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science recherche tests coronavirus covid-19
science recherche tests coronavirus covid-19
©DENIS CHARLET / AFP

Sondage

Selon un sondage Harris Interactive pour PMI Science, 93% des Français gardent leur confiance envers les scientifiques après la pandémie de Covid-19. L'éclosion du coronavirus n'a pas remis en cause la confiance qui s'exprimait à l'égard de la science.

Jean-Daniel Lévy

Jean-Daniel Lévy

Jean-Daniel Lévy est directeur du département politique & opinion d'Harris Interactive.

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Jean-Daniel Lévy : Dans notre pays, il y a parfois des doutes ou des questionnements sur la légitimité de ceux qui prennent la parole. Nous avons vu cela avec le débat sur le professeur Didier Raoult, la légitimité de l'OMS, avec l'apparition de méthodes alternatives pour soigner le coronavirus, la remise en cause des différentes institutions publiques. Pour autant, alors même que les médecins étaient présents matin, midi et soir dans les médias et que la science a tâtonné, les Français sont compréhensifs et en soutien avec la science de manière générale. En un an, il n'y a pas d'évolution ni de baisse, ni de critique majeure à l'égard de la science et des scientifiques et le regard est plutôt positif à l'égard des acteurs de la science et des scientifiques. 

L'éclosion du coronavirus n'a pas remis en cause la confiance qui s'exprimait à l'égard de la science. Une des raisons pour lesquelles Didier Raoult avait une telle assise dans l'opinion était la présentation de son travail comme étant scientifique et de transparence. Il montrait aux Français ce qu'il voulait faire, comment il faisait ses recherches et cela a créé un attrait pour tout une partie de la population française.

Harris Interactive : L’année 2020 restera indéniablement dans les mémoires. L’émergence d’un nouveau coronavirus ayant déclenché une pandémie mondiale constitue un fait marquant de la nouvelle décennie qui s’ouvre. Les réponses gouvernementales tout comme le rôle joué par la (les ?) communauté scientifique ont eu un impact décisif sur cette période. Dans ce contexte particulier, Philip Morris International Science a missionné Harris Interactive pour réaliser une nouvelle enquête, un an après la précédente, afin d’explorer les relations des Français à la science, à ceux qui la font et à ceux qui en exploitent les conclusions. Entre confiance vis-à-vis de la communauté scientifique et (parfois) défiance à l’égard des utilisations qui peuvent être faites de ses recherches, quels rapports les Français entretiennent-ils aux domaines et enjeux scientifiques dans un contexte de pandémie mondiale ?

Quels sont les 10 enseignements de cette étude ?

La science, innover pour le progrès

1. La science perçue comme un vecteur de progrès. Alors que les pays européens ont connu ces derniers mois de nombreux actes de vandalismes contre certaines installations technologiques, notamment les antennes 5G, une très nette majorité de Français considère que les évolutions de la science constituent dans l’ensemble un progrès (94%). Et cette tendance s’est même renforcée au cours des derniers mois : ils sont désormais 70% à estimer que les progrès scientifiques vont dans le bons sens (+3 points en un an) contre seulement 8% dans le mauvais sens (-4 points).

2. La science c’est avant tout innover. Les Français estiment que la science permet le progrès.

Or ils définissent le progrès comme une somme de découvertes, d’innovations (78%) et moins comme une logique incitant à penser autrement à partir de l’existant (22%). Ainsi, à leurs yeux la science consiste avant tout à explorer, découvrir, inventer, créer… Le qualificatif « innovante » est d’ailleurs le terme le plus associé à la science (95% des Français estiment qu’il lui correspond bien, et même 52% qu’il correspond « très bien »).

3. Une science qui sert. Cette attitude positive est d’autant plus forte que les progrès qui en découlent sont très largement jugés utiles pour la société (94%, dont 47% des Français jugeant qu’ils le sont « tout à fait »). Et qu’ils ont également un impact positif au niveau individuel : 95% des Français considèrent que la science permet d’améliorer leur santé (et même 44% « tout à fait », +6 points par rapport à l’an dernier).

La confiance dans la science et dans ceux qui la font

4. La confiance dans la science sort inébranlée de la crise du Covid. A l’issue de la période de confinement ayant duré de mars à mai, et malgré les doutes évoqués précédemment, les Français disent toujours très majoritairement faire confiance à la science (93%). Mieux : ils sont 24% à lui faire « tout à fait confiance », soit une hausse de 6 points suite à la crise. Et cette confiance touche toutes les composantes de la science, notamment la médecine (93%), elle non plus pas remise en cause par les évènements, au contraire : 37% disent cette année lui faire « tout à fait » confiance, contre 32% l’an dernier.

5. Des scientifiques qui ont eu une mauvaise compréhension de la crise... Concernant la crise du Covid-19, les scientifiques sont cependant très clairement pointés du doigt par les Français.

Les deux tiers d’entre eux estiment qu’ils n’ont pas su anticiper l’émergence puis la montée du coronavirus dans le monde et en France (respectivement 68% et 64%). Ils doublent cette critique d’un autre reproche : celui d’avoir été trop présents dans les médias (39%) et, pire encore, de ne pas avoir été suffisamment clairs lors de leurs prises de parole (53%).

6. … Mais des scientifiques qui conservent la confiance des Français. Malgré ces critiques, les Français leur conservent très majoritairement leur confiance (93%, dont 39% affirmant leur faire tout à fait confiance pour faire avancer la science, +4 points par rapport à l’an dernier).

