2023 : les démocraties libérales ont les moyens de prendre leur revanche sur les Etats autoritaires et populistes… <!-- --> | Atlantico.fr
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Le président américain Joe Biden marche avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky à travers la colonnade de la Maison Blanche, à Washington, DC, le 21 décembre 2022.
Le président américain Joe Biden marche avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky à travers la colonnade de la Maison Blanche, à Washington, DC, le 21 décembre 2022.
© Brendan Smialowski / AFP

ATLANTICO BUSINESS

Un peu d’optimisme sur la capacité des grandes démocraties libérales à reprendre l’avantage sur les organisations autoritaires et déjouer les tentations populistes ne nous fera pas de mal. Les moyens existent. Les circonstances peuvent s’y prêter.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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Le pessimisme et même le catastrophisme ont dominé les comportements et les réflexions des élites occidentales ces trois dernières années. Entre la pandémie de Covid, le rebond inflationniste, les méfaits d’une mondialisation dérégulée, la guerre en Ukraine et les risques environnementaux, le monde s’est retrouvé face à un alignement de catastrophes objectivement prévisibles. Face à ces difficultés, les organisations politiques fondées sur les principes démocratiques et le respect des valeurs de liberté ont été bousculées par les menaces des Etats autoritaires et les courants populistes.

L’année 2023 pourrait s’ouvrir sur des perspectives meilleures pour les grandes démocraties libérales. L’optimisme n’est évidemment pas de mode dès qu’il s’agit de sciences sociales, mais les pessimistes pourront toujours dire que grâce à leurs appréhensions répétées ; le monde a su trouver les ressorts pour se protéger du pire. Un peu de pessimisme doit en effet permettre la prévention et la résilience des organisations libérales.

L’important est qu’on peut, à l’aube de la nouvelle année, faire quelques prévisions d’amélioration de la situation générale des pays occidentaux.

1er On pourrait espérer que la guerre en Ukraine va cesser au moins sur le terrain. Elle cessera par la défaite militaire des Russes qui vont se révéler incapables de vaincre les forces de la résistance ukrainienne qui est formidablement aidée par les forces occidentales. Dans ces conditions, le régime de Moscou pourrait s’effondrer de l’intérieur avec le départ forcé de Vladimir Poutine.  La Russie pourra alors réfléchir à introduire un peu de valeurs démocratiques dans sa gouvernance mais ne soyons pas naïfs, la mutation sera lente et difficile.

2e La Chine, de son coté, peut tirer les lecons de son échec à sortir du Covid. Est-ce que les difficultés liées au Covid sont de nature à déstabiliser le régime de Pékin, la réponse est non. En revanche, Pékin va (sans trop le dire) amender son système d’organisation pour qu’il soit plus efficace. Le peuple Chinois a besoin de développement économique et de prospérité et pour y parvenir, la Chine n’a pas besoin de rentrer en conflit avec l’occident. La Chine a besoin de s’inscrire dans la mondialisation, elle a besoin des marchés occidentaux et de la technologie occidentale. Elle ne peut parvenir à ses fins, que par des voies pacifiques. Ce qui va nécessiter une libéralisation de son organisation interne. La Chine va avoir besoin d’introduire un peu de liberté, notamment dans les processus de créations de richesses. Mais contrairement à ce qui s’était passé au début de l’an 2000 au sein de l’OMC, l’Occident ne se laissera pas piller et sera en mesure de faire respecter les accords de réciprocité.

3e L’occident libéral a sans doute pris conscience à la faveur de tous les évènements récents qu’elle ne pouvait pas continuer de fonder son modèle économique sur la financiarisation de ses processus de création de richesses. La recherche, le développement et la protection des technologies doivent être sanctuarisés – c’est une évidence  mais l’occident doit aussi retrouver une capacité de production industrielle. La hausse des taux d’intérêt est normale, légitime et utile. L’occident libéral pouvait soigner ses blessures avec de l’argent gratuit. Mais la démocratie libérale ne consiste pas à faire le jeu de la spéculation financière. Elle consiste aussi à investir dans l’économie réelle. La stratégie macroéconomique des Etats-Unis est clairement de relocaliser une grande partie de son industrie.

Les Européens sont plus timides. Les Allemands, pour lesquels l’industrie est une valeur cardinale, s’emploie à protéger son modèle en lui trouvant des sources d’énergie pas chère qu’elle a perdu en Russie. Mais le reste de l’Europe est sans doute plus timorée. Il n’est pas sûr que la France, par exemple, ait fait ce qu’il fallait pour renforcer son industrie et protéger son tissue d’ETI. La France continue de donner la priorité à protéger ses consommateurs plutôt que ses entreprises.

Une (petite) poignée d’économistes emmenés par Jean Tirole, le prix Nobel d’économie, ont pourtant clairement défini les réformes les plus urgentes. Elles portent sur l’organisation de l’État et de son administration, l’école, les universités, l’appareil de sante, la justice sont au bord de la paralysie alors que ces services n’ont jamais absorbé autant d’argent public. 

Cet argent public, les entreprises en auraient besoin.

 Le retour au calme au niveau des prix doit nous permettre d’investir plus dans l’appareil industriel que d’essayer d’accroitre le pouvoir de consommer avec de l’argent public. Le potentiel de production d’électricité nucléaire devrait évidemment nous donner les moyens de garantir la production et la compétitivité dans des conditions décarbonées. Mais qu’attend-on ?

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