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La guerre Hollande Valls se densifie ; vers une révolution ? Besancenot voit "une fenêtre de tir pour modifier l'histoire" ; Sarkozy suspendu à la date du 22 mars ; 1 jeune sur 2 en souffrance psychologique
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Revue de presse des hebdos

En Une du dernier numéro de "Charlie Hebdo", un slogan scandé par les étudiants : "Hollande, t'es foutu les jeunes sont dans la rue !". Mais, en regardant le dessin de Riss, la jeunesse qui défile, si elle porte cagoules et casquettes, a des visages connus : il s'agit de François Fillon, Nicolas Sarkozy, et Alain Juppé.

Sandra Freeman

Sandra Freeman

Journaliste et productrice, Sandra Freeman a animé des émissions sur France Inter, LCI, TF1, Europe 1, LCP et Public Sénat. Coautrice de L'École vide son sac (Éditions du Moment, 2009), elle est la fondatrice du média internet MatriochK.

 

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Les jeunes sont-ils vraiment dans la rue ?

« Hollande, t'es foutu les jeunes sont dans la rue ! » Le slogan des manifestants est scandé en Une du dernier numéro de « Charlie Hebdo ». Sauf, qu’à mieux regarder le dessin de Riss, la jeunesse qui défile a des habits d’étudiants, d’accord, mais sous leurs cagoules et casquettes, apparaissent les visages de François Fillon, Nicolas Sarkozy, et Alain Juppé.

La jeunesse en souffrance : « 55 % des jeunes ont déjà ressenti des symptômes comme une souffrance psychologique dans les 30 derniers jours »

Et à vrai dire, en lisant nos hebdomadaires cette semaine, les jeunes ne défilent pas à chaque coin de page. Les débats sont surtout portés par les politiques. Pour être exacte, il est bien question de notre jeunesse dans « Le Point ». Pas pour lui donner la parole sur les manifs. Pour parler de sa santé mentale fragile !

Avec un sondage « choc » et « exclusif », le magazine révèle que « 37 % des 15-25 ans se déclarent très souvent stressés », une perception « décelée par 18 % des parents seulement ». Plus inquiétant, « 55 % des jeunes ont déjà ressenti des symptômes comme une souffrance psychologique, de l'anxiété, une phobie, des obsessions, une impression d'étrangeté dans les 30 derniers jours », au point d'être très gênés pour 22 % ou un peu gênés pour 33 % dans leur vie quotidienne. Ce sondage, qui révèle la souffrance d’un adolescent sur deux, est troublant et en dit long sur l’état de santé de notre société.

« Le Point » ne tombe pourtant pas dans le dolorisme et s’adosse à cette enquête pour faire cas des « miracles de la gym du cerveau » et d’une « méthode au résultat spectaculaire : La remédiation cognitive ». Qu’est-ce donc ? L’article du journal l’explique en détail. Nous retiendrons ici que ce « programme innovant » est développé au service de pédopsychiatrie du CHU de Tour et que cette dite « kiné du cerveau » y est pratiquée sur des malades d’autisme. Ce qui est particulier, c’est que, sont réunis dans un même lieu, toutes les compétences de soins et de recherches. Aussi, ici, « les explications neurobiologiques prennent le pas sur la psychologie : « il a été prouvé que la mise en place des connexions entre les cellules cérébrales est atypique chez les autistes, mais qu’elle n'est pas absente. C'est donc une source de handicap dans leur façon d'apprendre, de communiquer, de ressentir des émotions, d'interagir en société, dans leur vie tout court » ». Ce qu’on retiendra, c’est que le « cerveau est doué de plasticité. » et qu’il est donc possible de remodifier l'architecture des cellules cérébrales. Qu’il est donc possible de réorienter les circuits et que l’état d’un cerveau altéré peut être modifié.

Olivier Besancenot : « Il y a une fenêtre de tir (…) On peut encore modifier l'Histoire ! ».

