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Petits patrons français : victimes
de la mauvaise image
des PDG des grandes sociétés
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Epouvantails

M6 a annoncé préparer au lancement d'une nouvelle émission début 2012 : un "patron incognito" travaillera pendant une semaine comme simple employé dans sa propre entreprise. De quoi redorer leur image ?

Eric Des Grottes

Eric Des Grottes

Eric des Grottes est dirigeant d'une petite entreprise. Il emploie 7 personnes.

 

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Atlantico : M6 a annoncé projeter de lancer une émission de téléréalité dont le héros serait un patron. En temps de crise, les dirigeants français pourraient-ils bénéficier de cette occasion pour redorer leur blason ?

Eric Des Grottes : D’une manière générale, on a une mauvaise image du patronat mais une bonne image du petit entrepreneur. La mauvaise image générale est venue des patrons des grandes entreprises qui sont à cent lieues des petits dirigeants. D'ailleurs, en réalité, les premiers sont principalement employés de leurs entreprises tandis que les seconds sont responsables des leurs, souvent sur leurs propres biens.

Je me méfie de la téléréalité. Ce qui est important, c'est surtout de montrer aux jeunes, aux écoliers, aux lycéens, qu'ils peuvent être leurs propres patrons. Cela ne veut pas dire être "bling bling" mais simplement être indépendant, réaliser un projet, être responsables d'hommes et de femmes dont dépendent des familles.

L'image des patrons en France est-elle si négative ?

Si on interroge les Français sur l'image des patrons de manière générale, on aura un retour très négatif. Mais si on explique qu'un entrepreneur, ça ne gagne pas 500 000 euros par mois mais 45 000 euros par an en moyenne, les gens écouteront différemment. 

Au quotidien, être patron c'est d'abord le plaisir de venir travailler dans son entreprise. C'est le plaisir de retrouver des hommes et des femmes qu'on connaît parfois depuis très longtemps. Ce sont des hauts et des bas, des relations avec des clients, avec des banques et avec des fournisseurs. Ce sont aussi des problèmes. En début d'année, l'un de mes clients, racheté par un fond d'investissement, est parti dans la précipitation, me faisant perdre 60% de mon chiffre. Dans ces cas là, il faut savoir accuser le coup et ne pas baisser les bras. Le propre de l'entrepreneur c'est aussi de ne jamais désespérer.

Dans une petite entreprise, les gens travaillent ensemble depuis des années. Il y a des relations qui se nouent. Vous connaissez un peu plus la personne, sa famille, ses problèmes. Dans une grosse entreprise, les gens sont cloisonnés. Quand il faut licencier, on licencie. Moi, j'ai dû licencier quatre personnes qui avaient entre 6 et 15 ans d'ancienneté. Entre 6 et 15 ans qu'elles travaillaient avec moi. C'est tout autre chose. Vous ne licenciez qu'en dernier recourt, quand vous n'avez plus aucun choix, qu'après, c'est toute l'entreprise qui risque de se retrouver sur le carreau. Vous avez là une application humaine, affective et financière bien spécifique.

Avec le recul, vos conseils, vos banquiers, peuvent y voir une faiblesse. Ils peuvent estimer que vous auriez du licencier depuis longtemps. Mais beaucoup de TPE et de PME réagissent comme ça et prouvent que l'entreprise peut perdurer même si l'entreprise n'a pas licencié au moment critique.

Pourquoi les Français peineraient-ils à comprendre ces réalités ? Comment faire ?

Par l'éducation. Chaque année, j'embauche des lycéens. Je part du principe qu’il faut absolument rapprocher les jeunes de l’entreprise. C'est ce qui manque : on ne leur en parle pas assez. Ils ne connaissent plus le goût du risque. Aujourd’hui, qui plus est dans la période de crise actuelle, des jeunes auront peut être tendance à se réfugier dans des emplois qui leur paraissent plus pérenne plutôt que d’aller créer leur entreprise avec tous les risques que ça peut comporter.

Alors qu'au bout d’une semaine dans l'entreprise, ils ont un aperçu de ce que c'est. Des choses qui peuvent paraître toutes bêtes, ce que c'est que d'être un employé ou comment répondre au téléphone. C'est toute une éducation.

Propos recueillis par Romain Mielcarek.

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