Allo la Terre ? Ici Emmanuel Macron<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Emmanuel Macron s'exprime lors d'une interview avec les journalistes Nathanael de Rincquesen et Jacques Legros, depuis Nouméa, le 24 juillet 2023.
Emmanuel Macron s'exprime lors d'une interview avec les journalistes Nathanael de Rincquesen et Jacques Legros, depuis Nouméa, le 24 juillet 2023.
©Ludovic MARIN / AFP

Interview présidentielle

Le chef de l’Etat est revenu sur le bilan des « 100 jours », sur les émeutes et son cap politique lors d'une interview diffusée lors des journaux télévisés de 13 heures de TF1 et de France 2, depuis Nouméa, ce lundi 24 juillet.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

Voir la bio »

Comme s’il voulait faire oublier ses hésitations pour le changement de gouvernement devenu un simple remaniement, et rattraper le loupé du 14 juillet (- l’échéance des 100 jours qu’il avait lui-même décrétés),  avant les vacances gouvernementales qui démarrent ce mercredi soir , Emmanuel Macron a accordé une interview à TF1 et France 2 depuis Nouméa où il est arrivé ce lundi matin. Exercice nécessaire, tant la diffusion de son propos liminaire au Conseil des Ministres où il avait renouvelé sa confiance à Elizabeth Borne, n’avait pas « imprimé ».

L’entretien, manifestement décidé à la hâte, réalisé en duplex, - les deux intervieweurs se trouvant dans les studios de leur chaine respective à Paris, cela ne facilitait ni les relances ni l’approfondissement des questions traitées. Emmanuel Macron voulait délivrer son message, à savoir le bilan qu’il juge avantageux de la première année du deuxième quinquennat, et ouvrir quelques pistes pour la rentrée. Il ne dispose que d’une majorité relative à l’Assemblée Nationale ? C’est fâcheux , mais comme « il n’y a pas de majorité de rechange », il existe des « majorités d’échange » : les textes sont votés à la carte,tantôt avec des voix de droite, tantôt celles du PS et des Ecolos, ce qui a permis l’adoption de la loi de programmation militaire et une « hausse inédite du budget de la justice ». Emmanuel Macron a fait une ouverture en direction des Républicains, - sans les nommer explicitement, en se disant prêt à prendre en compte les propositions « des oppositions », pour faire adopter la future loi sur l’immigration :« Le gouvernement a la volonté de bâtir avec toutes les oppositions constructives », a-t-il lancé. 

Il ne s’est pas livré à de longs commentaires sur les récentes émeutes, si ce n’est ce constat autosatisfait « les violences ont été réglées en quatre jours , grâce à une très forte mobilisation policière » : 45.000 hommes étaient sur le terrain. Et il a martelé son credo : « autorité »et« l’ordre, l’ordre, l’ordre ».

A propos d’ordre, l’affaire du policier incarcéré à Marseille à la suite d’un tir de LBD a pris de l’ampleur entre le moment de son départ de Paris et son arrivée en Nouvelle-Calédonie. Les déclarations de la haute hiérarchie de la Police ( -afin detenter de calmer les esprits dans la cité phocéenne où des centaines de policiers se sont mis en arrêt de travail, le directeur de la Police Nationale a déclaré qu’ «avant un éventuelprocès, un policier n’a pas sa place en prison ».Propos approuvés par le préfet de police de Paris, Laurent Nunez), ont provoqué un tollé à gauche et dans le monde judiciaire. Ces prises de position jettent une nouvelle fois une lumière crue sur les relations conflictuelles entre Police et Justice dans notre pays, et sur la situation « éruptive » dans la Police qui reproche son laxisme à la Justice. « Toute la hiérarchie policière se place au-dessus de la détention provisoire…ce qui se joue là, c’est la démocratie et le respect de l’Etat de droit », a réagi Olivier Faure, le premier secrétaire du PS. Jean-Luc Mélenchon parle de « sédition policière ». La question a évidemment supplanté les autres sujets évoqués par le chef de l’Etat. Emmanuel Macron s’est contenté d’une réponse sur le mode en mode « en même temps » : tout en disant comprendre « l’émotion des policiers », et rappelant que 900 policiers et gendarmes ont été blessés lors de ces émeutes, il a déclaré que « nul n’est au-dessus des lois ». Eric Dupont-Moretti s’est empressé twitter « Nul n’est au-dessus de la loi de la République ». Et le Conseil Supérieur de la Magistrature a renchéri en publiant un communiqué rappelant « qu’en vertu du principe de séparation des pouvoirs, principe fondateur de l'État de droit, l'autorité judiciaire est la seule légitime pour décider du placement ou non en détention provisoire des personnes qui lui sont présentées…» et que « l'autorité judiciaire doit pouvoir accomplir ses missions, à l'abri de toutes pressions, en toute indépendance et en toute impartialité». La seule personne que l’on n’a pas entendue sur cette affaire alors qu’il est le responsable hiérarchique du directeur de la Police et du Préfet de Police, est le Ministre de l’Intérieur. Gérald Darmanin, complimenté pour son travail « remarquable », accompagne le Chef de l’Etat en sa qualité de Ministre des Outremer et est de ce fait tenu au silence. Avec le mouvement policier, il risque fort de voir ses vacances écourtées.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !