Allez-y ! Il semblerait que tout soit permis… Et vous aussi vous avez envie de taper sur les Roms ?

Donc Valls a dit que les Roms "avaient vocation à rentrer en Roumanie" et que seule une minorité d’entre eux "avaient la volonté de s’intégrer". Donc Nathalie Kosciusko-Morizet a dit qu’elle était totalement d’accord avec Valls et en a rajouté une louche sur la délinquance des Roms. Donc Anne Hidalgo, sa concurrente pour la mairie de Paris, a dit qu’il était scandaleux que NKM "stigmatise" les Roms et- ne reculant devant aucune fantaisie – en a aussitôt rajouté deux louches sur la mendicité, les réseaux mafieux et la prostitution organisée de ces nomades venus de contrées improbables. Et la presse, de gauche comme de droite, bonne fille, a fait ses  "unes" sur les Roms.

Quelle belle union sacrée ! Quelques associations gentillettes ont certes couiné un peu. Mais globalement la France et en tout cas son personnel politique, à quelques nuances de langage près, est unanime. Sus aux Roms ! Et ils sont combien ces gens-là qui défigureraient, pilleraient et pollueraient notre beau pays ? Quelques milliers, pas plus, qui traînent dans des campements insalubres et illégaux ou s’installent pour mendier dans la rue avec des enfants qui, souvent, ne sont pas les leurs. De toutes les minorités vivant en France ils sont la plus visible. C’est pourquoi eux seuls jouissent du douteux privilège d’être désignés et nommés.

A ce propos, et s’agissant des Roms, quelques subtilités langagières permettent à certains esthètes, précieux et raffinés de gloser. Des personnes, pour la plupart plutôt âgées, parlent de Bohémiens. D’autres disent Tsiganes ou Gitans ce qui fait s’étrangler d’indignation les Gitans espagnols. On peut dire aussi "Manouches" ou "Romanichels", ce qui n’est pas très bien vu. Et enfin de doctes sociologues, relayés par certains politiques, affirment qu’il ne faut pas confondre les Roms avec les "gens du voyage ".

Ces derniers sont français comme en attestent leurs cartes d’identités. Chouette, ils sont des nôtres ! Eh bien même ceux-là sont, comme les Roms, désignés et montrés du doigt. Qui n’a pas lu à propos de tel ou tel fait divers qu’il concernait des individus " issus de la communauté des gens du voyage" ? L’AFP l’écrit sans sourciller et les journaux recopient. Il n’y a qu’eux, et seulement eux qui "bénéficient" de ce traitement.

Avez-vous lu quelque part que tel escroc magouilleur était "issu de la communauté juive" ? Auriez-vous eu connaissance que tel ou tel braquage avait pour auteurs des gens "issus de la communauté antillaise ou africaine" ? Vous aurez-t-on informé que tel ou tel sanglant règlement de compte avait mis aux prises des gens "issus de la communauté maghrébine" ?

Ainsi dans une magistrale séance de prestidigitation exorcise-t-on les peurs nationales provoquées par une délinquance et une violence insupportables. Il est en effet plus facile de démanteler un campement Rom (les mairies de droite comme de gauche s’y  emploient) que d’aller à la cueillette des kalachnikovs qui poussent dans les cités. Il est également bien plus aisé d’arrêter les petites voleuses roumaines qui sévissent dans le métro que d’aller chercher les dealers, les proxénètes, les assassins et les braqueurs qui ont élu domicile dans les quartiers dit "sensibles".

C’est que ces derniers sont nombreux, très nombreux. Et de surcroît ils sont fréquemment protégés par leurs voisins, terrorisés ou consentants, et par des associations qui ont pour vocation de hurler contre le racisme. Les Roms, eux, ne font pas le poids. Feuilletez ou lisez France. Orange Mécanique D’Obertone. Et cherchez les Roms dans les milliers de faits divers qui sont recensés. Vous ne trouverez pas de quoi remplir un campement. Même pas une cabine téléphonique.

A lire du même auteur : Le gauchisme, maladie sénile du communisme, Benoît Rayski, (Eyrolles éditions), 2013. Vous pouvez acheter ce livre sur Atlantico Editions.