Le conseil politique sur le nucléaire entérinera-t-il ce qui a été présenté comme des décisions déjà prises, à savoir l’arrêt des deux réacteurs nucléaires de Fessenheim avant la fin de 2016 et l’abaissement de la part du nucléaire dans la production d’électricité de 75% à 50% ?
Plutôt que de se demander « à quoi s’attendre », demandons-nous ceci : « que peut-on légitimement attendre » d’un conseil politique à l’Elysée sur le nucléaire ?
On peut attendre de ce conseil qu’il aborde la question nucléaire dans sa dimension stratégique, c’est-à-dire avec, comme préoccupation première, l’avenir de notre pays, la France, dans un contexte mondial travaillé par des rapports de forces où sont en jeu notre influence dans le monde et jusqu’à la possibilité de préserver chez nous les valeurs qui nous font vivre.
C’est dans ce contexte que doit être vu notre déficit commercial. Il nous oblige à nous endetter ; le débiteur perd de son indépendance. Les 66 milliards d’euros de pétrole et de gaz que nous avons importés en 2011 sont majoritairement versés à des pays, la Russie, les pays du golfe Persique ou d’autres, qui ne partagent pas nos valeurs – inutile d’insister – et qui ne cachent pas qu’ils ont là un moyen de peser sur nos décisions dans le monde et en France même.
Par ailleurs, quels que soient les efforts faits pour améliorer l’efficacité énergétique, un réacteur nucléaire de moins en France, c’est plus d’émission de CO2, c'est-à-dire plus de dommages causés par le réchauffement climatique - des dommages dont souffriront surtout les peuples pauvres. Si l’on porte son regard au-delà de son pré-carré, il apparaît qu’un pays qui maîtrise la production d’électricité nucléaire a, vis-à-vis des peuples pauvres, la responsabilité de l’exploiter pleinement. Comment un conseil stratégique présidé par le président de la République pourrait-il ne pas le voir ?
On ne voit pas comment la réduction de part du nucléaire de 75% à 50% répondrait aux enjeux stratégiques. Pourquoi donc cet objectif ? Serait-ce pour « ne pas mettre tous ses œufs dans un même panier » ? Mais il est facile de montrer qu’une très bonne sécurité d’approvisionnement en électricité est possible avec 75% de production nucléaire : il suffit de développer les usages où l’électricité peut être remplacée par une autre forme d’énergie qui, se stockant bien, sera disponible en cas de besoin. Il en sera ainsi avec les véhicules hybrides et les chauffages hybrides, comme je le montre dans Avec le nucléaire.
Pour sa sécurité d’approvisionnement en énergie et pour participer à la lutte mondiale contre le réchauffement climatique, la France devra beaucoup diminuer sa consommation de gaz, de fioul et de carburant pétrolier. Si la part du nucléaire dans la production d’électricité diminuait, les consommateurs devraient dépenser chaque année des dizaines de milliards d’euros de plus que si la capacité nucléaire augmentait. Ce ne sont pas des chiffres en l’air : des feuilles de calcul permettant d’évaluer les dépenses en fonction de la capacité nucléaire sont à la disposition de tous sur Internet.
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