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Les actions américaines à la croisée des chemins !
©SPENCER PLATT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Dollar

Le débat sur les niveaux de valorisations des actions américaines bat son plein depuis plusieurs semaines.

Alain Pitous

Alain Pitous

Alain Pitous, Directeur Général Adjoint Associé de Talence Gestion (@alainpitous).

Talence Gestion est une société de gestion de portefeuille indépendante spécialisée dans la gestion sous mandat pour les particuliers et la gestion de fonds commun de placement en actions.

Précédemment, il a été pendant 5 ans (2009-2014) Deputy CIO d’Amundi (850 Milliards d’Euro sous gestion) et gérant du fonds Amundi Patrimoine de 2012 à juillet 2014.

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Comme souvent les réseaux sociaux et les économistes en mal de notoriété affirment que les marchés américains sont en territoire d’excès… Limite « bulle de 2000 »… Certains martèlent ces messages depuis plus de 3 ans ; rappelons-nous simplement que le S&P 500, le baromètre des marchés américains, cotait 1800 début 2014…et plus de 2423 vendredi dernier…soit une hausse de plus de 30% en un peu plus de 3 ans ! 

Ceci étant, l’alerte, erronée il y a trois ans sur des niveaux de 1800, est peut-être à prendre plus en considération désormais… si l’on a encore des positions sur les actions américaines. 

Il nous semble que les résultats trimestriels des entreprises américaines, publiés dans quelques jours, vont marquer la tendance pour plusieurs mois. 

Ils permettront, ou pas, de justifier les performances récentes des actions américaines. 

Globalement les analystes s’attendent à ce que 9 secteurs sur 11 du S&P 500 annoncent des résultats supérieurs à ce qu’ils étaient il y a un an. Ces secteurs doivent avoir profité de la croissance mondiale et de la relative faiblesse du Dollar qui dope les exportations américaines. 

Les secteurs en pointe devraient être :

L’énergie : les résultats sont attendus en progression très forte après une année calamiteuse due au faible niveau du pétrole à l’époque. 

Le secteur des Technologies et de la finance qui devraient annoncer des hausses de résultats supérieures à 14% sur un an. 

Pourtant depuis la mi-mai environ une petite musique moins positive se fait entendre et justifie une certaine défiance des investisseurs. 

En premier lieu le pétrole est repris par ses démons …la spéculation joue désormais la baisse…pour le moment les choses sont sans trop de conséquences sur le plan macro-économique mais si la situation empirait, nul doute que les entreprises liées au pétrole seraient sous pression. 

Ensuite, et nous l’avons signalé à plusieurs reprises, l’aplatissement de la courbe des taux aux Etats-Unis envoie un mauvais signal : quand les taux longs se rapprochent des taux courts cela signifie bien souvent que les investisseurs anticipent un ralentissement de l’économie…De plus depuis quelques années les périodes d’aplatissement de courbe des taux sont des périodes de sous-performance des banques. C’est assez logique : schématiquement, les banques s’endettent à court-terme pour prêter à long-terme et plus l’écart entre les deux niveaux de taux  est faible plus leurs résultats sont faibles également ! 

Beaucoup d’économistes font également remarquer que la période d’expansion de l’économie américaine date de plus de 7 ans… c’est historiquement très long et un essoufflement serait logique. 

Pour évaluer la cherté d’une valeur, même si la mesure est imparfaite pour les puristes de l’analyse financière, on calcule le rapport entre les cours et le bénéfice : le Price Earning Ratio . Cela permet de comparer la valorisation relative des entreprises d’un secteur ou d’analyser les évolutions dans le temps. Lorsque l’on applique ce ratio à l’ensemble du marché américain force est de constater que le S&P500 évolue sur des niveaux élevés, largement supérieur à sa moyenne historique. 

Dans ce type de périodes deux choses peuvent se produire : soit les résultats montent fortement et le marché devient moins « cher » …soit les résultats évoluent peu…et dans ce cas, pour revenir sur des niveaux historiques plus cohérents, ce sont les cours qui baissent. 

On comprend dès lors mieux l’importance capitale qu’auront les annonces de résultats trimestriels pour les actions américaines. Si les résultats déçoivent, il faut s’attendre à une baisse sensible des cours. 

Finalement cette situation est assez classique sur les marchés actions, en particulier aux Etats-Unis. Chaque trimestre, les investisseurs ajustent soit leurs prévisions soit leurs positions pour valoriser correctement les entreprises en portefeuille. Cette année la situation est rendue encore plus compliquée par l’attitude du nouveau président américain : en effet il a annoncé depuis des mois qu’il allait réduire les impôts…et donc améliorer d’autant les résultats des entreprises américaines.  les analystes estiment que ces réductions d’impôts pourraient améliorer les résultats des entreprises américaines de 10% en moyenne. Et de crainte de rater ce moment les investisseurs restent en position et profitent de chaque baisse pour renforcer les positions. 

L’équation de l’été est donc compliquée : la cherté ou non des marchés actions US dépend à la fois des résultats du trimestre mais aussi de la capacité pour M.Trump de faire passer sa réforme fiscale. Il paraît hautement probable que les masques tombent pendant l’été…dans le pire scénario (résultats décevants et report de la réforme fiscale) les cassandres pourraient enfin avoir raison. 

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