"Andromaque" au Théâtre de l’Europe : une Andromaque noyée dans la flaque<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
"Andromaque" au Théâtre de l’Europe : une Andromaque noyée dans la flaque
©

Atlanti-culture

De : Jean Racine Durée : 1h55 Mise en scène : Stéphane Braunschweig Avec : Pierre Plathier, Jean-Baptiste Anoumon, Alexandre Pallu, Jean-Philippe Vidal, Bénédicte Cerutti, Boutaïna El Fekkak, Chloé Réjon, Clémentine Vignals

Paule du Bouchet

Paule du Bouchet

Après quelques années d’enseignement de la philosophie en lycée, puis quelques années de journalisme chez Bayard Presse, Paule du Bouchet a fait la plus grande partie de sa carrière comme directrice éditoriale aux éditions Gallimard. Après avoir été à l’origine de la collection Découvertes Gallimard, elle a créé le département Gallimard Jeunesse Musique, puis le secteur de livres audio Ecoutez lire Gallimard.

Passionnée de musique et autrice, elle a publié une trentaine d’ouvrages dont de très nombreux livres jeunesse et plusieurs livres parus dans la collection Blanche de Gallimard.
Elle est aujourd’hui présidente du Festival Vox de livre audio et de lecture à voix haute et elle poursuit une activité de création éditoriale aux Editions Fario.
Elle continue aujourd’hui à assurer la direction d‘acteurs pour de nombreux projets de livres audio, anime des tables rondes autour de la lecture à voix haute, ainsi que des ateliers d’écriture.

Pour Culture Tops, elle rédige essentiellement des chroniques Théâtre.

Voir la bio »

THÈME

L'argument de la pièce se résume en une phrase : Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, laquelle cherche à protéger son fils Astyanax tout en restant fidèle au souvenir de son mariHector, tué par Achille en combat singulier pendant la guerre de Troie.

POINTS FORTS

En principe, tous les ingrédients y étaient : de bons acteurs, une scène prestigieuse, un auteur célèbre, un metteur en scène fameux. En ce soir d’avant première, l’Odéon était comble, d’un public qui, comme moi sans doute, y allait les yeux fermés. 

De fait, peut-être eut-il mieux valu les garder fermés …

QUELQUES RÉSERVES

Devant une mise en scène parfaitement statique, on commence par se dire que c’est nous qui ne comprenons pas le propos, qui ne saisissons pas le message. Et puis au bout d’une heure, on se reprend : non, le théâtre n’est pas cela, n’est pas cette absence de mouvement, ce décor inexistant, ces corps raides, engoncés dans des costumes noirs. Pourquoi tout ce noir, d’ailleurs? Référence à la guerre de Troie? Esthétisme de bon aloi ? Sobriété assumée? On ne sait pas vraiment.

Ce qui est sûr, c’est que le costume pantalon dont sont toutes deux habillées Andromaque et Hermione permet à cette dernière de parler les mains dans les poches, ce qui confère aux alexandrins une petite allure actuelle, revisitée façon cool. Cela permet sans doute aussi à la comédienne de se sentir un peu plus à sa place sur une scène absolument vide, hormis une étrange et immense flaque rouge, sur laquelle les acteurs évoluent. Vous l’aurez compris, cette flaque liquide et un peu répugnante dans laquelle ils pataugent du début à la fin en s’en envoyant au passage des giclées, figure le sang des morts.

Le texte est dit, on ne peut le contester. Mais bien souvent je me suis surprise à compter intérieurement les douze pieds des alexandrins, comme si ce qui surgissait de cette diction était non du sens, mais des chiffres. Inutile d’en rajouter : je sauve peu de ce spectacle.

ENCORE UN MOT...

On se prend à rêver aux décors somptueux, aux toges et aux diadèmes, aux tirades baroques et à la gestuelle emphatique de l’époque de Sarah Bernhardt. non par nostalgie, il existe fort heureusement de magnifiques mises en scène contemporaine. Mais par ce quelque chose que ces mises en scène à l’ancienne, tout excessives fussent-elles, restituaient et qui me semble le nerf du théâtre : la vie.

L'AUTEUR

• Né le 22 décembre 1639 à La Ferté-Milon, issu d'une famille modeste, Jean Racine est orphelin à l'âge de trois ans. Pris en charge par les Solitaires de Port Royal, jansénistes lui assurant une éducation religieuse et littéraire, Racine s'oriente rapidement vers le théâtre et écrit sa première pièce en 1660. Il se rapproche de plus en plus des milieux mondains et littéraires et noue de nombreuses relations avec des membres influents de l'entourage du roiLouis XIV.

• Jean Racine construit sa renommée sur des pièces épurées portées par les passions humaines, où la tristesse et la fatalité sont incontournables. Le public de l'époque se divise entre les adeptes de la rupture créée par Racine, et les fidèles à la tragédie selon Corneille. Les faveurs de la Cour, en particulier de Mme de Montespan favorient l'ascension sociale et économique de l'auteur, qui est élu à l'Académie française en 1672 et anobli deux ans plus tard.

• Andromaque est une tragédie en cinq actes et en vers de Jean Racine écrite en 1667 et représentée pour la première fois au château du Louvre le 17 novembre 1667. Elle comporte 1 648 alexandrins.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !