolitique de l’énergie et en particulier Exploitation et Gestion du Raffinage (français et anglais), Recherche et Production du Pétrole et du Gaz (français et anglais en 2011), l’Energie à Quel Prix ? (2006) et Géopolitique de l’Energie (français 2009, anglais 2011).

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Atlantico : Selon un rapport publié par l'Agence International de l'Energie, l'indépendance énergétique de pétrole et de gaz de schiste des Etats-Unis pourrait ne durer qu'une décennie encore. Ils devraient alors se tourner vers  les pays du Moyen-Orient afin de combler leur déficit. Cela représente-t-il une occasion pour les pays du Golfe de faire leur come back sur ce marché ?

Jean-Pierre Favennec : Le Moyen Orient dispose de 50 % des réserves de pétrole et de plus de 60 % des réserves de pétrole conventionnel. La production du Moyen Orient représente plus de 30 % de la production mondiale, un chiffre à peu près stable au cours des dernières années. Le Moyen Orient est donc incontournable pour le pétrole et également pour le gaz puisque l'Iran et le Qatar sont, avec la Russie, les trois plus grands pays pour les réserves de gaz.

La production de gaz et de pétrole a fortement augmenté aux Etats Unis récemment grâce au développement des gaz de schistes et des LTO (Light Tight Oil - nom donné aux pétroles de schistes). La durée de vie de chaque puits d'hydrocarbures est relativement courte mais l'intensité des forages est telle qu'il est difficile de se prononcer sur l'avenir des productions d'hydrocarbures non conventionnels aux Etats Unis.

En tout état de cause les pays du Moyen Orient sont depuis 70 ans des acteurs majeurs du secteur des hydrocarbures. La demande est telle en Asie que le rôle fondamental de ces pays demeure et demeurera.

Les pays du Golfe persique seront-ils prêts en termes de ressources et de politique à signer de nouveaux contrats avec les Etats-Unis ?

Le lien historique forgé entre les Etats Unis et l'Arabie Saoudite lors de la rencontre entre le roi Ibn Saoud et le président Franklin Roosevelt en février 1944 (protection américaine contre approvisionnement du marché par l'Arabie Saoudite) s'est distendu avec les événements du 11 septembre 2001 et le développement de la production aux Etats Unis. Mais rien n'empêche les compagnies américaines de rester très présentes aux Etats Unis, de manière directe au Qatar par exemple avec la participation de compagnies US aux compagnies de GNL mais également par la fourniture de services. Rien n'empêchera non plus l'Iran, si les conditions sont favorables, de passer des contrats avec les sociétés américaines.

Toujours selon ce rapport, les pays du Moyen Orient exportateurs de pétrole n'investiraient que très peu dans le pétrole, ce qui pourrait mener à un déséquilibre quant à l'offre et la demande. Comment expliquer cette situation ? Pourquoi le Moyen Orient n'investit plus dans le pétrole ?

Les coûts de production du pétrole au Moyen Orient étant plus faibles que dans de nombreuses zones, les investissements nécessaires sont plus faibles. Les pays du Golfe jouent également un rôle d'ajustement de la production aux besoins et n'ont pas de raison de mettre en place des capacités nouvelles qui seraient excédentaires et pèseraient sur les prix. Mais il est clair que les pays du Golfe cherchent à correctement approvisionner le marché et les capacités vont s'accroître en Irak et probablement en Iran si la situation politique s'y prête.

A quelles conséquences peut-on s'attendre sur le marché mondial de l'énergie ?

Les pays du Golfe ont à de nombreuses reprises affirmé leur volonté d'approvisionner correctement le marché. Il semble peu probable que cette politique change à l'avenir. A moyen terme on peut cependant s'interroger sur l'équilibre entre une production qui ne peut croître indéfiniment et une demande potentielle très forte en particulier en Asie.

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