"Fils de", Nordistes, descendants d'immigrés..., ces origines mouvantes de la classe politique française<!-- --> | Atlantico.fr
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Nos leaders politiques, sur presque tous les plans, sont différents de ceux de nos parents. Jean-Louis Beaucarnot publie « Le Tout-Politique 2022 » aux éditions de L’Archipel.
Nos leaders politiques, sur presque tous les plans, sont différents de ceux de nos parents. Jean-Louis Beaucarnot publie « Le Tout-Politique 2022 » aux éditions de L’Archipel.
©DR / L'Archipel

Bonnes feuilles

Jean-Louis Beaucarnot publie « Le Tout-Politique 2022 » aux éditions de L’Archipel. L'auteur revient sur les origines et parentés inattendues de 90 hommes et femmes politiques qui comptent. Extrait 1/2.

Jean-Louis Beaucarnot

Jean-Louis Beaucarnot

Jean-Louis Beaucarnot est l’auteur de best-sellers. Comment vivaient nos ancêtres, Entrons chez nos ancêtres … Généalogiste de grande réputation, il travaille pour de nombreux médias et tient en particulier une chronique hebdomadaire dans le Journal Du Dimanche.

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Autres temps, autres mœurs – et aussi autres modes d’élection et de communication. Nos leaders politiques, sur presque tous les plans, sont différents de ceux de nos parents.

Évolution socioculturelle…

Si autrefois – sous les IIIe et IVe Républiques – nos chefs d’État étaient majoritairement issus des milieux intellectuels et bourgeois, ceux du XXIe siècle descendent davantage de familles dont la réussite sociale est moins ancienne et moins assise. Certes, les milieux familiaux, pour être très variés, expliquent souvent les choix idéologiques ; le fossé est profond entre les ancêtres de Nathalie Arthaud et ceux de Bruno Le Maire. Il y a un monde entre les parents de Julien Denormandie – tous deux médecins, avec un ancêtre fondateur du très aristocratique Jockey Club – et ceux de Gérald Darmanin – père tenancier de bar, mère femme de ménage – ou de Jordan Bardella : grands-pères immigrés italiens, travaillant dans le bâtiment. Certains, qu’ils le veuillent ou non, sont arrivés en politique par héritage ou tradition familiale : Aubry, fille de Delors, Jean Castex, petit-fils de sénateur, Marion Maréchal, nièce de Marine et petite-fille de Jean-Marie Le Pen, alors que la majorité n’y était nullement préparée : Emmanuel Macron, Xavier Bertrand, Yannick Jadot… ou mieux encore Rachida Dati ou Christiane Taubira…

Arrivent donc sur la scène des rejetons de familles dont la marche a été longue et difficile, tels Anne Hidalgo ou Éric Dupond-Moretti. Voire de familles parties avec des handicaps, naguère difficiles à remonter, comme les Montebourg, descendants d’un enfant trouvé… Des familles qui ont sans doute durement lutter pour s’en sortir… Mais, au cours du XXe siècle, l’accès à l’enseignement et les progrès sociaux ont fait sauter les anciens verrous, et des professions intermédiaires se sont révélées d’excellents moteurs d’ascension sociale. La plus efficace a été sans conteste celle d’instituteur. Nombre de nos politiques sont en effet des enfants – ou petits-enfants – d’enseignants, de ces « hussards noirs » laïcs et républicains si chers à Péguy, tels les parents instituteurs de Jean Castex, de Yannick Jadot, les mères de Marlène Schiappa et d’Arnaud Montebourg, la très chère grand-mère d’Emmanuel Macron, ou comme autrefois les deux grands-pères radicaux-socialistes de Jacques Chirac ou les parents de Georges Pompidou, premier président à avoir des ancêtres instituteurs. Cela, face à l’effacement confirmé du monde agricole, avec seulement trois fils d’agriculteurs (François Bayrou, Christian Jacob et Jean Lassalle) et à la stabilité du milieu ouvrier (neuf fils d’ouvriers ou de travailleurs manuels en 2017, pour dix en 2012).