Et ils se montrent optimistes pour l’avenir : 71% d’entre eux estiment que les scientifiques ont tirés des enseignements de la crise du Covid-19 pour pouvoir mieux y faire face demain.

Une médiation nécessaire mais source de défiance pour diffuser et faire comprendre la science

7. Une science qui reste difficile d’accès. La science demeure, comme nous l’avions déjà constaté en 2019, un domaine obscur pour une large proportion de Français. 70% reconnaissent très ouvertement qu’elle est compliquée à comprendre, une opinion d’autant plus partagée par les Français étant peu ou pas diplômés. Notons néanmoins qu’en cette période de nombreuses prises de parole médiatiques sur le sujet, l’écart de perception entre les plus diplômés et les moins diplômés s’est un peu réduit. Les premiers ont davantage que par le passé intégré que les phénomènes scientifiques impliquaient des connaissances particulièrement pointues. Les seconds, quant à eux, ont probablement mis à profit cette séquence de forte médiatisation de ces sujets pour se familiariser avec certains concepts qui leur apparaissent désormais un peu moins obscurs.

8. Etudes orientées et controverses particulièrement identifiées. Dès lors, les Français reconnaissent la nécessité pour eux de se reposer sur des experts, des relais, qui leur permettent de s’approprier les contenus scientifiques. Or ils perçoivent qu’existent des débats au sein même de la communauté scientifique sur certains sujets (82%, soit une hausse de 10 points notamment dans un contexte de débat autour du recours ou non à la chloroquine) ce qui rend encore plus complexe l’accès à ce savoir. Et par ailleurs, ils estiment en majorité (56%, soit une proportion proche de celle mesurée en 2019) que les études publiées par les médias sont plutôt orientées et non neutres. D’où la nécessité de trouver un médiateur digne de leur confiance. Or, en ce domaine, les Français font montre d’une confiance unanime dans la parole portée par les médecins (92%, dont 31% « tout à fait confiance, soit une augmentation de 10 points par rapport à l’an dernier) et les scientifiques (91%) lorsqu’il s’agit d’évoquer une étude.

Des acteurs qui voient leur niveau de confiance progresser suite à la crise

9. Une confiance accrue dans les entreprises. Au cours des derniers mois, les entreprises ont dû faire preuve d’une grande agilité, non seulement pour assurer la continuité de leurs activités, mais également pour en développer de nouvelles conformément aux attentes des Français et aux injonctions des pouvoirs publics. Elles ont ainsi su innover au cœur de la crise pour inventer de nouvelles manières de produire des masques ou encore du gel hydroalcoolique quand la France en manquait. Les laboratoires ont lancé des programmes pour trouver un vaccin à ce virus. Toutes les initiatives contribuent à faire de l’entreprise aujourd’hui plus qu’hier un acteur jugé important dans le développement de la science (71%, +8 points en un an). Mieux, il est davantage que par le passé jugé digne de confiance lorsqu’il prend la parole autour d’une innovation ou une étude scientifique (61%, +7 points).

10. Des pouvoirs publics et politiques toujours aux prises avec un climat de défiance, mais ayant réussi à plutôt bien gérer la crise. Alors même que la France connaît depuis plusieurs décennies une nette crise de défiance vis-à-vis de ses dirigeants et des pouvoirs publics d’une manière générale, la crise du Covid-19 a rappelé à certain la place qu’occupe l’Etat dans de telles circonstances et les marges de manœuvre dont il dispose. Ainsi, 52% d’entre eux estiment que l’Etat a bien agi face à cette crise et 82% que les maires ont été à la hauteur.

Cette relative bonne gestion permet de combler une partie de la défiance dont ces acteurs sont le réceptacle. Ainsi désormais 56% des Français estiment désormais faire confiance dans les pouvoirs publics pour faire progresser la science, un chiffre qui reste modeste mais tout de même en hausse de 13 points en un an. Mieux, la confiance dans les pouvoirs publics lorsqu’ils citent une étude est devenue (légèrement) positive avec désormais 51% des Français qui partagent cette opinion (+9 points). Il s’agit même d’une attente importante : 76% des Français (+2 points) estiment qu’il est du devoir des pouvoirs publics d’éclairer les citoyens sur les controverses scientifiques.

En cette période post-Covid, loin de se détourner d’une science n’ayant pas su les préserver du virus, les Français expriment à nouveau un net soutien à son égard. Une confiance qui a même progressé au cours des derniers mois. Les scientifiques également, bien que critiqués sur la séquence, conservent la confiance d’une très large proportion de Français. Avec néanmoins une évolution notable : en 2019 ils étaient les seuls à être unanimement jugés légitimes pour s’exprimer sur les sujets scientifiques.

Désormais, les entreprises et, dans une moindre mesure, les pouvoirs publics ont su tirer leur épingle du jeu et apparaissent plus qu’hier comme des acteurs crédibles sur ces enjeux. S’ils continuent de faire face à un niveau de défiance plus important que les acteurs scientifiques en temps que tels, leur parole s’avère désormais davantage audible lorsqu’ils prennent la parole sur ces sujets.

Enquête réalisée par Harris Interactive en ligne du 15 et 16 juin 2020. Échantillon de 1 032 personnes âgées de 18 ans et plus et représentatifs de cette population. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e). 

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