Si on revient à nos manifestants, dans « Les Inrockuptibles » il n’est pas non plus question de la jeunesse dans la rue, mais bien du fait que « la mobilisation contre la loi El Khomri ait signé le réveil de la gauche ». Pour en parler, deux militants sont interrogés et « débattent des conditions d'un renouveau politique » : Olivier Besancenot, figure d’extrême gauche et Julien Bayou, porte-parole d’Europe écologie les verts. Ils sont « Enthousiasmés » par la manifestation du 9 mars contre la loi du travail qui a rassemblé entre 200 000 et 500 000 personnes. « Ce sont des gens qui n'ont pas manifesté depuis longtemps. Certains, c'est la première fois. Et ils se disent : « on va gagner ». Ça fait du bien ! » dit Besancenot et de poursuivre un peu après, « la crise politique est telle que tout est envisageable. Le gouvernement va droit dans le mur, et nous on y va derrière. C'est là que la mobilisation sociale a son importance : il y à une fenêtre de tir. On doit monter un front social, syndical et politique au-delà de nos divergences. On peut encore modifier l'Histoire ! ». A Julien Bayou d’ajouter, c’est « Valls qui pousse, pendant que Hollande tente de colmater les brèches. En s'attaquant à la déchéance de nationalité et en touchant au code du travail, ils s’attaquent en fait à notre quotidien, notre vie de famille, nos loisirs. Ils ont voulu jouer à « House of cards » sans en avoir le talent ».

« Valls-Hollande, qui va tuer l’autre ? »

« Valls-Hollande, qui va tuer l’autre ? » La question est posée en couverture de « l’Obs » cette semaine qui affirme et démontre que, « dans les coulisses, l’affrontement est permanent », qu’ « entre le Président et le Premier ministre, la guerre des nerfs fait rage en vue de 2017. L’un patine, l’autre piaffe, et les deux semblent condamnés à couler ensemble. A moins que… »

Et on revient au sujet de tension du moment, la réforme du travail, avec cette déclaration de Manuel Valls qui aurait dit : "On ne me fera pas accepter n’importe quoi ! Cette réforme est décisive. Si on veut la vider de sa substance, ce sera sans moi. Je me casse!". Et à « l’Obs » d’ajouter : « Il a vraiment failli démissionner après le remaniement du 11 février", confesse un député vallsiste. Ce remaniement "petit bras" mené de A à Z par le président, Manuel Valls ne l’a toujours pas digéré ». D’autant que, rajoute le magazine « Valls sait que le chef de l'Etat a négocié durant une bonne semaine avec les proches de Martine Aubry, son ennemie jurée, pour qu’elle entre au gouvernement. Valls a vécu cette opération de rabibochage comme une petite trahison. Manuel était persuadé que les liens qui l’avaient uni au président durant les attentats de novembre étaient indissolubles. Il a compris définitivement qu’il était un fusible, qu’il pouvait sauter n’importe quand. »

Le magazine est allé à la pêche aux infos de part et d’autres.

« Du côté des amis du Premier ministre, on s’acharne sur ce Président "pusillanime" et fuyant, ce "Chirac de gauche" à la stratégie souvent "illisible", qui a adopté avec leur champion la même tactique que Mitterrand avec Rocard : celle du boa constrictor, qui étouffe peu à peu sa proie, avant de l’avaler ». Malek Boutih, député PS de l’Essonne, proche de Manuel Valls, le dit clairement : « La gauche est en train de mourir du présidentialisme. Elle a un chef dont personne n’est content, dont le bilan est très médiocre et auquel, pourtant, elle ne peut échapper. Nous serons tous comptables, au bout du compte, du désastre. C’est tragique. Hollande entretient ce chaos et ce chaos le sert ».

D’un autre côté, il semblerait que de nombreux députés socialistes ne supportent plus le premier ministre. « Même son de cloche chez plusieurs ministres. Ils le surnomment « Valls n'a qu'un temps » pour signifier que lui aussi est en sursis. Ils le suspectent de multiplier les coups de menton pour transformer Hollande en « président fantoche ». « Sur le projet de la loi El Khomri, il a braqué tout le monde en prenant un ton martial dès le début, en évoquant le 49–3, alors que rien n'était encore sur la table », souligne un ministre. « Il a joué les incendiaires. L'a-t-il fait volontairement pour préparer son départ de Matignon ? Tout le monde sait qu'il veut sortir de ce quinquennat avec l'image d'un vrai réformateur ».