Autant de changements importants, qui conduisent certains commentateurs à carrément se demander si les valeurs traditionnelles n’ont pas changé de camp avec, à gauche, des natifs des beaux quartiers ; à droite, des élèves boursiers. Changement ayant son écho au niveau des professions : si les ministres et leaders politiques étaient autrefois des élus provinciaux, devant leur élection à l’exercice de certaines professions leur assurant estime et popularité, tels que médecins ou vétérinaires de campagne, ils sont plutôt aujourd’hui des avocats urbains ou parisiens, des techniciens ou des énarques, quand ils n’ont pas directement commencé leur vie active dans le monde politique, dans un cabinet ministériel ou comme assistant parlementaire : un profil de plus en plus fréquent, tels ceux de Gabriel Attal, Jordan Bardella, Gérald Darmanin, Olivier Faure, David Lisnard… ou plus anciennement de François Fillon.

Au plan culturel, l’évolution est encore plus forte, avec plusieurs personnalités à double culture, tels Arnaud Montebourg, avec sa mère fille de Kabyle, voire à triple culture, comme Gabriel Attal, pourvu d’ancêtres juifs, orthodoxes et catholiques.

… et évolution géographique

L’évolution tout aussi nette au plan géographique, avec de nombreuses personnalités ayant des racines à l’étranger et la présence massive de descendants à la seconde génération d’Italiens et d’Espagnols, comme Damien Abad, Jordan Bardella, Anne Hidalgo, Éric Dupond-Moretti, Philippe Martinez…, voire de Maghrébins, comme Rachida Dati et naguère Myriam El Khomri et Najat Vallaud-Belkacem. Des racines dans d’autres pays parfois, comme Nicolas Sarkozy en Hongrie ou Gérald Darmanin à Malte. Cela passant souvent par des origines pied-noir, dotant de racines espagnoles Bernard Cazeneuve et Jean-Luc Mélenchon, auxquelles s’ajoutent pour ce dernier des racines siciliennes. Les ancêtres belges sont également très présents, notamment bien sûr chez les personnalités originaires du Nord, avec pour elles aussi parfois des aïeux polonais, venus entre les deux guerres y travailler dans les mines. Autant de familles ayant bel et bien « fait leur chemin ».

Si l’on s’en tient à l’Hexagone, le changement est tout aussi flagrant. Si nombre des gouvernants d’autrefois étaient originaires du Massif central, dont les ressortissants se retrouvaient à Paris au sein de réseaux organisés et solidaires, encore bien réels au temps de Pompidou et de Giscard, cette région est désormais sous-représentée, les racines de ceux d’aujourd’hui ne cessant de se diversifier.

On observe un premier pic de concentration d’hommes politiques dans le Nord-Pas-de-Calais, région dont les ressortissants s’affirment comme une minorité active et entreprenante, face à plusieurs reculs. Ceux des départements lorrains et surtout de la Bretagne, naguère mais temporairement fortement représentée, sous la présidence de François Hollande. Face à une sous-représentation des départements du Centre et du Val-de-Loire, de l’Auvergne, du Poitou-Limousin, de la Franche-Comté et du Languedoc, on note une lente remontée des natifs des départements du Sud, avec une irrésistible montée des racines corses – auxquelles ceux et celles qui en ont se montrent généralement très attachés, de Marlène Schiappa à Valérie Pécresse, en passant par Philippe Juvin, Cédric Villani et Bernard Cazeneuve. Avec surtout le maintien du second pic dans les Pyrénées-Atlantiques, notamment en Béarn, région dont les habitants se sont de tous temps affi hés comme actifs et entreprenants, en n’hésitant pas à migrer, parfois au loin…

Extrait du livre de Jean-Louis Beaucarnot, « Le Tout-Politique 2022, Origines, cousinages, personnalités, la face cachée de nos politiques », publié aux éditions de L’Archipel.

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