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"La grande déraison" de Douglas Murray : la tyrannie des minorités revendicatrices, un tableau saisissant
Douglas Murray a publié "La Grande déraison" aux éditions de L'Artilleur.
Jean-Pierre Chamoux pour Culture-Tops
Jean-Pierre Chamoux est chroniqueur pour Culture-Tops.
"La grande déraison" de Douglas Murray
Traduit par Daniel Roche - Editeur : Toucan/L’Artilleur - 23 € - existe aussi en e-book
Recommandation
Thème
Le monde occidental est entré dans l’ère des minorités revendicatrices. Dans les universités américaines ou la presse “bien pensante“ d’outre-Atlantique, qui n’est pas gay, lesbienne, éventuellement femme, ou “racisé“, “trans“… se voit dénier tout droit à la parole, surtout s’il est blanc, mâle et hétérosexuel. De ce monde fracturé, régi par le politiquement correct, où la liberté d’expression cède à la censure ou à l’autocensure, Douglas Murray livre un tableau saisissant, inquiétant et lourd de menaces pour l’avenir.
Points forts
Contrairement aux intellectuels français qui manient idées générales et concepts, Murray, en bon journaliste anglo-saxon, illustre abondamment son propos d’exemples multiples et pertinents. Le paysage ainsi construit est préoccupant : irrationalité, intolérance, défi à l’anthropologie déboucheraient sur la guerre des sexes ou des races.
Murray s’interroge aussi sur les raisons qui poussent ces minorités à réclamer toujours davantage alors que la société a fait droit à leur demande d’égalité de traitement, voire même leur a conféré toute une série de privilèges (discrimination positive). C’est que, observe-t-il, ces groupes réclament une sorte de revanche sur les mâles blancs dominants qui les aurait exploités jusqu’à maintenant, selon une optique idéologique transposée du marxisme, les “racisés“, les minorités remplaçant le prolétariat dans le rôle du dominé-exploité.
Les exemples fournis illustrent également les limites et les incohérences de ce système de pensée revendicatif. Murray montre bien que chaque groupe manque d’homogénéité doctrinale et recèle des contradictions internes majeures ; aussi “l’intersectionnalité“, les recoupements entre les revendications des différentes minorités, est-elle une source supplémentaire de conflits potentiels.
Evidemment les réseaux sociaux ajoutent à l’intolérance manifestée, notamment dans les universités, et conduisent à une censure et à une auto-censure de plus en plus prégnantes, aucun intervenant n’osant, ne serait-ce que des propos de bon sens qui pourraient choquer tel membre d’une minorité.
Enfin Murray stigmatise la complicité objective d’une partie de la société avec l’idéologie ambiante : le chapitre consacré aux “trans“ montre combien le corps médical britannique est ouvert aux modifications physiques nécessitées par des changements de sexe, même pour des enfants de 10 à 12 ans, sans préjudice des graves séquelles physiques et psychologiques pouvant résulter de ces opérations.
La lecture de l’ouvrage est facile et attrayante.
Points faibles
C’est une lecture d’un phénomène à l’œuvre aux Etats Unis et de plus en plus en Europe qui pourrait provoquer des réactions de rejet fortes au sein des minorités sous revue.
En deux mots ...
Un livre passionnant qui décortique les données de base du politiquement correct anglo-saxon dont les ravages commencent à effleurer la vieille Europe.
Un extrait
« Minimiser la différence ne revient nullement à prétendre que celle-ci n’existe pas. Il serait ridicule de supposer que la sexualité et la couleur de peau ne signifient rien. En revanche, partir du principe qu’elles signifient tout nous sera fatal. » P. 456
L'auteur
Journaliste, écrivain et commentateur politique britannique, Douglas Murray est un habitué des média où il apporte un point de vue considéré comme néo-conservateur. Il a publié de nombreux ouvrages dont deux ont été traduits en français, La grande déraison et “ L’étrange suicide de l’Europe : immigration, identité, islam (éditions du Toucan, 2018)
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