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Anniversaires du général de Gaulle. Qu’aurait-il fait ?
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Mémoire

La France commémore cette année le 130e anniversaire de la naissance de Charles de Gaulle mais aussi le 80e anniversaire de l’appel du 18 juin 1940 et les 50 ans de sa disparition. La crise mondiale du Covid-19 éclipse ces commémorations qui auraient pu être grandioses.

Alain Rodier

Alain Rodier

Alain Rodier, ancien officier supérieur au sein des services de renseignement français, est directeur adjoint du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). Il est particulièrement chargé de suivre le terrorisme d’origine islamique et la criminalité organisée.

Son dernier livre : Face à face Téhéran - Riyad. Vers la guerre ?, Histoire et collections, 2018.

 

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La France commémore cette année le 130e anniversaire de la naissance de Charles de Gaulle mais aussi le 80e anniversaire de l’appel du 18 juin 1940 et les 50 ans de sa disparition. La crise mondiale représentée par la pandémie du Covid-19 éclipse largement ces commémorations qui auraient pu être grandioses. Cela dit, je ne suis pas certain que le général - depuis là où il nous regarde - ne soit trop mécontent que les hommages surannés prévus ne soient réduits au minimum. Il n’aurait peut-être pas apprécié certains des intervenants qui se seraient revendiqués de son héritage. 

Mais bien sûr, il est légitime de se poser la question : qu’aurait-il fait confronté à une situation du type coronavirus? Avant de s’aventurer à une moindre réponse, il faut se souvenir qu’il a connu la Première Guerre mondiale (39 millions de morts dans le monde) qui a été suivie par la grippe espagnole (50 - 100 millions de morts) et bien sûr la Seconde Guerre mondiale (73 millions de morts) qui lui a permis de se faire reconnaître. À l’évidence, la situation n’était pas la même, la circulation des informations étant totalement limitée par le pouvoir jusqu'à 1964 (date de la naissance de la deuxième chaîne de télévision) via la RTF puis l'ORTF étatique et des journaux aux ordres à l’exception de l’Humanité (encore que …) et quelques francs-tireurs (l’auteur appréciait beaucoup en 1968 le journal "Combat" disparu en 1974).

Personne ne sait ce qu’aurait fait le général tant il était imprévisible dans ses actions à court ou moyen termes. Toutefois, il avait quelques idées centrales dont il n’a jamais varié : la grandeur de la France même au prix de mensonges éhontés et de sacrifices déchirants. Je ne reviendrai pas sur des plaies encore ouvertes mais me dois de reconnaître qu’il avait raison sur le fond, même si sur la forme, il peut y avoir à redire…

C’est justement dans ce volet qu’une de ses constantes était : "la fin justifie les moyens" dans la mesure où les résultats étaient là. C’était ce qui s’appelait la raison d’État. Des centaines de milliers de personnes l’ont payé très cher mais, à ses yeux, c’était la seule manière de sauver le salut de la majorité de ses concitoyens.

Ces deux éléments peuvent laisser entrevoir quelle aurait pu être (avec infiniment de précautions) son attitude : préserver l’essentiel (et surtout l’indépendance de la France, idée sur laquelle il ne transigeait pas) au prix de choix pouvant être individuellement extrêmement douloureux. Il n’aurait certainement pas délégué à des "sous-fifres" le soin de "communiquer", s’adressant lui-même à la nation au moment qu’il aurait jugé opportun. Je ne pense pas que nous aurions eu tous les soirs, transparence oblige (la transparence n'était pas son "truc") un égrenage du nombre des morts avec une répétition des consignes de sécurité. Si la situation est effectivement extrêmement grave, elle n’impose peut-être pas de prendre tous les citoyens pour des "chenapans" qu’il convient de canaliser. Il y a longtemps que les citoyens les plus ouverts ont compris et que ceux qui refusent l’autorité de l’État ne regardent plus la télévision…

Concernant la polémique qui fait rage à propos du professeur Raoult, il bon de rappeler la phrase attribuée au général : "Des chercheurs, on en trouve ; mais des trouveurs, on en cherche".

Quant à ses collaborateurs, ils auraient eu intérêt à filer droit et à obtenir des résultats. Les colères présidentielles étaient connues et ravageuses. En retour, il savait s’entourer de responsables compétents et pas des faire-valoir qui ne risquaient pas de lui faire de l’ombre. 

Je n’aurai pas l’outrecuidance d’imaginer ce qu’il aurait décidé dans le détail mais il me semble qu’une grande majorité des Français lui aurait fait confiance, même si les sondages n’étaient pas des choses auxquelles il accordait la moindre importance.   

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