"Coffret 100 ans de Michel Audiard – L’anthologie 1961-1968" : un dialoguiste de génie qui ne prenait pas les acteurs pour des canards sauvages…<!-- --> | Atlantico.fr
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Michel Audiard coffret anthologie 100 ans
Michel Audiard coffret anthologie 100 ans
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Le coffret "100 ans de Michel Audiard – Dialoguiste - L’anthologie 1961-1968" est distribué par Gaumont.

Bertrand Devevey pour Culture-Tops

Bertrand Devevey pour Culture-Tops

Bertrand Devevey est chroniqueur pour Culture-Tops. 

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.). 

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"Coffret 100 ans de Michel Audiard – L’anthologie 1961-1968"

Edition Collector Limitée et Numérotée, GAUMONT - 21 films DVD (dont 1 inédit) et un 22ème disque avec un documentaire exclusif : « Le terminus des prétentieux » (60’) - Bonus : 13 heures de suppléments.

Recommandation

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Thème

Une anthologie du plus célèbre dialoguiste français dans un coffret de 21 films ( Les Tontons FlingueursUn singe en hiverMélodie en sous-sol, etc.) accompagnés d’un 22 ème disque comprenant un documentaire exclusif et inédit.

Points forts

Si les répliques de Michel Audiard font l’objet d’un véritable culte, ce n’est évidemment pas un hasard. Avant lui et après lui, aucun dialoguiste n’avait et n’aura jamais réussi à écrire aussi bien et juste pour des comédiens qu’il ne prenait ni pour des enfants du Bon Dieu ni pour des canards sauvages. Quand on écoute ou réécoute les dialogues des films contenus dans le coffret réalisé à l’occasion de son centenaire, on s’aperçoit que ce bourreau de travail prenait la peine de ciseler les  phrases qu’il mettait dans la bouche de chacun de ses interprètes. Il n’aurait jamais fait « jacter » Gabin comme Belmondo, jamais « causer » non plus Paul Meurisse comme André Pousse ou Bernard Blier. Audiard, c’était un Seigneur en son genre, un type qui, pour son invention langagière et sa verve inépuisable, aurait mérité d’avoir un « siège » à l’Académie française s’il ne s’était autant amusé avec la langue de Molière, pour laquelle il avait pourtant un respect et une passion immenses.

« Dire du Audiard, ce n’est pas si facile » avait dit un jour Gabin, qui, pour avoir fait près de vingt films avec lui, en connaissait un rayon sur le « parler » du « Môssieur ».Ce n’était peut-être pas si facile à dire, mais c’était si délectable à écouter ! Et ça l’est encore aujourd’hui. D’ailleurs certains créateurs de la trempe d’un Alexandre Astier ou d’un Bruno Solo ne jurent toujours que par lui.

Points faibles

Je n’en vois aucun.

En deux mots ...

S’il avait vécu jusqu’à ses cent ans, celui que Gabin avait surnommé « le petit cycliste » – en raison de son amour jamais démenti pour la « petite reine » –, aurait-il choisi les 21 films qui figurent dans le coffret hommage édité pour l’anniversaire de sa naissance ? C’est difficile de l’affirmer. En revanche ces 21 là – sur les 100 auxquels il aura participé – sont parmi les plus incontournables, ou les plus singuliers. D’Un taxi pour Tobrouk au Pacha, de Cent mille dollars au soleil aux Tontons flingueurs, de Quand passent les faisans à La grande sauterelle, ils sont tous là, dans la grâce étincelante de leurs dialogues. Pour qui aime le ciné, la langue française, les bons mots et les dialogues cinglants, ce coffret est un cadeau royal.

Un extrait

qui seront trois répliques signées Michel Audiard :

- « Je parle pas aux cons, ça les instruit ».

- « Quand les types de 130 kilos disent certaines choses, les types de 60 kilos les écoutent ».

- « Un gentleman, c’est celui qui est capable de décrire Sophia Loren sans faire de geste ».

Le réalisateur

Michel Audiard fut scénariste-dialoguiste-réalisateur.

