Argent sale
Banksters : Tout sur le côté obscur du système bancaire international par l’homme qui avait infiltré les réseaux de Pablo Escobar
Robert Mazur, un agent spécial des douanes américaines, a infiltré les cartels de la drogue et les systèmes de blanchiment d'argent de Pablo Escobar. Il a tiré de cette expérience une comparaison alarmante avec le système bancaire actuel, dont l'opacité permet de dissimuler d'énormes mouvements de capitaux.
Sous le pseudonyme de Bob L. Musella, il a blanchi des quantités astronomiques d'argent sale. Au total, plus de 26 millions d'euros (34 millions de dollars) de cash issu du trafic de cocaïne sont passés entre ses mains dans les années 1980, pour être transformés comme par magie en transaction bancaires traçables, référencées et au-delà de tout soupçon.
Mais Robert Mazur n'était pas un trafiquant comme les autres. Infiltré au milieu des cartels de la drogue colombiens pendant 5 ans, cet agent spécial des douanes est rentré aux Etats-Unis avec une mine d'or d'informations exclusives sur les coulisses du blanchiment d'argent international. Son opération d'infiltration sous couverture s'est avéré être un des plus grand succès du renseignement américain, révélant que la corruption gangrenait les plus hautes sphères. Injectant des millions de "narcodollars" dans les circuits internationaux avec la bénédiction des responsables de la banque, il a pu étudier le mécanisme du blanchiment.
L'opération C-Chase a conduit à l'inculpation du général Noriega, Président du Panama, et de 85 personnes, dont plusieurs officiers de la célèbre Banque de crédit et commerce internationale (BCCI), banque pakistanaise, à l'époque septième plus grande banque privée du monde. Des déboires qui vaudront à la banque d’être qualifiée par le Time de « plus sale banque de toutes». De fait, le démantèlement de cet empire de la fraude d'une valeur de 20 milliards a nécessité la collaboration de 62 pays. Il y avait bien de quoi en faire un livre : L'infiltré : Ma vie secrète dans les banques sales derrière le cartel de Pablo Escobar (The Infiltrator: My Secret Life Inside the Dirty Banks Behind Pablo Escobar's Medellín Cartel) raconte son immersion au grand public. Mais surtout, il tient à mettre an garde : le problème est encore bien plus vaste qu'il n'y parait, et va bien au delà des quelques milliards déjà découverts.
Contre l'opacité du système bancaire international : "la communauté internationale est en train de reproduire aujourd'hui ce que la BCCI et ses officiers faisaient il y a 20 ans"
Selon lui, la corruption n'a fait que s'étendre : "la communauté internationale est en train de reproduire aujourd'hui ce que la BCCI et ses officiers faisaient il y a 20 ans". Il en veut pour preuves le scandale de blanchiment d'argent de la HSBC, mais aussi les paradis fiscaux dédiés aux super-riches, qui prospèrent avec la complicité générale. Comme à l'époque d'Escobar, la technique est la même : cacher aux gouvernement les manipulations d'argent.
Officiellement, le crime générerait 1,6 milliards d'euros d'argent sale chaque année (2,1 milliards de dollars). Ce chiffre n'inclue pas les cas dans lesquels de l'argent "propre" est utilisé à des fins "sales" : une pratique qui mobilise autant, voire plus d'argent que les sommes d'argent sales comptabilisées. Il va plus loin : selon lui, le blanchiment est "une des sources de revenus les plus importantes pour le système bancaire mondial".
Il cite à ce sujet le scandale de la banque Standard Chartered, accusée d'avoir dissimulé des transactions avec l’Iran pour plus de 200 milliards d’euros, contournant les sanctions financières en cours contre l'Iran. Il explique : "les banquiers ont pris l'équivalent de 250 milliards de dollars d'argent légal, et ont caché aux gouvernement le fait que cet argent était utilisé dans des transaction tout aussi légales, pour le compte de nations sanctionnées, dont l'Iran."
Les méthodes sont désormais assez bien connues. Six ou sept techniques différentes sont utilisées pour faciliter les relations entre les gens qui veulent cacher l'argent des yeux des gouvernements. C'est bien souvent pour attirer le client et le fidéliser que les banques tombent dans l'illégalité : elles fournissent ces services, "pour inciter les gens à utiliser leurs services bancaires" et accroitre leurs dépots.
En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.
Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !