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Charte des patriotes : quel potentiel électoral réel pour les souverainistes pur sucre ?
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Ce mardi 7 novembre Florian Philippot a présenté la charte de son parti, "les patriotes", définissant une ligne politique orientée vers le "dépassement du clivage entre droite et gauche", et reposant essentiellement sur le souverainisme.

Chloé Morin

Chloé Morin

Chloé Morin est ex-conseillère Opinion du Premier ministre de 2012 à 2017, et Experte-associée à la Fondation Jean Jaurès.

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Atlantico : Quel peut être le potentiel électoral d'une ligne politique souverainiste en France ?

Chloé Morin : Depuis Maastricht, on constate à la fois que les offres souverainistes - De Villiers, Pasqua, Dupont Aignant - ont su réaliser de bons scores, mais ont toujours échoué. Ils se sont souvent perdus en aventures personnelles et en querelles individuelles. Ils ont acquis une véritable victoire idéologique, au sens où il n’est plus du tout honteux de se dire « patriote » et où le sentiment anti-européen a grandi - rappelons ce sondage, réalisé par l’Ifop, qui indiquait que le « non » de 2005 eût été largement amplifié si l’on avait revoté en 2015 -, mais en sortant de la marginalité, leurs idées ont été récupérées par des partis plus importants, et ils ont donc en quelques sortes perdu leur principale raison d’être.

Florian Philippot a pu déclarer vouloir "travailler ponctuellement" avec Jean Luc Mélenhon, essayant ainsi d'élargir son assise sur la gauche de l"electorat. Comment estimer la capacité de rassemblement d'une ligne "patriote", séparée du Front national ? 

Florian Philippot fait le pari du « ni droite, ni gauche », du « patriotisme », et investit les thèmes « modernes » (on le voit parler de numérique, d’écologie)… Mais en cela, il est terriblement « mainstream » en réalité! Car finalement, ces thèmes qui étaient autrefois des niches, ont ces dernières années été investis par à peu près tous les partis: on retrouve des accents patriotiques plus ou moins marqués chez Macron, Mélenchon, Wauquiez… on retrouve de l’écologie et une volonté de réfléchir au sujets « d’avenir » partout. Et la contestation du clivage gauche droite a été amplement exploitée non seulement par Emmanuel Macron - qui disqualifie le clivage gauche droite en le réduisant souvent à des affrontements stériles, qui s’opposeraient à « ce qui marche » - mais aussi par Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon, qui souhaitent désenclaver idéologiquement leur parti, « briser le plafond de verre ». Du coup, on peine à identifier ce qui distingue le parti de Philippot des autres. Quelle est sa spécificité par rapport à l’offre électorale existante? Je crois que c’est là sa principale erreur: il se positionne comme s’il était un parti visant à agréger 51% de l’électorat. Or, il devrait se positionner en « Start-up », identifier une « niche » à partir de laquelle se dégager un espace politique. Je crains qu’il ne se trompe de sujet: il répond aux problèmes qui se posent au FN, pas à la Start-up des « Patriotes », qui a besoin de se constituer un socle avant même que de penser à élargir...

Quels sont les électorats les plus vulnérables ? Quelles sont les formations politiques les plus susceptibles de perdre des électeurs sur ce qui semble être une nouvelle offre politique ?

Sur le papier, beaucoup d’électeurs peuvent se retrouver dans son offre politique, car sur beaucoup de sujets elle correspond aux aspirations de nombreux électeurs. Mais c’est bien le problème: en tant que nouvel entrant sur le marché, il n’est a priori pas celui que les gens choisiront en « premier choix »: ils préfèreront probablement voter pour un parti aux idées proches (qu’il soit LFI ou LR), mais vraiment capable d’accéder un jour au pouvoir et de peser vraiment… Je pense que Philippot est condamné à surtout effectuer un travail de décrédibilisation et de rediabolisation du FN, qui risque de bénéficier surtout à des formations plus grandes, capables de gagner des élections. Il va sans doute chercher à créer des alliances, mais on sait historiquement que ce qui a souvent condamné les offres souverainistes, c’est la concurrence entre les personnalités qui ont prétendu représenter ce courrant, notamment aux élections présidentielles. A terme, je pense que Philippot aidera l’entreprise de Wauquiez: ce dernier parie clairement qu’avec le débat de l’entre deux tours, de nombreux électeurs FN ont compris, comme ce fut le cas en 2002, que le FN n’était pas prêt d’arriver au pouvoir, et qu’il valait mieux voter pour une droite certes moins conforme à leurs idées, mais peut être à même de les porter un jour au pouvoir. En ce sens, Philippot pourrait être le meilleur allié de Wauquiez dans l’OPA qu’il cherche à conduire auprès d’une partie des électeurs du FN.

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