Collège, réforme, grèves, latin, allemand : les hashtags de la fronde anti-réforme <!-- --> | Atlantico.fr
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Les réseaux sociaux connaîssent aujourd'hui une frénésie anti-réforme scolaire.
Les réseaux sociaux connaîssent aujourd'hui une frénésie anti-réforme scolaire.
©Reuters

Revue de blogs

Petit parcours d'orientation dans l'ouragan déclenché sur les réseaux sociaux et les blogs d'enseignant par la réforme du collège et la grève d'aujourd'hui mardi 19 mai.

Claire Ulrich

Claire Ulrich

Claire Ulrich est journaliste et fan du Web depuis très longtemps, toujours émerveillée par ce jardin aux découvertes, et reste convaincue que le Web peut permettre quelque chose de pas si mal : que les humains communiquent directement entre eux et partagent la chose humaine pour s'apercevoir qu'ils ne sont pas si différents et qu'il y a donc un moyen de s'entendre.

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En feu depuis quelques semaines sur la question de la réforme du collège, les réseaux sociaux connaissent aujourd'hui une frénésie anti-réforme nourrie par une journée de grève et de manifestations anti-réforme du collège. 

Pour s'orienter 

Sur Twitter, cette journée de grève des enseignants offre deux hashtags binaires, à consulter alternativement pour une synthèse un peu équilibriste :réformecollège, de droite, cite en abondance Bruno Le Maire.College2016, pro-réforme, est identifiable à de nombreuses photos de la ministre de l'EducationA garder également en favori pour suivre, ou pour rattraper de nombreux mois de débats et d'analyse de la réforme à froid, par les enseignants, sur leurs forums spécialisés, l'incontournable Café pédagogique

Photo du compte Twitter @EmmaLgn

La "pédagogie Nutella"

Sur La vie moderne, Jean-François, professeur, a réagi aux reportages qui présentent les collèges pilotes dont s'est inspirée cette réforme. Le petit-déjeuner pris en classe, les élèves qui tournent un clip avec leur tablette comme travaux dirigés, l'ambiance cool présentés par les reportages... Non, il n'aime pas, et ne croit pas à cette "Pédagogie Nutella"qu'il décrypte, avant de conclure :

"Résumons donc : une pléthore de profs, des heures de cours forcément réduites pour faire place à des activités plus épanouissantes, des séances interdisciplinaires où l’on n’apprend pas grand-chose, et avec ça des élèves qui réussissent aussi bien que les autres. C'est la conclusion du reportage : au brevet, les élèves du collège innovant font aussi bien que les autres... Pas mieux, aussi bien... C’est déjà ça ! Et comment cela se passera-t-il dans les collèges 2016 qui ne disposeront pas de cette débauche de moyens enseignants ? Car on nous montre toujours des expérimentations qui marchent avec des groupes de moins de quinze élèves, jamais avec des classes de 30 gamins entassés dans une salle trop étroite... "

Le dessin de trop

Sur la forme, la stratégie de communication du ministère, avec par exemple cet ''avant-après' de la réforme en BD, a beaucoup déplu. A Sois Prof et tais toi, entre autres.

"L’après réforme, c’est la fiesta, youhou youhou, tous les élèves ils s’amusent, tous les élèves ils sont contents, tous les élèves ils communiquent, tous les élèves ils coopèrent… Culture, santé, solidarité, tout ça après une jolie petite réforme : AMEN. (...) Moi, tu vois, ce n’est pas parce que mon petit camarade de 5e ne parlait pas allemand qu’on n’arrivait pas à communiquer. Ce n’est pas parce que je faisais du latin que je m’ennuyais en cours. Ce n’est pas parce que je n’avais pas d’accompagnement personnalisé que je me sentais abandonnée par mes professeurs. Ce n’est pas parce que j’avais un atelier que je n’avais que 10 minutes pour manger."

Perdre notre latin?

🔴 #JeSuisLatiniste#ReformeCollege sauvez l'option ! Au nom des 520000 collégiens latinistes @jeromegodefroypic.twitter.com/CdnFwGfuAm

La vie moderne dépiaute aussi la nov'langue de la réforme sur l'ultra-sensible enseignement du latin et de l'allemand :

"Vous êtes communicant au ministère et vous avez fort à faire à défendre une réforme que seuls ses créateurs trouvent excellente ? Pas de panique, voici de quoi répondre ! Ne dites pas : « Les élèves n'apprendront plus les langues latine et grecque, ils feront du latin ludique et seront soumis au bon vouloir des établissements. » Mais dites : « Nous allons ouvrir l'option latin à tous. » Ne dites pas : « Nous allons supprimer des heures aux élèves en faisant passer cela pour une innovation pédagogique. » Dites : « Nous allons développer l'interdisciplinarité. » Ne dites pas : « Aujourd'hui n'importe quel élève, s'il en exprime le désir, peut faire du latin ou du grec si cette option existe dans son établissement, ce qui n'est pas évident car nous ne recrutons plus de professeurs de lettres classiques. » Dites : « Seuls les élèves favorisés font du latin. » (...) Ne dites pas : « Nous allons faire de sacrées économies en supprimant les classes bi-langues. » Dites : « Les classes bi-langues sont élitistes. » Ne dites pas : « Cette réforme transforme l'école en halte-garderie géante. » Dites : « Le latin et le grec favorisent l'entre-soi. » (...) Ne dites pas : « Des gens qui ont une expérience d'enseignement bien plus longue que celle des concepteurs des programmes sont hostiles à la réforme. » Dites : « Des pseudo-intellectuels font de la désinformation. »

Le numérique à l'école

Enfin, pour le vote de la réforme concernant l'utilisation plus systématique et intégrée des nouvelles technologies au collège, l'expert Hubert Guillaud est sceptique et analyse sur InternetActu les expériences et évaluations en cours ailleurs. Là encore, la modernité n'est pas pas toujours probante.

"Enseigner aux enfants, notamment à ceux qui connaissent le plus de difficultés, est difficile. La technologie change peut-être la donne, mais pas d’une manière aussi spectaculaire que voudraient nous le faire croire les évangélistes des nouvelles technologies scolaires. Il n’y a pas de dispositif magique qui aide les enfants à apprendre, rappelle Peg Tyre (ndlr: experte américaine). Ni la radio, ni la télévision, ni les ordinateurs, tous salués en leur temps comme des innovations éducatives transformatrices, n’y sont parvenus. Les tablettes ne le seront pas plus, car entre de nouveaux dispositifs pour s’informer et une révolution éducative, il y a un pas que ces dispositifs ne peuvent pas combler, car l’apprentissage consiste à s’engager avec le matériel éducatif en profondeur, pas seulement à l’utiliser."

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