Question : Selon vous, est-ce que la France pourrait connaître dans les prochains mois ou les prochaines années la même situation que la Grèce et l’Espagne ?
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Atlantico : Comment expliquer la forte inquiétude des Français quant à la possibilité pour notre pays d’être le prochain pays européen a être touché par la crise de la dette, après la Grèce et l’Espagne ?
Jérôme Fourquet (directeur adjoint du Département opinion publique à l’IFOP) : L’inquiétude qui avait diminué au sein de l’opinion publique française est repartie à la hausse. En février dernier, 49 % des personnes interrogées estimaient que la France pourrait connaître dans les prochains mois ou les prochaines années la même situation que la Grèce et l’Espagne. Elles sont désormais 62%, soit environ le même niveau qu’en mars 2010 (61%), alors que nous nous trouvions alors en pleine crise de la dette. Souvenons-nous qu’en février, le temps était à l’accalmie : on observait une certaine détente sur les taux comme sur les marchés boursiers, le CAC 40 repartait à la hausse et les experts affirmaient que la situation allait s’améliorer.
Les 62% de Français inquiets montrent donc que leur vote au second tour devrait être placé sous la menace que la France puisse être le prochain pays sur la liste après la Grèce et l’Espagne. Les électeurs semblent avoir intégré le fait que la marge de manœuvre dont disposera le prochain Président de la République sera limitée. Cela peut expliquer pourquoi François Hollande s’est montré prudent en termes de promesse, au grand dam de la gauche de la gauche.
Par ailleurs, cette préoccupation peut expliquer pourquoi Nicolas Sarkozy ne soit devancé au premier tour que de 1,5%. Une partie de l’électorat, notamment les électeurs de François Bayrou, pourraient se tourner vers le candidat UMP au second tour, pas forcément par gaieté de cœur, mais parce que sur ce sujet c’est lui qui apparaît comme le candidat le plus crédible.
Enfin, au regard de ces chiffres, cette question de la crise de la dette devrait être au cœur du débat télévisé de l’entre deux tours de ce soir. Ce serait souhaitable que les deux candidats en parlent, il pourrait même être risqué pour l’un comme pour l’autre des candidats de ne pas l’aborder.
[1] Sondage Ifop pour la Fondation pour l’Innovation Politique réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 11 au 13 mars 2010 auprès d’un échantillon de 1009 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
[2] Sondage Ifop pour la Fondation Jean Jaurès et Friedrich Ebert Stiftung réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 7 au 9 décembre 2010 auprès d’un échantillon de 809 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
[3] Sondage Ifop pour la Fondation Jean Jaurès et Friedrich Ebert Stiftung réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 8 au 10 novembre 2011 auprès d’un échantillon de 802 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
[4] Sondage Ifop pour Sud Ouest Dimanche réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 16 au 17 février 2012 auprès d’un échantillon de 1007 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
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