« L’Obs » étaie son propos de nombreux exemples, comme ce dîner qui a réuni, mardi 8 mars à l’Elysée, les leaders de la majorité présidentielle, « le climat était plus que tendu. Comme si beaucoup pressentaient que le mariage de raison unissant le président et le premier ministre était à bout de souffle. Et que les deux hommes ne se supportaient vraiment plus » (…) « Tout cela est très shakespearien. »

Et au magazine de rajouter, pour le détail tout de même, que l’impact de cette guerre est « calamiteux » en matière de sondages. A la question : « faites-vous confiance à François Hollande et Manuel Valls pour résoudre le problème qui se posent en France actuellement ? » La courbe de la réponse évolue selon les différentes périodes du quinquennat, mais aujourd’hui, elle est particulièrement à la baisse : Manuel Valls obtient seulement 27 % de réponse positive et François Hollande, 16 %.

François Hollande : « Manuel Valls pourrait être parfaitement candidat (…) Il serait le plus légitime (…) Mais pas forcément le mieux adapté à la situation »

« Et pourtant, il y croit ! ». C’est ce qu’écrit « Le Point ». Il y croit, Hollande. S’appuyant sur le nouveau livre, « Le Pari » des journalistes Charlotte Chaffangeon et Bastien Bonnefous, le magazine nous fait par exemple part de cette « stratégie du trou de souris ». Extrait : « Cette élection suprême, il y pense depuis longtemps, au point de savoir, à la fin de l'année 2015, le moment où il dévoilera son intention de se présenter ou pas ». François Hollande déclare alors à ces journalistes, le 2 octobre 2015 : « ce sera, au plus tard, à la fin de l'année 2016. On n’imagine pas que je fasse connaître ma décision en mars 2017. Ce serait quand même tard pour mener campagne, et trop tard pour désigner un autre candidat ». Et d'ajouter : « En fait, une campagne présidentielle commence toujours dès le 15 janvier. ».

Et à ces journalistes de commenter : « Aussi fou que ça puisse paraître, (…) à l'aube de l'année 2016, François Hollande n'estime pas que le paysage politique lui soit hostile. Au contraire, le président, conforté dans sa réflexion par ses proches, adhère au stratagème du « trou de souris »… car « il peut se faufiler dans un trou de souris » !

Et au sujet d’une éventuelle candidature de Manuel Valls, le chef de l’Etat répond : « Mes rapports avec Manuel Valls sont assez simples : il est loyal. Peut-être l’est-il parce qu'il se dit que c'est le (meilleur) moyen (pour) « avoir le plus d'avenir en 2017 et au-delà ? » S'interroge à voix haute, devant les journalistes, François Hollande « faussement naïf ». Et de rajouter « Si Manuel Valls faisait la faute de dire finalement « je peux être candidat », ce serait la meilleure des occasions qui serait fournie à d'autres pour lui contester sa place » prévient Hollande. Il pousse encore plus loin l’analyse politique : "Manuel Valls pourrait être parfaitement candidat si je ne le suis pas. Il serait d'ailleurs même le plus légitime. Mais il ne serait pas forcément le mieux adapté à la situation, parce qu'on pourrait dire : « alors, pourquoi si François Hollande n’y va pas, ce serait son premier ministre » ? »

Commentaire des journalistes : « on a connu adoubement politique plus évident ».

Contre la « défiance » : pour une réforme du travail « radicale »

« Au-delà des solutions, une évidence : c'est la défiance qu'il faut combattre ». De son côté, « L’Express », en Une, se concentre ce qui se trouve au cœur des agitations, la fameuse loi El Khomri. « L'absence de réforme du droit du travail est une des critiques adressées à la France par les institutions internationales, FMI, OCDE ou commission européenne. Nos règles, trop rigides, trop protectrices des salariés sont jugées responsables d'un chômage chronique, en particulier pour les jeunes ». Et au journal d’ajouter, « L’Histoire retiendra que c’est un gouvernement de Gauche qui s'est attaqué à un sujet que la droite revendique sans avoir osé passer aux travaux pratiques ».

Et puisqu’il y est question de pratique, « L’Express » quitte ici les bancs d’analyste politique pour parler du sujet de fond : « Quelle serait la réforme idéale du droit du travail ? ». Le magazine prône « une refonte radicale » après avoir interrogé plusieurs économistes de renom qui listent les pistes d’actions comme le salaire minimum, les règles de licenciement, la formation… On peut ainsi lire les pistes d’Olivier Blanchard, ancien économiste en chef du FMI, de Pierre Cahuc, professeur à l'école polytechnique, de Marc Ferracci, professeur à université Panthéon Assas, ou de Bruno Mettling, de chez Orange

Les « affaires » de Sarkoland : un « terrain miné » !

« L’Express », par ailleurs se plonge dans « la Galaxy des affaires » de Nicolas Sarkozy. Ainsi, en « SarkoLand », on retrouve selon le magazine, « un terrain miné » avec de nombreuses « affaires » qui « planent » sur Nicolas Sarkozy et sur 24 de ses (ex-) proches. « L’Express » se propose alors de vous en offrir un « Récapitulatif » de tout cela.

D’abord, son « actualité », à lui : ce 22 mars 2016 ! « Cette date est inscrite en rouge dans l'agenda de Nicolas Sarkozy. L'ancien Président de la République saura alors si son horizon politique se dégage ou s’assombrit ». Et à « L’Express » de nous rappeler que, « ce jour là, en effet, la Cour de cassation se prononcera sur la validité des écoutes téléphoniques de l'ex chef de l'État. Ces enregistrements, ordonnés par la justice dans le cadre d'une enquête sur une possible financement Libyen de sa campagne présidentielle en 2007, ont révélé que Nicolas Sarkozy aurait tenté d'obtenir auprès d'un magistrat, des informations, couvertes par le secret, dans une procédure en marge du dossier Bettencourt – dans lequel il a, depuis, bénéficié d’un non lieu ».

Mais au delà de lui, le magazine répertorie les différentes affaires avec un schémas définissant des sphères et des cercles d’amis dont les affaires pourraient lui être plus ou moins proches ou liées. On y retrouve, Patrick Balkany et Isabelle, Claude Guéant, Patrick Buisson, Nicolas Bazire, Christine Lagarde, ou Bernard Tapie par exemple. A « L’Express » de tout détailler par proximité des amis ou des affaires et d’avertir « Certaines de ces affaires non rien à voir avec lui comme les mensonges des Balkany, en revanche d’autres sont liées à ses responsabilités politiques passées, telles les sondages de l'Élysée ou l'arbitrage Tapie–lyonnais ».

Chine, le casse tête : « l’Empire contre attaque » ? ou « perte de contrôle de Pékin » ?

De leurs côtés, « Le Point » et « Challenges » choisissent tous deux d’offrir leur Une à la Chine. Ce que propose « Le Point », c’est un « empire qui contre attaque », et qui, face a la crise, réagit. On y pale de sa révolution économique et de ses ambitions militaires dans un dossier spécial Chine. « Challenges » paraît plus mesuré, voire inquiet. « Où va la Chine ? », s’interroge l’hebdo éco, faisant état de son « Climat économique anxiogène », de son « ambiance délétère pour les investisseurs étrangers », et du fait que la Chine devienne « de plus en plus énigmatique ». Enigmatique ? « Challenges » relève ici « 5 énigmes chinoises » telles le « yoyo de la bourse », « la campagne anticorruption menée par le pouvoir chinois qui, chaque jour apporte son lot d'arrestations », « la politique monétaire », « la fuite des capitaux sans précédent », ou la « bulle immobilière chinoise ».

« Challenges », au travers de tout cela, s’interroge sur le bon déroulement de cette « transition d'une économie fondée sur les exportations vers une société de consommation » et sur un risque de « perte de contrôle de Pékin ». Zone de turbulences assurée.

Enfin, vous trouverez dans vos hebdos, Renaud, à nu

En couverture de « Télérama ». Pose nue, torse poil, tatouages couvrant sa poitrine de coquelicots, palmier, papillon… entre autres. « posez-moi toutes les questions que vous voulez ». Il y répond dans l’entretien.

Et puisqu’il a repris la plume dans « Charlie hebdo », il profite pour y raconter une histoire. Celle de son ami Jean-François Bernardini, le leader du groupe I Muvrini : « un journaliste demande un jour un enfant de 5-6 ans : « alors ? Elle est bien ta nouvelle école ? Il y a beaucoup d'étrangers dans ta classe ? Réponse : « non, il n'y en a pas du tout. Il n’y a que les enfants. » Joli. non ? »

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