Les Français favorables à la "taxe Tobin", à condition de savoir où va l'argent récolté<!-- --> | Atlantico.fr
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69% des Français se prononcent en faveur de la création d’une taxe sur les transactions financières.
69% des Français se prononcent en faveur de la création d’une taxe sur les transactions financières.
©Reuters

« Politico Scanner »

La proposition du Président de la République de mettre en place une taxe sur les transactions financières (appelée aussi « Taxe Tobin ») pour notamment limiter la volatilité du taux de change a majoritairement convaincu les Français.

Guillaume Peltier

Guillaume Peltier

Guillaume Peltier est député de Loir-et-Cher et vice-président délégué des Républicains. Il a été professeur d'histoire-géographie, chef d'entreprise et porte-parole de Nicolas Sarkozy.

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Deux enquêtes, réalisées du 9 au 12 janvier dernier pour l’Ifop et du 10 au 12 janvier pour Harris Interactive, révèlent que si les Français se prononcent en faveur de l’instauration de cette taxe, ils souhaitent avant tout que l’Etat s’engage sur l’utilisation qui sera faite de ses recettes. Réduction de la dette, financement des retraites ou de l’Assurance maladie, autant de secteurs déficitaires à privilégier selon les Français, qui ne sont pourtant pas prêts à instaurer cette taxe sous n’importe quelles conditions !

Dans une enquête précédente, qui testait l’opinion des Français à l’égard de différentes mesures pour accroître les recettes de l’Etat  (Harris Interactive pour l'Humanité Dimanche, août 2011) les Français s'étaient déjà prononcés favorablement à l'instauration d'une taxe sur les transactions financières. Sans que celle ci soit appelée "Taxe Tobin", 79% des Français étaient favorables (et même près d'un sur deux, 49% tout à fait favorables) à l'idée de taxer les transactions financières pour accroître les recettes de l'Etat.

Aujourd'hui, malgré une baisse de 10%,  ils sont encore 69% à se prononcer en faveur de la création d’une taxe sur les transactions financières. Parmi eux, 33% se disent « très favorables » selon Harris Interactive. Une mesure largement plébiscitée donc, au regard des 9% de Français « tout à fait opposés ». Et cette étude nous révèle, entre autre, les conditions qu’imposent les Français à l’apparition de cette nouvelle taxe. Selon l’Ifop, 75% des Français sont bien favorables à son application, mais parmi eux, 54% la conditionnent à une mise en place simultanée en France et dans d’autres pays, quand 21% se disent favorables à cette taxe même si elle n’est mise en place qu’en France (cf. : graphique ci-dessous).

Et force est de constater, selon ce même institut, que l’ensemble des CSP sont favorables à l’instauration de cette taxe (81% des classes aisées, 71% des classes moyennes ou encore 66% des classes populaires). Une taxe qui, par ailleurs, satisfait les Français de tous âges (58% des moins de 35 ans et 83% de leurs aînés).

Mais bien que populaire, l’allocation des ressources de la « taxe Tobin » devra, si elle est adoptée, faire preuve de transparence ! En ce sens, le sondage Ifop démontre que 64% des Français souhaitent que ces ressources soient principalement consacrées au remboursement de la dette publique française (une mesure qu’apprécient 58% des sympathisants PS, 73% des sympathisants UMP et 83% des sympathisants FN), tandis que 32% des Français désirent que les recettes de cette taxe soient reversées principalement dans des projets d’investissement en France alors que seulement 4% souhaitent que cet argent soit consacré à l’aide aux pays en voie de développement.

Les résultats de l’enquête Harris Interactive vont en ce sens et confirment que 72% des Français souhaitent que l’Etat s’engage au préalable sur l’utilisation qui sera faite des recettes de la taxe, mais cette étude va plus loin et classe les secteurs que cet argent devra en priorité financer (voir le graphique ci-dessous). Constat commun aux deux instituts : les Français souhaitent en priorité que les recettes de la taxe Tobin soient affectées à la réduction des déficits publics (48%). Une priorité pour 60% des 65 ans et plus, 59% des CSP+ et plus généralement pour l’ensemble des sympathisants de droite (72% des sympathisants Modem, 75% des sympathisants de l’ARES, 64% des sympathisants UMP ou encore 58% des sympathisants FN).

Ensuite, 37% des Français souhaitent que les recettes de cette taxe soient affectées au financement des retraites, quand 36% souhaitent qu’elles le soient pour l’Assurance maladie. Voilà pour le podium des priorités que les recettes de la taxe doivent combler selon les Français. A noter que trois secteurs suivent de près ce podium, à commencer par le logement (27%), l’Education pour 1 Français sur 4, et l’amélioration de la compétitivité des entreprises françaises pour 22% d’entre eux.

(Cliquez sur l'image pour l'agrandir)

Malgré un accueil plutôt favorable, les Français estiment que « la taxe entraînerait une délocalisation des transactions financières et une hausse des taux d’intérêts, même si elle permettrait d’augmenter les recettes de l’Etat ». Dans le détail, 3 Français sur 4 (74%) pensent qu’elle entraînerait une délocalisation des transactions financières, tandis que 73% affirment qu’elle augmenterait les recettes de l’Etat, un bon point donc, mais qui entrainerait selon 61% des Français, une hausse des taux d’intérêts proposés par les banques.

La taxe Tobin suscite donc nombre de réactions, mais reste pour autant sur la touche face à l’élection présidentielle. Les Français n’en font pas un sujet primordial dans la campagne, mais sont plutôt partagés sur le traitement à accorder à cette nouvelle mesure. 44% des personnes interrogées affirment que la position des candidats vis-à-vis de l’instauration de cette taxe influencera leur vote, tandis que 51% prétendent le contraire. Bref, la taxe Tobin se singularise par sa popularité auprès de la population mais reste loin d’être une priorité absolue pour 2012 au regard des Français, et ce malgré les bénéfices qu’elle apporterait, selon eux, à l’Etat.

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