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2019, année record pour les bourses mondiales dans un monde sur lequel plane pourtant les incertitudes économiques
©SPENCER PLATT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Atlantico Business

Hausse moyenne de 25 % sur l’ensemble des marchés mondiaux : les propriétaires de valeurs boursières ne se sont jamais sentis aussi riches alors que l’avenir n’a jamais été aussi risqué et incertain.

Aude Kersulec

Aude Kersulec

Aude Kersulec est diplômée de l' ESSEC, spécialiste de la banque et des questions monétaires. Elle est chroniqueuse économique sur BFMTV Business.

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Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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L’année 2019 restera dans l’histoire comme l’année de tous les records, aussi bien sur le CAC 40, qui renoue avec des niveaux atteints il y a plus de 10 ans que sur les marchés internationaux et américains. Personne ne s’attendait à ce que cette année soit aussi favorable sur les marchés boursiers.

Au moment où les gilets jaunes faisaient vaciller le pouvoir en France, au moment où les Brexiters bousculaient l’Europe toute entière dans ses certitudes et au moment où les tweets de Donald Trump, pouvaient déséquilibrer la planète. A ce moment-là, tous les indices boursiers ont explosé à la hausse.

Le CAC a revu des niveaux qu’il n’avait pas atteints avant crise, depuis plus de 11 ans.

Comme cadeau de Noël, les investisseurs ont même eu le droit à ce que la barre des 6000 points soit franchie.

Aux Etats-Unis, les indices ont évolué sur de nouveaux records, de nouveaux plus hauts historiques, qui tombent jour après jour vu que la tendance à la hausse ne faiblit pas. On a même passé un record de longévité en terme de cycle économique haussier.

Et même si, tout au long de l’année, les boursiers ont virevolté et évolué au fil de la page Twitter de Donald Trump, ils n’ont pas l’air tout à fait mécontents de ce qui est arrive.

A quoi est du cette folle embardée boursière ?

Première explication, la dynamique digitale a engendré une croissance mondiale inattendue avec des GAFA qui ont confirmé leur pouvoir sur un grand pan de la planète. Les Apple, les Facebook, Google, Amazon, Microsoft etc ont montré que leurs innovations pouvaient changer le monde. En 10 ans, le monde entier est devenu addict à son smartphone et l’économie mondiale a été boostée par le digital. Ce digital a régénéré les modèles économiques et accouche d’une productivité industrielle qu’on croyait perdu. En dépit des menaces protectionnistes, cette croissance dopée au digital s’est étalée au monde entier. Y compris aux émergents à qui elle a offert l’économie d’une ou deux révolutions industrielles.

Deuxième explication : les taux d’intérêt ont continué d’être très bas pour tout le monde. Les banques centrales pilotent toujours les économies et les abreuvent de liquidités. Est-ce dû la peur d’un retournement ou est-ce parce que l’économie ne peut plus fonctionner sans cet afflux monétaire auquel elle est dopée depuis près de 8 ans maintenant ? Bien malin est celui qui peut décrypter le langage d’un banquier central.

Aux Etats-Unis, la Fed, Réserve Fédérale dirigée par Jérôme Powell, a finalement annoncé qu’elle baissait son taux directeur, alors même que Powell s’était prononcé en faveur d’une remontée quelques mois avant… A-t-il cédé aux demandes de Donald Trump qui n’hésite pas à le critiquer ouvertement ou les gouverneurs de la Fed ont-ils réellement estimé que, malgré la croissance et le plein emploi américains, l’économie était en risque ?

En tout cas, le résultat est là. Ces afflux de liquidités ont d’abord irrigué les marchés financiers. Les marchés américains ont été boostés par ce crédit facile - et par capillarité les marchés européens l’ont aussi été. L’effet richesse a joué à plein en dépit d’une croissance médiocre.

Surtout que du côté de la zone euro, Christine Lagarde est arrivée à la tête de la BCE et qu’un peu de sang neuf, qui plus est ouvert à une politique de taux bas, remet toujours un peu d’huile au moteur des marchés financiers.

Troisième explication:  le feuilleton de la guerre commerciale sino-américaine semble avoir trouvé une issue favorable. Entre l’Amérique et l’Asie, le temps de la trêve est venu et l’heure est plutôt à la désescalade dans les droits de douane que s’étaient imposées les deux économies. Cela rassure les entreprises qui commençaient à ressentir les effets de ces tarifs douaniers, qui auraient de toute façon été payés par le consommateur. En clair, tout laisse à penser que Donald Trump a fait semblant de vouloir tout bousculer alors qu‘au final, rien d’important ne bougera. L’Amérique n’a pas relocalisé d’industrie disparue, les électeurs de Donald Trump savent très bien qu’ils en auraient payé le prix fort et ils ne lui tiendront pas rigueur de ne pas avoir tenu ses promesses. Peu importe, il a préservé la croissance, préserver les taus d’intérêt bas, la croissance et l’emploi. Ne parlons pas des retraites qui sont indexées sur les cours de bourse.

Les deux explications ne sont d’ailleurs pas isolés l’un de l’autre. L’un à même pu aider l’autre : la baisse de taux entamée par Jérôme Powell a surement permis à Donald Trump de s’attaquer à la Chine sans craindre la foudre de Wall Street.

Quatrième explication, les risques d’un Brexit dur se sont éloignés. Malgré de multiples rebondissements, les élections législatives de décembre ont conforté Boris Johnson et son projet de mettre en œuvre le Brexit dans un délai court et coute que coute. Le Royaume-Uni voit finalement l’arrivée de ce « Trump bis », partisan de la dérégulation, d’un assez bon œil. Boris Johnson est fatalement l’homme de la situation qui réussira à négocier avec l’Europe une relation qui lui donnera de l’indépendance sans être obligé d’abandonner les avantages et la dépendance à l’Union européenne. Les avantages de la vie de couple sans les inconvénients. C’est exactement ce que la Grande Bretagne va gagner.

Le marché boursier britannique, le Footsie, a d’ailleurs lui aussi signé une belle progression de 13% sur l’année.

Cinquième explication, la France, en dépit de tous ses malheurs, a repris le leader ship de l’Europe en prenant le relais de l’Allemagne, avec une croissance plus résistante (1,3% pour la France et 0,5% pour l’Allemagne) et une bonne performance de nos secteurs clés. Le CAC40 est en partie porté par le luxe – encore plus depuis que Hermès a remplacé Lafarge Holmium dans les 40 entreprises qui composent l’indice parisien. Les entreprises du secteur affichent donc des performances exceptionnelles : le titre LVMH fait par exemple +60%, Kering +42% et Hermès +40%.

Aucun autre secteur, aucune autre entreprise n’aura fait de telles performances.

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