Né le 15 mai 1920 dans le 14° arrondissement de Paris, Audiard commence par poursuivre des études qui le mènent – péniblement – jusqu’au certificat d’études et à un CAP de soudeur. Passionné par la littérature et le cinéma, le jeune homme se forge parallèlement une solide culture et découvre les dialogues de Jeanson et Prévert. Son amour du vélo lui fait également fréquenter souvent le Vélodrome d’Hiver où il fait la connaissance d’André Pousse à qui il conseille de faire l’acteur.

Pendant l’Occupation, il écrit pour plusieurs journaux collaborationnistes, mais à partir de septembre 1943, il tourne casaque et devient membre du réseau de Résistance Navarre. Quelques années plus tard, après une période de vache maigre, le réalisateur André Hunebelle le fait entrer dans le monde du cinéma en lui commandant le scénario d’un film policier, Mission à Tanger. Sa carrière est lancée. Il n’arrêtera plus. Il rencontre Jean Gabin – pour lequel il écrira 17 films, dont Un singe en hiver,Le cave se rebiffe et Le Pacha –, puis Jean-Paul Belmondo, puis d’autres acteurs talentueux au service desquels il va mettre sa plume si brillante.

En 1968, il entame une carrière de réalisateur et tourne des films dont les titres sont parmi les plus longs du cinéma français, dont Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais… elle cause.

En 1975, il connaît un terrible deuil : un de ses fils meurt dans un accident de voiture. Même s’il continue de participer à de gros succès populaires (dont Le Guignolo), son œuvre prend une tonalité plus sombre, notamment avec Garde à vue et Mortelle Randonnée de Claude Miller.

Atteint d’un cancer, celui qui n’avait jamais quitté le Paris gouailleur de sa naissance se réfugie à Dourdan. Il y mourra le 28 juillet 1985 à l’âge de 65 ans.

Et aussi

–  PETIT PAYS  d’ERIC BARBIER — Avec JEAN-PAUL ROUVE, DJIBRIL VANCOPPENOLLE, DAYLA DE MEDINA…

Dans les années 1990, un petit garçon de dix ans, Gabriel, vit au Burundi avec son père, un entrepreneur français, sa mère rwandaise et sa petite sœur Ana. Il passe son temps à faire les 400 coups avec ses copains de classe jusqu’à ce qu’une guerre civile ethnique – entre Hutu et Tutsis – mette fin à l’innocence de son enfance…

Quand il sort sur les écrans, Petit pays tiré du roman autobiographique et éponyme du musicien rappeur Gaël Faye laisse sans voix. S’il est filmé à hauteur d’enfant, il donne à voir le déchirement d’une famille et au-delà, celui d’un peuple. Il montre aussi, la barbarie - née de la haine - que se vouèrent deux ethnies pour des raisons parfois incompréhensibles. L’horreur, la violence, les massacres, la cruauté… sur le grand écran, ce drame aurait pu être insoutenable, mais Eric Barbier a su faire émerger les côtés parfois absurdes et dérisoires de la guerre, et Jean-Paul Rouve, dans le rôle du père du petit héros, a offert à son personnage, sa tendresse, sa justesse et son humanité.

 Recommandation : Excellent.

Sortie DVD, BLU RAY – PATHÉ.

Bonus : interviews exclusives réalisées à l’avant-première à Kigali, scènes coupées.

- POLICE d’ANNE FONTAINE - Avec VIRGINIE EFIRA, OMAR SY, GRÉGORY GADEBOIS…

Virginie, Eric et Aristide sont trois flics parisiens qui font leur boulot aussi bien que leurs blessures personnelles leur permettent. Un jour, ils sont réunis pour une mission particulière : conduire un clandestin jusqu’à un avion dans lequel il sera expulsé de la France où il s’est réfugié. Sur la route de l’aéroport, Virginie comprend que si le prisonnier est reconduit dans son pays, il est voué à une mort certaine. Elle va essayer de convaincre ses collègues de le laisser s’échapper.

