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Avons-nous vraiment besoin de la PAC ?
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Arnaque

Si la PAC donne de mauvaises habitudes à nos agriculteurs en aidant les moins productifs, elle coûte par ailleurs au contribuables 179 milliards d'euros.

Claude Fouquet

Claude Fouquet

Claude Fouquet est un ancien haut fonctionnaire français.

Diplômé de l'Ecole nationale d'administration, il a travaillé dans plusieurs cabinets ministériels et fut ambassadeur en République dominicaine.

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La PAC, c’est le refus de la concurrence

Système compliqué et obscur, il pousse nos agriculteurs, soit à mettre leurs terres en jachère, soit à cultiver de manière intensive et polluante des denrées dont les prix ne seraient pas rémunérateurs sans subventions et protections tarifaires. Cela fait baisser notre niveau de vie, puisque nous  payons beaucoup plus cher pour nous nourrir. L’Etat entretient une lourde bureaucratie – un fonctionnaire pour dix agriculteurs – afin de faire ce que le marché ferait mieux et gratuitement.

Étouffer la liberté d’entreprendre et celle des marchés est en contradiction avec les principes mêmes de la construction européenne. Cela a aussi l’inconvénient d’aider les agriculteurs et éleveurs les moins productifs. Nos syndicats agricoles reconnaissent qu’ils pourraient accepter la fin des subventions, si les prix de leurs produits étaient plus rémunérateurs. Mais ce sont justement les subventions versées aux moins efficaces qui encouragent les surproductions et dépriment les prix, cercle vicieux dont nous devons sortir.

Elle maintient le secteur agricole sous perfusion

Fondée sur le protectionnisme, la PAC impose des prix artificiels qui conduisent à des surplus. Exporter ces surplus avec des subventions revient à du dumping au détriment des pays pauvres. Empêcher l’importation de fruits tunisiens et marocains tout en subventionnant l’exportation de blé vers l’Afrique noire appauvrit à la fois le consommateur européen et le paysan africain.

Faut-il continuer à verser d’énormes subventions pour produire en Picardie du sucre de betterave beaucoup plus cher que le sucre de canne ? Produire en Europe une calorie alimentaire consomme environ six calories (pétrole, nitrate, pesticide, etc.), alors qu’en Afrique moins d’une calorie suffit. La PAC empêche les importations d’Afrique et y ruine les cultivateurs par l’aide alimentaire distribuée là-bas gratuitement ou à prix bradés.

Notre pouvoir d’achat augmenterait considérablement si entraient librement boeuf argentin, mouton de Nouvelle-Zélande, fleurs de Colombie, mangues d’Equateur ou oranges du Brésil.

Les autres Européens interprètent la PAC en laissant plus de libertés aux producteurs et consommateurs. Pour la première fois dans l’histoire, l’Allemagne vient de nous dépasser pour le volume des exportations agro-alimentaires. Pourtant la surface agricole n’y estque les deux tiers de la nôtre, et la part de l’agriculture dans le PIB est moins de la moitié de la nôtre. En 1980, nous exportions deux fois plus que l’Allemagne. Elle nous a dépassé en 2010 et exporte même plus de fromage que nous !

Elle coûte très cher

Officiellement, le coût pour la France de la PAC ne serait que de 11 milliards : 50% de plus que l’Allemagne. Mais l’Etat finance en plus des centaines de subventions pour au moins 3 milliards. A cela s’ajoutent les subventions venant des collectivités locales et même d’opérateurs privés, aides et exemptions évaluées à plus de 6 milliards d’euros par ans.[1] Il faut encore ajouter l’énorme déficit de la Mutualité sociale agricole. Pourtant la pension moyenne n’est que de 350 euros par mois.

La PAC coûte chaque année au contribuable plus de 33 milliards. Mais il faut ajouter les surprix payés par les consommateurs. Un think tank européen a calculé que, tandis que le consommateur américain paie ses aliments 10% plus cher à cause du protectionnisme, le consommateur européen les payent 42% plus cher, soit donc des surprix équivalant à plus du double de la TVA.[2] Si l’on applique ce pourcentage à la seule consommation alimentaire des ménages à prix courants, telle que calculée par l’INSEE pour 2009, soit 349 milliards, on obtient plus de 146 milliards de surprix.[3]Au total, notre politique agricole coûte donc aux contribuables 33 milliards au titre de multiples subventions, auxquels il faut ajouter 146 milliards payés par les consommateurs, soit un total de 179 milliards.


[1] Id, p. 19

[2] Globalisation Institute, Bruxelles

[3] Insee – 2.304

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