L’uberisation du cash ou la crise grecque côté pile<!-- --> | Atlantico.fr
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Nous n'auront bientôt plus besoin de banques.
Nous n'auront bientôt plus besoin de banques.
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Alors que les Grecs sont encore pour la plupart tributaires de leur banque, faisant la queue pendant des heures pour retirer seulement 60 euros chacun, des formules de paiement qui ne passent pas par ces établissements ont vu le jour et se développent rapidement. Certaines sociétés comme Apple, Google, Vodafone, Alibaba, Gemalto ou EBay avancent leur pion dans cette activité.

Alain Pitous

Alain Pitous

Alain Pitous, Directeur Général Adjoint Associé de Talence Gestion (@alainpitous).

Talence Gestion est une société de gestion de portefeuille indépendante spécialisée dans la gestion sous mandat pour les particuliers et la gestion de fonds commun de placement en actions.

Précédemment, il a été pendant 5 ans (2009-2014) Deputy CIO d’Amundi (850 Milliards d’Euro sous gestion) et gérant du fonds Amundi Patrimoine de 2012 à juillet 2014.

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Le vote des Grecs a été clairement négatif. Toutes les hypothèses sont désormais envisageables : une nouvelle semaine décisive s’annonce ; une de plus.

Le fait que les banques grecques autorisent depuis fin juin seulement des retraits de 60 euros par jour à chaque porteur de carte bancaire nous a fait réfléchir à cette situation qui se reproduit d’une manière sensiblement identique à chaque crise dans les différents pays concernés.

Contrairement à ce que beaucoup pense, la Banque centrale européenne n’est pas en train de sciemment asphyxier l’économie grecque et ses banques, au contraire : elle fournit des liquidités à un système bancaire grec défaillant. Les banques grecques portent un poids de créances douteuses qui représente 33% de leur bilan. Grâce à ce soutien de la BCE, les Grecs ont retiré 100 Mads €. La BCE évite en faisant cela d’interférer dans les négociations. M. Varoufakis a d’ailleurs remercié la BCE pour son soutien jeudi dernier.

Tout militait depuis plusieurs pour que la BCE au contraire suspende son soutien d’urgence, ce qui aurait précipité le chaos des banques Grecques. Il n’en n’a rien été. Certains en Europe du Nord considèrent même que ce soutien est abusif.

On peut comprendre que de ne pas avoir accès à son compte et à ses liquidités est une angoisse pour de nombreux Grecs : beaucoup n’ont pas de carte bleue et beaucoup plus encore ont sur leur compte le strict minimum pour vivre. Les épisodes récents en Argentine ou à Chypre tendent à montrer qu’une fois enclenchées, les mesures de contrôle des changes s’intensifient.

Y a-t-il des solutions pour contourner ce problème ?

La solution consiste à ne plus utiliser de banque de son pays. Beaucoup de Grecs ont déjà procédé à des transferts, dans beaucoup de pays c’est un sport national depuis longtemps (Russie, Brésil…).

Ce n’est pas valable pour les personnes à revenus modestes et qui restent vivre dans leur pays. Si l’on juge par rapport à ce qui se passe en Afrique : des formules de paiement qui ne passent pas par une banque ont vu le jour et se développent rapidement.

Quelles sont les structures à même de travailler sans les banques ?

Des opérateurs télécom, des sociétés type Apple, des consortiums de distributeurs, des concurrents low-cost des banques (comptes Nickel en France par exemple) voire des monnaies virtuelles comme le Bitcoin ont commencé à prendre de parts de marché aux banques dans le paiement.

Dans beaucoup de cas pour le moment, il y a toujours une banque qui s’intercale dans les échanges mais à terme, le système exclura les banques. La notion de contrôle des changes devient inopérante. Les touristes utilisant de plus en plus ces applications ou ces supports excluant les banques : il sera impossible à un Etat d’interdire l’utilisation de ces modes de paiement à ses résidents et pas aux touristes… Un point est important aussi : votre argent étant cantonné, il ne peut être utilisé par la banque. Le risque que la banque fasse faillite suite à des prises de risques excessifs sur les marchés ne vous concerne plus.

Les choses évoluant très vite on peut imaginer un système où vous déclarez un compte Apple ou Nickel ou encore Orange en dehors de votre pays d’origine sur lequel votre employeur vous verse votre salaire et ensuite avec les applications à votre disposition vous pouvez utiliser votre argent à votre guise. Votre argent se retrouve de fait dans un coffre-fort…à charge pour les entités en charge d’assurer la sécurité des montants confiés.

Fini le cash, fini les contrôles, fini le risque associé à la faillite d’une banque ou d’un Etat qui entraînerait l’impossibilité de récupérer son argent en dépôt dans la banque en question.

On imagine déjà les cris d’orfraie des banquiers, des Etats qui vont immanquablement perdre le contrôle des capitaux de leur pays et qui parleront de sécurité, de régulation ou de blanchiment…mais qui n’ont strictement rien empêché de tout cela dans le système actuel !

Il est un peu tôt pour savoir qui exactement va pouvoir en profiter : qui aurait cru il y a 5 ans que la société Uber vaudrait aujourd’hui 40Mads de $ ou que la société Airbnb vaudrait 2 fois plus que la société Accor. Certaines sociétés comme Apple, Google, Vodafone, Alibaba, Gemalto ou EBay avancent leur pion dans cette activité. La lutte va être féroce mais la récompense sera colossale pour les leaders.

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