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Après Chrysler et Ford, Renault-Nissan dans le collimateur de Donald Trump (et Carlos Ghosn s‘énerve)
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Atlantico Business

Les tweets de Donald Trump secouent l’industrie mondiale de l’automobile. Renault Nissan ne sera pas épargné...

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Donald Trump a commencé à gouverner en envoyant des tweets aux quatre coins de la planète. Méthode curieuse mais efficace. Ces tweets dessinent le repli protectionniste et nationaliste de l’industrie américaine qui était délocalisée. 

Les premiers visés sont les constructeurs automobiles : ou bien vous réinvestissez des productions sur le territoire américain et vous créez des emplois, ou alors je relève les droits de douanes à 35% sur les véhicules fabriques à l’étranger et vendus aux Etats-Unis. 
Ford et Chrysler ont semble-t-il obtempéré en annonçant qu’ils stoppaient des investissements au Mexique pour les relocaliser du côté de détroit. 
Au total et en deux tweets menaçants, Donald Trump peut se vanter d’avoir recréé 5000 emplois aux Etats-Unis. 
Tous les constructeurs qui vendent massivement aux Etats Unis courbent l’échine et étudient tous les scenarios possibles pour échapper aux foudres. Carlos Ghosn de passage à las Vegas et en partance pour le salon automobile de Detroit a simplement dit « nous sommes prêts à tout !!! » un commentaire très sibyllin. Prêt à tout quoi ? Tout entendre et surtout tout faire pour s’adapter aux conditions de la gouvernance américaine, sous-entendu, nous serons pragmatiques, soit on relocalise sur le marché américain ce qui est fabriqué au Mexique, soit on paiera les droits de douane de 35% pour les produits qui entreront aux USA. On est prêt à tous, c’est le refrain le plus entendu chez les chefs d’entreprise. Un gouvernement peut décider ce qu il veut, à deux conditions :  
Un, à condition de ne pas changer d’avis tous les deux jours. 
Deux, à condition que la régulation s’applique à tous les concurrents. 
Et d’ajouter que le gouvernement peut aussi, ne pas délivrer la promesse qu’il a faite pendant la campagne présidentielle quand elle va a l’encontre des intérêts du pays. Quand on sait que 70% du programme présidentiel de Trump est irréalisable.
Et c’est un peu ce qui agace les chefs d’entreprise américains ou ceux qui travaillent sur le marché US. Si Donald Trump tient la promesse de protéger l'industrie américaine en rapatriant une grande partie du potentiel de production, il court à l’appauvrissement général de l’économie américaine. Et si Carlos Ghosn s’agace tellement des options de Trump, c’est que son groupe Renault Nissan produit au Mexique, 800 000 véhicules par an (presque autant qu'en France,) plus de la moitié de ces voitures sont destinées au marché US.
Toutes mesures de restriction ou cde fermetures du marché américain sera évidemment gravissime pour le groupe.
En fait, si les constructeurs ne font pas état de leur mécontentement et si Renault va rester discret, c’est qu’ils ne croient pas que Donald Trump ira jusqu’au bout de sa promesse. Evidemment ! 
D’abord parce que un déménagement massif des usines mexicaines, mettrait le pays à feu et à sang. Donald Trump n’a pas forcement intérêt à créer un foyer de désordre sur le flanc sud des Etats Unis et surtout il n’a pas intérêt à provoquer une situation sociale dégradées qui incitera les mexicains à passer la frontière pour venir travailler aux USA. Il a beau avoir promis de construire un mur, la frontière restera poreuse. 
En déménageant des usines aux Etats Unis, il rapatrie des emplois certes, mais il se retrouvera dans l'obligation de faire appel à une main d’œuvre immigrée ce qui n’est pas forcement du gout de ses électeurs. 
Ensuite, si Trump élève les droits de douanes sur les voitures importées, cette taxe sera forcément répercutée sur le prix de vente des voitures. Des voitures de premier prix, disons moins de 15 000 dollars sont toutes fabriquées au Mexique. Elles augmenteront de 30 % minimum ?
C’est donc le consommateur américain, électeur de Trump très souvent qui fera les frais de cette préférence nationale sans pour autant gagner des emplois plus intéressants. 
Toute la négociation entre les constructeurs, les importateurs et les conseillers de Trump porte sur ce type de raisonnement. Et ce qui s’applique à l’automobile peut très bien s’appliquer aux autres produits importés de Chine par exemple. 
L’ambition de Donald Trump sera donc très difficile à réaliser. Il n’est pas sur qu‘il y croit lui-même. 
En revanche, les constructeurs américains ont une autre inquiétude dès qu’ils mettent le pied en Amérique. S’ils échappent aux fantaisies de Trump, ils auront plus de mal à éviter la puissance des entreprises digitales. Les Google, Microsoft, Apple, Facebook, Amazon et même Uber ou d’autres n’ont évidemment pas l’intention de développer des constructions automobiles. En revanche, ils investissent des milliards dans la recherche de procédés informatiques qui permettront de rendre les voitures autonomes. Ils investissent dans les capteurs, les radars, les protocoles de connections, les logiciels de localisations, etc. etc., bref tout ce dont, la voiture aura besoin pour fonctionner sans chauffeur. 
La recherche est très avancée, c’est la raison pour laquelle, les patrons de l’automobile mondiale étaient plus nombreux à las Vegas la semaine dernière qu’à Détroit cette semaine. 
Ils savent très bien que la part du digital représentera à l’avenir l’essentiel de la valeur ajoutée de l’automobile. Ce jour-là, Trump ou pas, les constructeurs seront d’une fragilité extrême sauf à développer une innovation qui leur appartiendrait complètement. Ce qui est loin d’être fait. 

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