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"La Théorie du Genre", de Bérénice Levet : un des dix essais les plus importants de l'année 2014

Le remarquable essai de Bérénice Levet montre à quel point le débat sur la Théorie du Genre constitue un enjeu essentiel de civilisation.

Géraldine Moisand pour Culture-Tops

Géraldine Moisand est chroniqueuse pour Culture-Tops. Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.). Culture-Tops a été créé en novembre 2013 par Jacques Paugam , journaliste et écrivain, et son fils, Gabriel Lecarpentier-Paugam, 23 ans, en Master d'école de commerce, et grand amateur de One Man Shows.

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L'auteur

Bérénice Levet est docteur en philosophie, professeur à Polytechnique et au Centre Sèvres (faculté jésuite). Elle est l’auteur de plusieurs ouvrages, notamment”le Musée imaginaire” d’ Anna Arendt( Stock 2011),philosophe à laquelle elle se réfère souvent. Elle collabore également à plusieurs revues: le Débat, la Revue des Deux mondes, Commentaire.

Thème

- Pourquoi écrire sur le genre? D’emblée Bérénice Levet campe son sujet: question préoccupante et brûlante d’actualité. On ne mesure pas assez à quel point cette théorie s’infiltre sournoisement, principalement dans la sphère politique , dans le monde de l’éducation et de la culture. Bérénice Levet rappelle comment est née cette théorie, avant de devenir un concept majeur des études féministes américaines, dont Judith Butler est la représentante la plus confirmée(cf. son ouvrage “le trouble dans le genre”) Puis le concept s’est développé dans un contexte médical, à partir de cas pathologiques ou marginaux dont on a tiré des conclusions censées avoir valeur universelle. L’exception fondera la règle. Enfin ce sera au tour des philosophes d’emboîter le pas, Simone de Beauvoir en tête, dont le Manifeste célèbre “On ne nait pas femme , on le devient” reste gravé dans bien des mémoires.

- En quoi consiste donc la dite théorie? La différence des sexes serait une construction sociale et historique véhiculée principalement par les parents et les éducateurs. Il convient d’entreprendre sa déconstruction afin que le principe d’égalité puisse trouver application.

- Nouvelle utopie, s’insurge Bérénice Levet pour qui la différence des sexes n’est certes pas un strict donné biologique, mais n’est pas pour autant un seul fait social ou historique.

- Ainsi la vieille querelle entre le donné et l’acquis est-t-elle réveillée. Elle est la trame de l’ouvrage.

Points forts

- Bérénice Levet défend avec brio le parti de la différence des sexes , source de désirs renouvelés, d’enrichissement mutuel, de complémentarité. Elle le fait grâce à une culture philosophique accomplie, alliée à une énergique force de conviction. Elle s’insurge vigoureusement contre cette théorie, en ce qu’elle nie notre condition humaine, ses bornes , son ancrage dans un corps durant notre vie terrestre, notre propre finitude.

- Elle nous rappelle le triste constat du philosophe Castoriadis: “Personne ne sait plus aujourd’hui ce que c’est qu’être citoyen; mais personne ne sait même ce que c’est qu’être un homme ou une femme. Les rôles sexuels sont dissous, on ne sait plus en quoi cela consiste”.

Points faibles

L’ouvrage comporte quelques longueurs et des redites, tant est forte la volonté de Bénédicte Levet d'enfoncer le clou et de tirer la sonnette d’alarme: à travers cela, à ses yeux, s'instaure une guerre des cultures, avec un réel danger pour l’avenir de nos enfants.