"Un garçon sur le pas de la porte" de Anne Tyler : quand la petite vie pépère d’un quadragénaire se déglingue... un petit bijou intimiste et amusant<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
"Un garçon sur le pas de la porte" de Anne Tyler : quand la petite vie pépère d’un quadragénaire se déglingue... un petit bijou intimiste et amusant
©

Atlanti Culture

Anne Tyler a publié "Un garçon sur le pas de la porte". "Micah Mortimer, la petite quarantaine routinière, coule des jours heureux dans un quartier tranquille de Baltimore. En voiture, au travail ou avec sa petite amie, il ne dévie jamais de sa route toute tracée".

Anne-Marie Joire-Noulens pour Culture-Tops

Anne-Marie Joire-Noulens pour Culture-Tops

Anne-Marie Joire Noulens est chroniqueuse pour Culture-Tops. Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).  Culture-Tops a été créé en novembre 2013 par Jacques Paugam , journaliste et écrivain, et son fils, Gabriel Lecarpentier-Paugam.

Voir la bio »

"Un garçon sur le pas de la porte" de Anne Tyler 

Traduction de l'anglais (Etats-Unis) : Cyrielle Ayakatsikas, Editions Phébus, 170 pages, 18 euros

RECOMMANDATION
Excellent

THEME 
Micah, quadragénaire sans histoires, mène une petite vie bien rangée à Baltimore. Tout est soigneusement programmé, pour chaque jour de la semaine. De plus, il s'est installé en auto-entrepreneur de façon à ne dépendre de personne et, en échange de travaux d'entretien dans un immeuble, dispose d'un petit deux pièces amplement suffisant à ses besoins. Il a une "bonne amie" parce qu'il trouve qu'à son âge, parler de petite amie est un peu ridicule.

Il est confortablement installé dans cette routine immuable, lorsqu'un matin, en rentrant de son jogging quotidien, il découvre un jeune homme bien mis sur le pas de sa porte. Celui-ci suggère fortement que Micah serait son père biologique, ce qui est sans fondement puisque Micah a perdu de vue la mère du grand ado deux ans avant sa naissance. A partir de là, la belle routine se déglingue et notre héros commence à se poser des questions...

POINTS FORTS
- Une fois de plus, Anne Tyler nous offre des descriptions soignées de ses personnages ; son héros, sans être tatillon, est sympathiquement maniaque, quasiment mûr pour nettoyer les plinthes de sa cuisine au coton-tige ! La narration de son quotidien si organisé fourmille de détails et pourtant, la platitude des journées de Micah est confondante : aucun relief d'un jour à l'autre, pas de surprise, tout est taillé au cordeau. Mais il ne s'ennuie pas, manifestement, cette vie lui convient.

- Le dîner de famille, chez une des nombreuses soeurs de Micah, vaut son pesant d'or. Cette fête croustillante des retrouvailles familiales se situe dans un contexte de pagaille inouïe et la comparaison des maisons de ses soeurs et des restaurants où elles sont serveuses (marque de famille, là aussi : quatre soeurs, quatre serveuses) est justifiée : l'ambiance est la même, bruyante, vivante et si chaleureuse. 

- Micah, en réalité, est un anti-héros. C'est un homme ordinaire qui mène une petite vie pépère, limite étriquée et à qui, jusqu'ici, il n'arrivait pas grand chose. Néanmoins, on s'attache à ce personnage un peu falot, sans fantaisie. On comprend son désarroi lors de l'arrivée de ce fils putatif, sympathique au demeurant, ce jeune homme, dont la venue aura le mérite de sortir Micah de sa léthargie.

- Mention spéciale pour la traductrice, Cyrielle Ayakatsikas, qui rend bien la délicatesse de l'auteur et l'authenticité de ses dialogues.

POINTS FAIBLES
- Sur 170 pages, c'est un peu court...

EN DEUX MOTS
Anne Tyler a une manière bien à elle d'observer finement ses personnages. Elle ne porte aucun jugement, témoigne de beaucoup d'empathie envers eux et décrit tout ce petit monde avec des expressions amusantes, ainsi pour une femme chaussée avec "des escarpins de mère de famille respectable"... Ses ouvrages sont des romans d'atmosphère, intimistes, à la lecture fort agréable.

UN EXTRAIT
- Petite remarque finaude, p. 95 :
"Les femmes faisaient tourner le monde, indéniablement. (Il y avait une différence entre "diriger le monde" et "le faire tourner").

L'AUTEUR
Anne Tyler (1941, Minneapolis, Minnesota) est l'aînée de quatre enfants. Ses parents quakers pacifistes se sont installés dans une communauté en Caroline du Nord. S'orientant d'abord vers la littérature russe, elle abandonne ce cursus et dès, 1963, entame une carrière d'écrivain qui sera couronnée de succès, dont les plus importants : National Book Critics Circle Award en 1985 pour The accidental tourist (Le voyageur malgré lui) et le Prix Pulitzer de la fiction pour Breathing lessons (Leçons de conduite). Enfin, en 2012, elle a reçu le Sunday Award of Literary Excellence. Cet ouvrage est son vingt-troisième roman et se situe à Baltimore où elle habite et où elle met en scène la plupart de ses écrits.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !