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L'épisode 1 : La génération Y face à la crise : enquête sur les jeunes adultes du 21e siècle
L'épisode 2 : La génération Y face à la crise : engagement et vie sentimentale ne font plus bon ménage
Atlantico : La génération Y, qui regroupe des personnes nées approximativement entre 1980 et 2000, a fait son entrée sur le marché du travail il y a quelques années. Quel rapport entretient-elle avec l'entreprise ?
Julien Pouget : Son rapport à l'autorité est différent de celui des générations précédents. Elle ne rejette pas l'autorité ou la notion de chef, mais elle a à l'esprit que la hiérarchie doit reposer sur la compétence, pas sur un simple organigramme.
Elle est donc très attachée à ce que peut lui apporter ses responsables. Avant, les employés avaient tendance à respecter par défaut les personnes au-dessus d'eux, aujourd'hui ce n'est plus le cas : il n'y a plus de dévotion particulière envers les personnes haut-placées dans l'organigramme, sauf si elle peuvent leur apporter quelque chose en termes d'apprentissage, de compétences, etc.
Autre différence, en termes de relations au quotidien, il y a moins de barrières : la génération Y est plus directe, dit ce qui lui plait ou non, elle est parfois plus familière. Ce n'est pas évident à gérer par les managers, car ils sont habitués à l'équation classique : « je donne un ordre et je vérifie ensuite qu'il a été appliqué ». Aujourd'hui, ils sont face à des jeunes qui veulent comprendre le pourquoi de l'ordre, à quoi il sert, en discuter avec le responsable et faire le travail de manière décontractée.
On ne peut pas lui dire : « fais telle tâche », car immédiatement il demandera « pourquoi, à quoi ça sert, que veux-tu en faire ? » C'est assez typique de cette génération. D'ailleurs, en anglais, "génération Y" se prononce "génération why", la "génération pourquoi". Face à cela, les managers ont parfois l'impression de se justifier, ils prennent le "pourquoi" comme une remise en cause personnelle. Mais c'est simplement pour les jeunes un simple désir de comprendre ce qui leur est demandé.
Cette volonté de compréhension du fonctionnement de l'entreprise montre-t-elle une ambition plus affirmée ?
Je ne sais pas si on peut relier cela à l'ambition. Personnellement, je trouve plutôt agréable d'avoir quelqu'un en face de mois qui cherche à comprendre ce que je lui demande. On peut ainsi arriver à un niveau d'accomplissement supérieur. Ca a aussi un avantage au niveau de la sécurité : si les gens comprennent les mesures, ils sont plus susceptibles de les appliquer.
Certains indices me font penser qu'ils ont une ambition très forte : celle d'avoir un équilibre entre leur vie au travail et leur vie perso. C'est cela leur ambition : réussir à concilier les deux.
Cette volonté de ne pas tout miser sur l'emploi est-elle liée à la crise, et au fait que l'emploi "à vie" n'existe plus ?
La conjoncture économique empêche toute entreprise de promettre quelque chose à plus de 5 ou 10 ans. Il y a aussi une explication plus sociologique : certains de ces jeunes ne veulent pas reproduire un schéma de surinvestissement au travail qui fut celui de leurs parents. Cette génération Y a vu ses parents tout miser sur l'emploi, avec des résultats à géométrie variable. Il y a eu des réussites bien sûr, mais aussi des échecs cuisants, et ces gens qui avaient tout misé sur le travail n'avaient aucune autre branche à laquelle se rattraper, notamment la branche personnelle. Lorsqu'ils ont perdu leur travail, ils ont tout perdu.
La génération Y a donc intégré l'idée qu'il fallait marcher sur deux pieds, avec d'un côté la vie personnelle épanouie et de l'autre la vie professionnelle réussie.
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