Un fois encore Anne Fontaine s’est amusée à surprendre. Après s’être aventurée dans un conte de Grimm, la voici qui revient se cogner à l’actualité avec ce Police tiré du roman éponyme de Hugo Boris qui plonge à la fois dans le quotidien des flics et l’immigration clandestine. La réalisation est soignée, l’interprétation, brillante, le suspense, bien entretenu. De film psychologique et social au début, ce film bascule assez vite dans le thriller. Dommage que la fin laisse un peu sur sa faim.

 Sorti le 2 septembre dernier, Police n’avait pas eu le temps de terminer son exploitation à la hauteur de ce qu’il méritait. Sa sortie en DVD lui donne la chance (méritée) d’une seconde vie.

 Recommandation: Bon

Sortie DVD, BLU RAY – Studiocanal

Pas de bonus.

– ONDINE de CHRISTIAN PETZOLD – Avec PAULA BEER, FRANZ ROGOWSKI, JACOB MATSCHENZ…

Historienne de l’urbanisme, une jeune femme prénommée Ondine travaille comme guide à Berlin. Quand elle est larguée par son amant, son univers s’écroule. Mais peu de temps après, elle rencontre un autre homme dont elle tombe éperdument amoureuse. Elle pense alors avoir échappé à la malédiction selon laquelle, si Ondine est quittée par un humain, elle est condamnée à le tuer et à retourner à jamais sous les eaux. Mais on n’échappe pas à son destin…

 Revisiter l’un des contes les plus emblématiques de la mythologie germanique en le connectant au monde d’aujourd’hui… C’était le pari du réalisateur allemand Christian Petzold. Il l’a tenu haut la main. Tour à tour réaliste, onirique, et même fantastique, son film fascine par son élégance, sa simplicité et sa beauté formelle. Deux comédiens exceptionnels portent ce mélodrame issu de la nuit des temps, dont Paula Beer qui a raflé l’Ours d’Argent de la meilleure actrice au dernier festival de Berlin. Ondine a également remporté à ce même festival le Grand Prix de la critique internationale. Dommage que sa sortie vidéo ne s’accompagne d’aucun bonus.

Recommandation : Excellent

Sortie DVD – BLAQ OUT

Pas de bonus.

- THE GAME de DAVID FINCHER - Avec MICHAEL DOUGLAS, SEAN PENN, CARROLL BAKER, DEBORAH KARA UNGER…

Le jour de son anniversaire, Nicholas Van Orton, homme d’affaires richissime et avisé, mais froid et solitaire, reçoit, de la part de son frère, un étrange cadeau. Il s’agit d’un jeu mystérieux. Peu à peu, Nicholas va s’apercevoir que les enjeux de ce dernier, dont il ne comprend ni les règles ni les objectifs, sont très élevés. Au fil d'événements de plus en plus angoissants, il va prendre conscience qu’il est manipulé, jusque dans sa propre maison, par des conspirateurs qui semblent vouloir faire voler sa vie en éclats…

Quand il sort en 1997 deux ans après Seven, The game, le troisième film de David Fincher, ne fait pas l’unanimité. Trop long à démarrer, disent les uns, trop compliqué à comprendre jugent les autres. Tous estiment pourtant d’une seule et même voix que ce film labyrinthique est quand même un thriller de haute qualité qui, malgré ses défauts, arrive à jouer magnifiquement avec les nerfs des spectateurs. Le début est un peu laborieux ? Certaines séquences déroutent ? Oui, mais il est quand même impossible de quitter l’écran des yeux. Car tout ce qui fascine chez Fincher est là : son savoir-faire hors-pair en matière de réalisation, son inventivité, son sens du second degré, et son génie du casting. Dans son rôle de banquier glacé et psychorigide, Michael Douglas est impressionnant et Deborah Kara Unger, en actrice manipulatrice, d’une félinité très troublante.

La nouvelle sortie de The Game en DVD, Blu ray s’accompagne de bonus jusque là inédits.

 Recommandation : Excellent.

Sortie DVD, BLU RAY – Nouveau master 2K. Edition Collector – L’ATELIER D’IMAGES –

Bonus : « The Game, l’art de la manipulation » : entretien avec Philippe Guedj; « Une semaine de fou »: interview du scénariste John Brocato; « Les Hommes sur l’échiquier » : Les plaisirs cachés de The Game; Bande-annonce.

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