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Egalité des chances et mérite : la nouvelle boussole que doit se donner la droite
©Reuters

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Tocqueville, bien connu pour son discours en faveur des libertés individuelles, l’est moins pour ses écrits au sujet de l’égalité. Et pourtant, selon lui, égalité et libertés individuelles sont indissociables. Mais pas n’importe quelle définition de l’égalité : l’application au sens strict de l’égalité, sans garanti des libertés, mènerait selon lui à la dictature d’une minorité. Certains gouvernements nous ont souvent fait penser à cela. Alors quelle égalité ?

Stéphane Tiki

Stéphane Tiki

Stéphane Tiki, ex-président des Jeunes Republicains et Secrétaire National Les Républicains, aujourd'hui Secrétaire général adjoint de DroiteLib, le mouvement de Virginie Calmels. 

 

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Tocqueville, bien connu pour son discours en faveur des libertés individuelles, l’est moins pour ses écrits au sujet de l’égalité. Et pourtant, selon lui, égalité et libertés individuelles sont indissociables. Mais pas n’importe quelle définition de l’égalité : l’application au sens strict de l’égalité, sans garanti des libertés, mènerait selon lui à la dictature d’une minorité. Certains gouvernements nous ont souvent fait penser à cela. Alors quelle égalité ?

Le mérite et l’égalité des chances permise au moyen d’une garantie des libertés individuelles, sont des piliers de la réussite de notre système démocratique. Elles sont pourtant mise à mal depuis des années en France et c’est selon moi une des raisons principales de la montée des extrêmes. La République doit protéger l’ensemble des individus et permettre à tous de gravir les échelons sociaux, peu importe leurs origines, la couleur de la peau et la religion. Ainsi le système de la sélection a été détricoté petit à petit, faisant de notre système scolaire et universitaire un des pires de l’OCDE. Or, sans école performante, les inégalités ne peuvent être gommées, et on se retrouve dans une société qualifiée par Bourdieu de favorable à ceux issus de classes favorisées au capital culturel élevé.

Beaucoup de jeunes sont aujourd’hui au chômage. Beaucoup se sont sentis abandonnés et n’ont pas compris que cet Etat, pourtant de plus en plus omnipotent et présent dans nos vies, n’ait cependant pas réussi à offrir des réponses simples à notre jeunesse. Notre modèle actuel a révélé son incapacité totale à déceler et faire émerger les talents individuels. Parmi les mesures qui m’ont le plus marquées durant le quinquennat Sarkozy, on retrouve ainsi la création du statut de l’auto entrepreneur,  les bourses au mérite , la création d’internats d’excellence, offrant  un cycle d'étude privilégié aux quelques élèves travailleurs repérés et « extraits » des collège défavorisés, autant de réformes qui indiquent un cap clair vers lequel aller.

Les partis ont également abandonné cette question de l’égalité des chances. Ils n’ont pas su voir l’enjeu. Le Parti socialiste, qui détonnait par un score édifiant chez les jeunes en 2012, n’existe quasiment plus, rayé de la carte. Les Républicains quant à eux, ne peuvent être étonnés de n’avoir vu que 6.5% des jeunes voter pour notre candidat en 2017. Contrairement à ce que certains socialistes marxistes prétendent, nos jeunes n’attendent pas d’être assistés, et ne cherchent pas une simple augmentation de leurs aides sociales. Ce qu’ils souhaitent est simple : qu’on leur donne des moyens de s’épanouir, de gravir les échelons sociaux, de s’enrichir, culturellement comme matériellement.

La droite doit comprendre qu’il faut lutter contre ce sentiment d’insécurité sociale et apporter des réponses concrètes. Pas seulement sur l’éducation, mais également sur des sujets comme l’économie collaborative, la fiscalité, l’accompagnement des jeunes entrepreneurs. Il faut construire un modèle de réussite : un « American dream » à la française décrit dans le livre J’assume de Virginie Calmels qui incarne ces valeurs de méritocratie et d’égalité des chances, nouvelle 1ère Vice-présidente des Républicains après 20 ans passées dans le monde de l’entreprise. Toute personne née dans un quartier populaire  ou un territoire isolé de la République devrait pouvoir réussir. Les entrepreneurs de demain ne sont pas uniquement à Paris ou dans les grandes villes : ils sont également dans ces territoires trop souvent négligés qui regroupent pourtant tant de jeunes avides d’entreprendre. Nous devons comme certaines associations malheureusement encore un peu isolées faire éclore les talents comme « Les Déterminés » qui forment et encouragent les jeunes à entreprendre ou encore le réseau « Entreprendre 93 ». Car il y a énormément de talents dans ces quartiers dont on parle malheureusement trop peu.

Les récentes réformes du ministre de l’Education Blanquer notamment au niveau de l’école primaire vont dans le bon sens. Néanmoins, les récentes tentatives de restriction de l’école libre sont inquiétantes : le modèle de l’école « Espérances banlieues » n’est-il pas justement le fer de lance de cette reconquête de l’éducation dans nos banlieues et quartiers défavorisés ? Le gouvernement devrait comprendre que sans la liberté, l’égalité des chances et le mérite ne peuvent être garanties. Au lieu de briser l’élan de ces écoles libres, Jean-Michel Blanquer devrait au contraire encourager leur développement et s’inspirer des Academies et des Free Schools anglaises, financées directement par l’État mais échappant aux contrôles du système éducatif national.

Outre-manche, une Academie ouverte depuis trois ans enregistre en moyenne une augmentation de 12% des résultats de ses élèves au GCSE (équivalent du brevet des collèges). L’institut national d’évaluation (OFSTED) a même établi que les taux de résultats excellents sont de quinze points supérieurs entre les Academies et les écoles nationales.

Parallèlement à ces réformes en matières de formation, l’entrepreneuriat doit être mis en avant dans ce parcours d’égalité des chances.

Récemment, le classement Forbes a révélé un fait intéressant : 70% des milliardaires sont des entrepreneurs. Ainsi, parmi les plus riches, ce ne sont plus les héritiers qui ont la côte, mais ceux qui ont bâti par eux-mêmes leur entreprise. C’est une preuve de plus que notre monde a changé, et que les nouvelles technologies offrent des opportunités folles à nos jeunes. Cependant, seules certaines personnes en profitent aujourd’hui, en raison de l’échec de notre système social, et c’est cela qu’il faut changer.

Mais une chose est certaine : c’est par l’entrepreneuriat qu’on restaurera la méritocratie dans notre pays.

Si la droite parvient à faire de l’égalité des chances un de ses grands thèmes, elle saura non seulement séduire à nouveau un électorat jeune, mais également parler aux classes moyennes et populaires, tout en apportant de véritables réponses économiques et sociales aux problèmes de déclassement, de marginalisation, mais également de délinquance. On ne pourra lutter contre la radicalisation des banlieues par des seules réponses régaliennes. Elles sont plus que jamais nécessaires, certes, mais elles doivent être couplées à la restauration de la méritocratie et de l’ascenseur social dans notre pays.

Je fais confiance à Laurent Wauquiez, Virginie Calmels et l’équipe des Républicains pour que la droite se saisisse de ce sujet et donne à nouveau de l’espoir à toute une génération avide d’entreprendre.

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